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minoient alors l'Empereur, donnerent beaucoup de poids à la juftification du Duc. Le Pape qui vouloit voir l'Empereur débarraffé de toute autre affaire, afin qu'il s'occupât uniquement de la réduction de Florence, employa fes bons offices en faveur de Sforce. L'empereur confirma donc l'inveftiture qu'il avoit autrefois donnée du Milanès à Šforce: il la confirma moyennant quatre cent mille ducats payables dans un an,ɛ & cinquante mille autres ducats. payables d'année en année pendant dix ans. Le Duc confervant fes Etatsà ce prix, perdit l'amour de fes fujets, qu'il fut obligé d'accabler d'impôts pour remplir des engagemens fionéreux, & pour être en état de recompenfer les Seigneurs qui l'avoient le plus utilement fervi. Le fort du Duché de Milan étoit touGuicciard. jours d'être opprimé par fes ennemis ou par fes Maîtres.

liv. 19.

L'Empereur pour s'affurer de plus en plus de la fidélité de Sforce lui fit époufer dans la fuite la Prin

ceffe de Dannemarck fa niéce. (1) Les Vénitiens, par l'entremife du Pape, traiterent auffi avec l'Empereur en même-temps que Sforce. Ils furent obligés de rendre Ravenne & Cervia au S. Siége, d'évacuer toutes les Places qu'ils occupoient dans le royaume de Naples, & de fournir beaucoup d'argent à l'Empereur. Ce Traité fut non-feulement une paix perpétuelle, mais encore une alliance défenfive entre l'Empereur, le Duc de Milan & les Venitiens; on régla le nombre de troupes que chacune de ces Puiffances entretiendroit toujours pour la défenfe de leurs Etats refpectifs. Le Duc d'Urbin fut compris dans le Traité comme Allié & protégé des Vénitiens; ainfi fon Duché d'Urbin lui fut affuré.

Il ne refta enfin que les Florentins à foumettre. Eux feuls ne goûterent point les douceurs de la paix. Ce

1) Fille de Christiern II. Roi de Danemarck & d'Elifabeth four de Charles-Quint: elle fe Memmoit Chriftine.

1529. Le 23 Dicembre 1529. Belcar. liv.

20. n. 29.

1530. Belcar. liv.

20. n. 30.

vif enthousiasme qu'excite la liberté qu'on recouvre, plus encore que la 1530. liberté qu'on défend, enflammoit

liv. 20.

Mém. de

liv. 3.

chez eux tous les efprits; ils oferent réfifter aux forces de l'Empereur, qui n'ayant plus d'autres ennemis à combattre se raffembloient

Guicciard. toutes contre Florence. L'armée du Prince d'Orange avoit reflué du royaume de Naples dans la Tofcane; les Troupes occupées autrefois contre Sforce & les Vénitiens, venoient auffi fous la conduite du Marquis du Du Bellay, Guaft, preffer Florence du côté du nord, & donner la main à celles du Prince d'Orange; Malatefta Baglionè, qui, avec Etienne Colonne commandoit dans la ville, fit affembler tous les Officiers de la garnifon Pâques le dans l'Eglife S. Nicolas, & après leur avoir fait entendre la Meffe," il les fit jurer par le faint facrifice. de defendre la liberté jufqu'à la mort; mais lui-même il fut le premier à violer ce ferment, à entretenir dés intelligences avec le Prince, d'Orange, à traiter fourdement avec le Pape, pour être rétabli dans Pe

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roufe qui avoit appartenu à fa Maifon. Ses vues & fes intrigues ayant 1530.

été découvertes, exciterent contre

Du Bellay,

lui des foulevemens qu'il eut beaucoup de peine à calmer. Baglionè, Etienne Colonne étoient à la folde de François Premier qui leur ordon- Mém. de noit hautement de fortir de Floren- liv. 3. ce, & qui, dit-on, les engageoit en fecret à refter: il faifoit auffi tenir quelque argent aux Florentins, n'ofant pas leur envoyer d'autres fecours qu'il leur promettoit pourtant. Ces petites infidélités méritent à peine ce nom en matiere de politique, tant l'ufage les autorife.

Guicciard.

Les malheureux Florentins abandonnés à eux-mêmes, enveloppés de tous côtés par des forces fupérieures, réduits aux dernieres horreurs de la famine, déchirés par les divi- liv. 20. fions, fuite de la défiance & de l'infortune, ne fe foutenoient plus que par le fanatifme républicain & par un défefpoir aveugle, reffources toujours redoutables, mais impuiffantes contre les talens du Prince

d'Orange & du Marquis du Guaft. 1530. Cependant quelque méfintelligence furvenue entre ces deux Généraux, délivrales Florentins du Marquis du Guaft, qui quitta l'armée, & un petit combat fort peu décifif, où les Impériaux furent vainqueurs,emporta dès le premier choc le Prince Belcar. liv. d'Orange (1) auquel les Hiftoriens 20. п, 32. font le reproche, toujours flateur d'avoir mérité fon fort par une témérité plus digne d'un foldat que d'un Général. Sa mort eut cela de commun avec celle du Duc de Bourbon, fon maître & fon ami, qu'elle n'empêcha pas fes troupes de vain

cre.

Le Prince d'Orange n'avoit que trente ans forfqu'il mourut, après avoir fait de fi grandes chofes, après avoir exécuté l'entreprise du Connetable fur Rome, après avoir détruit les affaires de France dans le royaume de Naples, après avoir tant avan

(1) Il fut tué, non comme le dit Brantôme, devant un des forts de Florence; mais en attaquant «un convoi sur le chemin de Pife à Piftoya.

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