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dre le Patron d'une de ces galeres 1528. pour avoir fui. Cette févérité déplacée fit révolter l'autre galere qui vint fe rendre à Philippin Doria. :. Cette victoire qui fembloit devoir entraîner la réduction de Naples, ne fit qu'accélérer la ruine Guicciard, des François. Lautrec voulut en

liv. 19.

voyer en France les importans prifonniers qu'on avoit faits; Philippin Doria eut ordre de les y con+ duire: mais lorfqu'il fut arrivé avec eux à Gênes, André Doria qui ne pouvoit trouver une meilleure oc cafion, les retint, & protefta qu'il ne les rendroit que quand on l'aus roit dédommagé de la rançon du Prince d'Orange; & de celle de Moncade, qu'il avoit faits prifonniers autrefois; le premier dans un combat naval; (1) vers la côte de Gênes; le fecond (2) à Varaggio fur la même côte. Le Roi avoit ren, voyé Moncade libre, ( 3 ) fans ran,

Voir le Chapitre 9, de ce Livre 2.
(2) Voir le Chapitre 9, de ce Livre 2.
(3) Voir le Chapitre 11, de ce Livre 2.

çon, mais peut-être avoit-il été généreux aux dépens de Doria, du 1528. moins Doria le prétendoit ainfi & foutenoit, que fuivant fon Traité avec le Roi, tous les prifonniers qu'il faifoit devoient lui appartenir. Pour le Prince d'Orange, c'étoit le traité de Madrid qui lui avoit procuré la liberté, toujours aux dépens de Doria, auquel on n'avoit point payé de rançon. Doria dépêcha un Gentilhomme à la Cour de France pour rendre compte de fa conduite, & pour folliciter, le payement de quelques fommes qui lui étoient dûes. Quand le Confeil de François Premier apprit par ce moyen de quelle maniere hardie Doria s'étoit procuré des ôtages de fon paiement, il fut faifi d'indignation. Montmorenci qui s'élevoit infenfiblement au comble de la fa

veur, & les autres Courtifans qui vouloient s'y élever comme lui, ne virent dans le procédé de Doria qu'un excès d'infolence, qu'un attentat criminel; ils n'examinérent

de vit. & reb.

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point fi fes demandes étoient juftes, 1528. ils n'en vinrent qu'à la forme, qui en effet paroiffoit violente; on alloit prendre contre lui des réfolutions plus violentes encore: car l'autorité dépofée entre les mains de jeunes Favoris, connoît peu cet Car. Sigon. art des tempéramens, fi nécessaire geftis Andr. à la politique; l'étourderie, l'orAuriæ. lib. 1. geuil font fes guides & l'égarent. Belcar. liv. Un homme qui n'étoit ni Favori, 20. n. 9. ni Courtifan, mais citoyen plein de zele & de fidélité, quoiqu'ami de Doria, du Bellay Langei, fut des Mém. de premiers (par les efpions qu'il entretenoit par-tout avec beaucoup de Brantome. foin & d'intelligence) que fon ami Capit.étrang Doria tendoit à la défection; que Doria. le Marquis du Guaft, auffi utile à fon Maître dans la prifon qu'à la tête des armées, négocioit fortement auprès de ce Général pour l'attirer au parti de l'Empereur, qu'il aigriffoit le reffentiment de Doria, qui lui exagéroit fes injures, qu'il levoit tous fes fcrupules & que Doria n'attendoit peut-être pour lever

Du Bellay

liv. 3.

art. André

l'étendart

l'étendard de la rébellion, qu'une réponse peu favorable de France. 15284 Il avertit Lautrec de ce qui fe paffoit, & fe fit envoyer à la Cour pour concilier, s'il fe pouvoit, cette affaire plus importante qu'on ne paroiffoit le croire. Avant de paffer en France, il alla voir Doria dans Gênes pour arracher à fon amitié la confidence de fes chagrins & de fes projets. Doria lui ouvrit fon cœur, lui fit fes plaintes, le chargea de fes propofitions: Langei partit pour aller plaider à la Cour la caufe de Doria & des Gêneis, avec tout le zele d'un ami & tout le refpect d'un fujet. Il tâcha de faire prendre à cette Cour trop fiere & trop prompte, des idées plus exactes de l'importance de Doria; il montra le befoin qu'on avoit de fes fervices, furtout dans la con joncture du fiége de Naples, où Doria pouvoit décider du fuccès par l'ufage qu'il feroit de fes galeres il repréfenta que la défection de ce Général entraîneroit celle de l'Etat -Tome IV

C

de Gênes; il voulut faire juger de 1528. la néceffité de conferver Doria, par les mouvemens que fe donnoit du Guaft pour le féduire; mais c'étoit parler une langue étrangere dans un pays où un fujet, quel qu'il fût, n'étoit toujours qu'un fujet, & où les talens paroiffoient bien moins néceffaires que l'obéiffance. Ce n'étoient pas feulement les jeunesCourtifans qui penfoient ainfi, le Chancelier Duprat, que fon expérience & fes lumieres rendoient l'oracle du Confeil, ne vouloit jamais que l'autorité reculât ni fléchît, fyftême Mém. de dangereux, & qui deviendroit inuDu Bellay, tile, fi l'autorité favoit mieux l'art de fléchir avec grandeur.

hiv. 3.

Car. Sigon.

de vit. & reb.

Aur. lib. I.

Il fut décidé que Doria feroit dégeft. Ande pofé du commandement, que fa Charge d'Amiral du Levant, ou de Général des galeres, feroit donnée à Barbéfieux, qui iroit prendre poffeffion non-feulement des galeres Françoifes, mais encore des galeres Gênoises, & qui après s'être affuré d'André Doria, l'envoyeroit

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