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Et les rofes fembloient l'emporter fur les lys
C'étoit le vray portrait du chaffeur Adonis,
Je ne le reverray peut-être de ma vie ;

A la Cour on le voit, & tu veux qu'on s'ennuye!
ERIXEN E...

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Comme toy; de les yeux j'admiray le pouvoir,
Mais crois-tu que toûjours un Roy fe laiffe voir ?
Non, tel que le Soleil se couvre d'un nuage,
Tel, pour vaquer aux foins où le Trône l'engage,
Dans un fecret augufte un Roy fe cache aux yeux.,{

IPHISE.

Eh! pourquoy travailler ?

ERIXENE

C'eft pour nous rendre heureux.

LesRois font des Pasteurs,mais Pasteurs moins tranquiles:
Ils gouvernent fouvent des troupeaux indociles;
Et fur la foy des chiens, qui gardent leurs moutons,
Ils goutent rarement la paix que nous goutons.

IPHISE.

Que j'aime à t'écouter, ma fidele Erixene!

Mais les ombres déja descendent dans la plaine,

Prens ici le repos, que t'offrent les deftins.

Pomone a pour long-tems préparé nos festins.
Les mulcats embaumez naiffent fur cette roche,
Les melons colorez, je les cüeille ici proche.
Voy fous tant de fruits d'or ces Orangers plier.
Nos mains dépouilleront demain ce Grenadier.
Pan fur tous mes troupeaux jette des yeux propices,
Ils font gras & nombreux; ces deux belles Geniffes
M'offrent deux fois le jour un nectar précieux.
Partage les faveurs dont me comblent les Dieux.

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Sous des Ormeaux touffus ils s'affirent tous deux.

L'amitié les avoit liés des plus doux noux.
Tircis, de fon Printems voyoit des fleurs éclore,
Philene en fon Automne étoit aimable encore si
Philenes qu'on croyoit, à fes tendres chansons, me
De Theocrite même avoir pris des leçons :

Inventeur de cent jeux, & de danfes nouvelles,
Souvent fur leur parure écouté de nos Belles ; ab me!
Plus fouvent confulté par leurs jeunes Amans',
Il fçavoit de l'amour tous les rafinemens.
Que Tircis étoit loin de cette experience!
Jeune & fumple, il aimoit avec la défiance,

Le trouble, les tranfports que l'on fent fous tes loix

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Amour, quand on fe rend pour la premiere fois.
Qu'as-tu? lui dit Philene, & quel foin t'inquiette 2
Tu rêves, je te vois negliger ta musette,
Tu venois à la mienne en marier les fons,
Je t'ay perdu depuis les dernieres moiffons:
Que fervent tes talens, ta voix douce & legere?
Helas! reprit Tircis, amy qu'en ay-je affaire,
S'ils ne peuvent toucher l'objet de mes amours,
Si Climene à mes voeux fe refufe toûjours?
de Vertumne on celebroit la fête,

Hier, que
Long-tems avant le jour je me leve, & m'aprête,
Je cours, je vole au Temple, elle évite mes pas,
Pour joindre Iris, Eglé, qui ne la cherchent
pas.
Car, dussay-je augmenter l'orgueil de la cruelle,
Nulle Bergere n'aime à paroître auprès d'elle.
Pour danfer fous Formeau, s'il faut prendre un Berger,
L'infidelle à mes yeux choifit un étranger.

Enjoüée avec tous, avec moy ferieuse,

Sans doute mon ardeur lui devient ennuyeufe.

Ah! Si l'Ingratte au moins me cachoit fes mépris!

Un foir je lui chantois l'air que tu m'as apris,

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Je lui nommay mon Maître :Elle, au lieu de m'entendre
Me dit, je le prîrai de vouloir me l'apprendre.
Philene, je connois ton amitié pour moy,
Et je ne pense pas voir un Rival en toy;
Mais j'ay trop à fouffrir de tant d'indifference.
Ingratte, rappellez les jours de notre enfance,
Vous pleuriez les momens que j'étois fans vous voir,
J'efperois.. Eh pourquoy trompez-vous mon espoir ?
Falloit-il?... Là les pleurs lui coupent la parole.
Philene, fans lui faire un reproche frivole,
Ou le fexe, dit-il, auroit changé d'humeur,
Ou Climene pour toi n'a pas tant de rigueur.
Ecoute, & daigne croire un Berger de mon âge.

Jadis l'Amour naïf ne parloit qu'un langage,
Et d'abord fon fecret fe dévoiloit aux yeux:
Cette ingenuité, fi chere à nos Ayeux,

Eft de l'Enfance au plus le partage ordinaire.
L'Amour avec les ans amene le miftere.

Ce n'eft que par détours qu'au terme il nous conduit.
On veut en te fuyant te montrer qu'on te fuit.

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