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LES A POTRES.

POEM E.

AU TRES R. P. TOURNE MINE, Jefuite.

SPRIT, qui defcendu fous de volantes

Alâmés,

De nos premiers Pafteurs vins embra

fer les ames,

Je chante ton pouvoir, & les combats divers,
Des Vainqueurs qui par toi foûmirent l'Univers.
Le Dieu, que fon amour plus puiffant que nos crimes
Fit naître, pour ravir aux Enfers leurs Victimes,
Connu d'un nombre obfcur, du refte abandonné,
Et par un Peuple entier au fuplice entraîné,
Avoit rempli fes jours, confommé sa Victoire:
Le Très-Haut le rapelle au Trône de la Gloire.
Eh qui donc à la Foi foûmettra les Mortels? -
Quelles mains briferont les Dieux & leurs Autels?

Qui publica ton nom, quand naîtra cette Eglife,
A Pierre tant de fois, aux Apôtres promise?
Difperfez & tremblans.. Que dis-je! ils font changés:
L'Efprit foufle fur eux ; ils font encouragés.
Par eux de l'Univers tu recevras l'hommage,
De tous les habitans ils parlent le langage.
Les Oracles Divins par tout font entendus,
Les Puiffans font troublez, les Sçavans confondus.
Mortels écoutez-nous : le Dieu qui vous fit naître,
Par qui vous refpirez, ce Dieu votre seul maître,
Vous parle, vous apelle, ouvrez enfin les yeux,
Reprenez avec nous tous vos droits fur les Cieux,
D'un bonheur éternel recevez l'efperance sa
En nous, vils Inftrumens, connoiffez fa puiffance,

.

Ils difent. Et leur voix fait répondre les Sourds. Les œuvres de leurs mains confirment leurs difcours. Pierre rend par fon ombre un mourant à la vie, Il appelle la Mort, elle enleve Ananic;

S'il tombe dans les fers, invifible il en fort.

Et toûjours dans fes Saints Dieu paroît le plus fort.
De la Gentilité commençant la défaite,

Paul chez le Proconful aveugle un faux Prophete.
Je vois près d'un Autel, le Pontife étonné
Lui préfenter l'Encens à fes Dieux destiné.
Ephefe, lieu fameux par ce Temple profane,
Où l'Enfer eft fervi fous le nom de Diane,
Des Prêtres contre lui raffemble la fureur :
Paul brûle
par leurs mains les. Livres de l'Erreur.
Rome le voit enfin : Cette Reine du monde
Offre à fon zele avide une moiffon féconde.
Monftre, qui de ta Mere as déchiré le flanc,
Neron, àtes forfaits adjoute encor fon fang.

Saints Apôtres, mourez, où la Foi vous apelle. André dans l'Achaïe épuifant tout fon zele, Grand Dieu, deux jours entiers t'adore fur fa Croix Et de ce Tribunal prononce encor tes loix.

Sous le Ciel le plus pur il eft une Contrée

Aux Plaifirs comme aux Arts de tout tems confacrée
Là le Menfonge, Enfant d'un Peuple ingenieux,
Pour flater leurs penchans fçut leur faire des Dieux.
De l'Amour en ce lieu tout vante la Victoire ;
Les remparts des citez, monumens de fa gloire,

Et jufqu'aux murs jadis brûlez

par

fes fureurs,

Dont les débris pour lui font de nouveaux honneurs. Moins touchez des Talens que le Ciel leurs partage, Qu'éveillez le foin d'en corrompre l'ufage,

par

Les Habitans pour loi n'ont eu que leurs tranfports; La coûtume à profcrit la honte & le remords.

Les lâches Voluptez font l'homage, qu'ils rendent Aux Dieux qu'ils ont forgez, aux Rois qui leur commandent.

Toi, qui du pur Amour éprouvas les douceurs,
Vien d'un amour profane étoufer les horreurs,
Vien, Disciple cheri, ta voix foûmet la Grece:
A ton aspect auftere a fremi la Molesse;
Aux bords du précipice ils étoient endormis,
Trop heureux d'être enfin reveillés à tes cris!
Là, le Voluptueux change en pleurs fes délices,
Des Idoles du cœur il fait des Sacrifices,

Pour les foibles Mortels objets plus dangereux,
Que ce Marbre & ce Bois,fourds témoins de leur vœux!
Cependant aux Perfans Thomas fe fait entendre,

Et fans borner fa course, où finit Alexandre,

Il cherche des Climats jufqu'alors ignorez,
Il a paffé les Mers dont ils font entourez ;

Il deffille les yeux de l'Indien fauvage.

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Que fon nom, fon tombeau confacrant ce rivage,

Y foient glorifiez jufqu'à la fin des Tems!
En quel lieu le Soleil voit-il des Habitans,
Où ces Maîtres nouveaux ne portent la lumiere
Unis d'Efprit entr'eux, divers dans leur carriere.
O course de Geants! O rapides Exploits!
Tout croit, tout eft touché, tout fe rend à leur voix.
Mais la Foy triomphante ouvre un autre fpectacle:
Des Cœurs qu'ils ont formez la vie eft un miracle;
Tu les nourris, Seigneur, ils vivent de la Foi,
Et toûjours ils font prêts à s'immoler pour toi;
Ils ignorent des Biens l'injurieux partage;
La Richeffe d'un feul de tous eft l'héritage;
Fideles, de la Grace ils confervent le don,
Ils ont des Paffions oublié jufqu'au nom.
L'Ambition s'arrache aux Dignitez qu'elle aime,
La Vangeance en pleurant fe défarme elle-même :
La Vieilleffe reprend des forces pour foufrir ?

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