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avec fes partifans & les Impériat 1527. s'étoit retiré dans le château, qu'il rendit affez lâchement fans attendre qu'on l'attaquất.

La néceffité avoit contraint Sforce d'oublier les outrages qu'il avoit

reçus de ce célebre Aventurier Medequin, tyran de Muffo, & maître du lac de Côme. Ce Medequin avoit alternativement fervi & l'Empereur & les Alliés. La fituation des Places qu'il avoit fu enlever & au Duc de Milan & aux Grifons, l'avoit rendu redoutable à fes voifins, & impor tant dans toute l'Italie. Sforce s'étant réconcilié avec lui, l'avoit chargé de faire quelques levées avec lefquelles Médequin alloit joindre l'arMém. de mée de Lautrec. Antoine de Leve Du Bellay, qui étoit à Milan, fut inftruit de fa marche; il fut que Medequin occuGuicciard. poit un pofte peu avantageux à Caliv. 18. rata, à quatorze milles de Milan, il vint l'attaquer, & fes vieux foldats taillerent en pieces les nouvelles levées de Médequin, qui s'enfuit avec une précipitation dont fa gloire fouf frit un pet

liv. 3.

Galeazzo

Capella',

Brantome,

Capitaines étrang, art. Marq.de Matignan.

Mais cette victoire étoit plus honorable à de Leve qu'utile aux affai- 1527 res de l'Empereur; de Leve avoit trop peu de troupes pour défendre le Milanès. Deux Places.importantes demandoient tous fes foins : c'étoient Milan & Pavie. Milan étoit trop vafle pour pouvoir être défendu par le peu de monde que de Leve étoit en état d'y jetter; Pavie étoit trop dépourvu de vivres pour que même ce peu de monde pût y fubfifter: de Leve fe détermina pour Milan, & réfolut d'y attendre les ennemis.

Belcar. liv.

Lautrec pourfuivoit fes conquê S.; il prit Vigevano, & s'empara de toute la Lomelline; il jetta un pont fur le Tefin, prit Biagraffo, 19 n. 38. & marchant droit à Milan, confirma de Leve dans l'opinion qu'il avoit eu raifon de préférer Milan à Pavie; mais tout-à-coup Lautrec tournant au Levant, fe préfenta aux portes de cette derniere Place, que les François attaquérent du côté du château, & les Vénitiens du côté

1527.

de la ville. Il s'agiffoit de venger l'affront & les malheurs que le Roi avoit effuyés fous fes murs. Les fol-, dats impatiens n'attendirent pas que la breche fût affez grande pour fouffrir l'affaut, ils fe débanderent & pénétrerent fars Chef jufqu'aux remparts. Leur témérité ne fut point heureuse, ils furent repouffés avec perte, & obligés de regagner leurs retranchemens; mais le Sleidan. Tendemain le canon, ayant aggrandi Commentar. la bréche, la Place fut emportée

liy. 6.

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d'affaut; la garnison savoit trop le fort qu'elle devoit attendre, pour ne s'y pas dérober: eile eut le tems de fe fauver fur le pont, qu'elle rompit après l'avoir paffé. Sa perte fut légere, mais la ville Guicciard. fut livrée au pillage. Les Soldats mirent même le feu, & le Maréchal de Lautrec eut beaucoup de peine à empêcher qu'elle ne fût entiérement réduite en cendres.

liv. 18.

Belcar. liv.

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Guicciard.

liv. 18.

y

Toutes ces Places furent remifes fidélement au Duc Sforce; tout réuffiffoit alors à la Ligue, & cepen

Mém. de

liv. 3

dant fon Chef, qu'on différoit de fecourir, étoit toujours accablé de 1527 douleur, environné de périls, & prifonnier dans le château SaintAnge. Lorfque Lautrec étoit encore au camp devant Pavie, le Cardinal Cibo, Légat du Pape, vint le conjurer de hater fa marche vers Rome, Du Bellay, lui repréfenter que le principal & le plus preffant objet de la Ligue, devoit être la délivrance du Pape. D'un autre côté le Duc Sforce qui arriva vers le même tems au camp, faifoit les plus fortes inftances pour que le Maréchal, avant de s'engager dans l'Etat de l'Eglife, achevât la conquête, déja fi avancée, du Milanès; il repréfentoit ce qui reftoit à faire comme extrêmement facile'; Milan fans garnifon, fans argent, alloit ouvrir fes portes dès qu'on s'y préfenteroit, fi au contraire, on quittoît le Milanès de Leves'y fortifieroit, & ne & ne pourroit plus en être chaffé.

X

fans

Cibo & Sforce avoient tous deux afon, & Lautrec prit le parti de

Belcar. liv 19. n. 32.

1527.

les fatisfaire tous deux. Les troupes Vénitiennes, jointes à celles du Duc, lui parurent fuffifantes pour achever la conquête du Milanès; il rẻfolut d'aller avec le refte de l'armée au fecours du Pape ; il attendit quel que tems des Lanfquenets qui lui manquoient. Quand ils eurent joint, il partit, mais il s'arrêta encore, d'abord à Plaifance, enfuite à Bologne: ces délais furent longs. Plufieurs Auteurs jugent que ce tems eût fuffi pour chaffer entièrement les Impériaux de la Lombardie, ce qui rendant Lautrec plus redoutable à l'Italie, eût facilité toutes fes entreprises. D'autres le juftifient, & rejettent ces longueurs fur les ordres de la Cour de France, qui étoit alors amufée, par des efpérances de paix avec l'Empereur, auquel François I. auroit aifément facrifié la Ligue, fi l'Empereur eût voulu lui rendre fes fils. Quoi qu'il en foit, Lautrec employa ces délais utilement pour la Ligue, puifqu'il fut y attirer deux Alliés nouveaux l'un fut le Mar

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