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pe d'Arquebufiers qui l'attendoit dans la prairie l'escorta jufqu'à 1527. Montefiafcone; il gagna enfuite Orvietė où il arriva de nuit prefque feul & fans être accompagné d'aucun des Cardinaux.

Tout affoibli, tout épuifé qu'il étoit, & dépouillé de prefque tous fes Etats, à peine eut-il recouvré fa liberté qu'il parut avoir recou vré fa puiffance & fa gloire; preuve fenfible, dit Guichardin, du » refpect des Princes Chrétiens, & de la vénération des peuples pour la Majefté Pontificale.

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Du Bellay

iv. 3.

CHAPITRE X V.

Expédition dé Naples. Défection d'André Doria.

DE ́s qu'on fut le Pape arrivé à 1528. Orviete, les Puiffances d'Italie s'emprefferent de le féliciter fur fa déliMém. de vrance. Le Pape reconnut qu'il la devoit aux bons offices des François, & à la marche de Lautrec vers Rome; il écrivit à ce Général pour l'en remercier, & il ne ménagea aucune des expreffions de la plus vive reconnoiffance. Au refte il offrit dès lors fa médiation pour la paix à toutes les Puiffances ennemies; il y eut vers ce temps quelques négociations infructueufes qui ne firent que rendre la guerre plus animée.

Lautrec réfolut de la porter dans le Royaume de Naples, voulut profiter de la reconnoiffance que le Pape témoignoit, pour l'engager de

nouveau dans la Ligue qui lui avoit été fi fatale; il traverfa l'Etat de 1528. l'Eglife en Vainqueur ami, en Libérateur du Pape; il lui fit rendre Imola & Rimini; mais le Pape craignoit de fe replonger dans les malheurs dont il étoit à peine délivré; il demandoit de quel fecours il pou voit être à la Ligue, dans l'état de foibleffe où il étoit réduit, fans argent, fans troupes, & prefque fans places, Il vouloit que Lautrec forçât les Vénitiens de lui rendre Ra→ venne & Cervia, mais ni Lautrec, ni le Roi ne pouvoient employer que leurs bons offices auprès de la République; ils ne vouloient ni ne devoient fe brouiller avec elle. Un autre obftacle empechoit encore l'acceffion du Pape à la Ligue, cétoit le Traité fait avec le Duc de liv. 18. Ferrare pendant la prison du Pape. Par ce traité la France affuroit au Duc de Ferrare la poffeffion de fes Etats, Les Papes, toujours ennemis du Duc de Ferrare, ne pouvoient ratifier cette clause, Clément offroit cepen

Guicciar

dant de traiter avec le Duc, mais 528. il vouloit qu'on remît les chofes dans l'état où elles étoient avant fa prifon. Lautrec, toujours négociant, avec le Pape, toujours fe plaignant de fes irréfolutions, toujours efpérant les vaincre s'avançoit vers le Royaume de Naples, qui alloit enfin devenir férieufement le théâtre de la guerre.

Mém. de

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Les Impériaux, débarraffés du foin gênant de garder le Pape, fe retirerent dans ce Royame, & fe liDu Bellay, yrerent entiérement au foin de le Kiv. 3. défendre. La marche de Lautrec étoit pénible, elle fe faifoit au milieu d'un hyver très- rigoureux; plus de trois cens hommes de fon armée moururent de froid fous fes yeux dans l'Abbruzze; il arriva dans la Capitanate, où il partagea fon armée en plufieurs corps pour la commodité des vivres. Le Prince d'Orange en ayant été averti, vint pour les couper: Lautrec étoit à Lucera. Le Prince d'Orange à Troïa. Lautrec voyant fon deffein, fe hâ,

ta de réunir toute fon armée à Lucera. Le Prince d'Orange parut vou- 1528. loir traverser la jonction, mais la fiere contenance de Lautrec lui en impofa, & l'arrêta entiérement fans même qu'il ofât rifquer la moin dre efcarmouche.

Après la jonction ce furent les François qui allerent chercher les Impériaux dans leur camp de Troïa ceux-ci en fortirent comme s'ils euffent voulu attaquer eux-mêmes Lautrec, mais il n'y eut que de foibles efcarmouches & les Impériaux rentrerent dans leurs retranchemens, d'où il ne fut plus poffible de les retirer. Le Maréchal de Lautrec tourna autour du camp, parut fur toutes les montagnes voifines, infulta le camp de tous côtés par fon artillerie rien ne fut capable d'émouvoir les Impériaux. Il ne reftoit plus que deux partis à prendre, il falloit ou renoncer à les combattre, ou les forcer dans leurs retranchemens; l'armée inclinoit fort pour ce der nier parti, les Suiffes baifoient la Tome IV.

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