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Le Tibre d'échafauts voit fes bords fe couvrir.
L'Idole eft là; faut-il l'encenfer; ou perir?
Le Chrétien fe déclare, & le bucher l'embrafe,
Ou le Mortier le broie, ou la Meule l'écrase;
Par des Courfiers fougueux les uns font déchirez,
Les autres dans le Cirque aux Tigres font livrez.
De razoirs éguifez une Roue eft armée,

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Là les ongles de fer, ici l'huile enflâmée,
Eft-ce affez? on ajoute à ces objets afreux

L'image des Plaisirs, tourment plus dangereux.

Comment vaincre, grand Dieu, fi tu les abandonnes?
Mais des foibles Roseaux ta main fait des Colonnes.
Le Sexe le plus foible affrontera la mort.
Sous quatre âges courbe Policarpe plus fort
Croit tous les jours perdus, jufqu'au jour du martyre.
Une mere, cedant au zele qui l'infpire

Porte fur le Bucher le dernier de fes fils,
Et de l'Eternité partage entr'eux le prix.

Le Monftre en fremiflant ne fe rend pas encore: Quoi font-ils foûtenus d'un pouvoir que j'ignore? La vanité, dit-il, peut affermir les cœurs;

Zenon & Scéyola vainquirent les douleurs.

Mais au milieu des coups de ce Peuple en furie, Du Levite fanglant la voix perce, il s'écrie, Grace, grace,Seigneur, aux Auteurs de ma mort: Leurs mains m'ouvrent le Ciel, je ne plains que leur fort O Vertu qu'ignoroient le Heros & le Sage! L'un bravoit les Tirans, l'autre étoufoit fa rage, Et c'eft

pour les Bourreaux qu'un Martir fait des vœux. Quel prodige! Attendris à ce cri genereux, Ils tombent à fes pieds, ils baifent fes bleffures, Jaloux de fon bonheur, ils s'offrent aux tortures: Sur le même échafaut les voilà triomphans. Et l'Eglife s'acroît du sang de ses Enfans.

L'Artifans des tourmens, le Démon du Carnage Des Tirans confondus voit chanceler la rage, Son culte eft aboli, fes Temples font defers, Honteux, il cede, il fuit, il retombe aux Enfers.

Tous les jours du Chrétien ne font qu'un long martire, Dans l'éclat des Grandeurs il gémit, il foupire.

Toi qui dans les Confeils, comme au pied de l'Autel, Près du jeune David retraces Samuel,

Entre fon peuple & lui tout ton cœur se partage, FLEURY, ces Saints Heros infpirent ton courage: Ta Pourpre de leur fang a reçû fa fplendeur:

Leur Dieu feul te foûtient, lui feul te rend vainqueur.

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Tréfor, que l'Esprit Saint cacha dans les Deferts,
Que ton image au moins renaiffe dans mes Vers.
De l'Immortel Epoux la tendre & chafte Epouse,
Du bonheur des Chrétiens fi faintement jalouse,
Mere, qui les enfante avec tant de douleurs,
Du pied de ses Autels, qu'elle arrofoit de pleurs,
Jufqu'au Trône, où de Dieu la Majesté réside,
S'éleve, d'un promt vol: l'Esperance la guide,
Et l'Amour la foûtient, éclairé par la Foi.

Grand Dieu, connoi l'Eglife, écoute & répond-moi L'Ennemi s'eft gliffé dans ton faint Heritage,

De

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De moment en moment s'augmente le ravage; Je vois contre mon fein s'élever mes Enfans, La Moleffe amener les Vices triomphans, L'Orgueil, & l'Avarice ouvrir la porte aux crimes, L'Erreur, Monftre forti des tenebreux abîmes, Prête à faper l'Autel jusqu'en ses fondemens. O fiecle plus heureux, ô fiecle de tourmens, Où je vis les Chrétiens fi forts de leur foiblesse, Humbles dans la grandeur, pauvres dans la richesse, Tourner pour le falut tout obftacle en fecours! La Paix, plus dangereufe aux Vertus de nos jours, Helas! à tes bienfairs rend ton peuple rebelle. Ah! Grand Dieu, s'il le faut pour ranimer le zele, Préfente à l'Univers des Exemples nouveaux, Fais encor des Martirs, rend-nous nos premiers maux. Le Dieu qui pour l'Eglife avoit donné sa vie, Applaudit aux transports dont il la voit saisie, Lui jette ces regards amoureux, & divins, Eternel aliment du feu des Cherubins.

Ma Fille, il renaîtra des Martirs pour ma gloire, Le fang ne fera pas le fçeau de leur Victoire:

Tome 11.

M

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