EN ON E. Nos Vignes l'an paflé n'eurent ny Fruits ny Fleurs IRIS. Bergeres n'aimons plus: l'Amour eft trop bizares Par deux chemins divers tu vois qu'il nous égare. N'aimons plus, jurons-en à la face des Dieux. EN ONE. Que fçait-on ? S'il vouloit un jour nous traiter mieux T ECLO GUE XIV. OUS les ans, parmi nous, une Course galante, Retrace les travaux de l'Amant d'Ata- Sous l'apas du plaifir, nos Pafteurs autrefois Ils fçavoient s'il importe aux Bergers d'être agiles. Le Combat dangereux. Ce n'eft point une Amante, Tous Rivaux, l'un par l'autre eft fouvent renverfé. Mais Timarete enfin, jalouse de sa gloire, Nifus brûloit de vaincre aux yeux de fa Bergere, Et le vrai Prix pour lui c'eft l'efpoir de lui plaire: Car fouvent par la gloire on touche une Beauté, Euryale & Damon, tous deux Amans d'Irene, Suivent Nifus de près, & l'œil les fuit à peine. Mais les forces bientôt leur manquent à tous deux. Als font place à Tircis, qui n'eft pas plus heureux, Sa Maitreffe Philis déja faifoit la fiére, Quand Tircis ébloui tombe, & mord la pouffiere.. Les difcours de Philis, fon ton audacieux,. Avoient déja fur elle atiré tous les yeux; Tous les yeux à plaifir jouiffoient de fa honte. Mais tandis qu'à Nifus aplaudit l'Affemblée, La terre étoit humide: il gliffe, il tombe...ô Dieux! Timarete en frémit, pouffe un cri jufqu'aux Cieux. A la voix d'une Amante, un Amant fe ranime. Sur l'Autel de l'Amour font les trois Pommes d'or Et le vient aporter aux pieds de Timarete, Timarete en rougit. Ah que ce prix m'est doux ? Dit-il, il vous eft dû, je le manquois fans vous. Vos cris ont dans mon cœur reveillé mon courage; Ce cœur fi plein de vous, ce cœur dont l'esclavage....... Non, dit-elle, ce cri que je laiffe éclater, Ce n'eft qu'à la Pitié qu'on le peut imputer. Nul autre fentiment n'entrera dans mon âme. La Bergere fe tut. Le Berger pour fa flâme A, dit-on, commencé d'efperer dès ce jour. La Pitié fert fouvent d'interpréte à l'Amour. |