me dit un Prophéte. S. Cyprien dit en plufieurs lieux; que chacun remporte felon fon avidité & felon fon efpérance. C'est notre timidité & notre peu de foi qui rétréciffent la miféricorde de Dieu. Nous tariffons par notre indifférence les fources de fa bonté; & il nous dit encore ce qu'il difoit autrefois aux malades qui imploroient fon fecours : Qu'il vous foit Matt. fait felon votre foi ; foyez ce que vous voulez être.

29.

4. Rega 4.6. Ibid. $5

L'huile de la Veuve, qui 28. marquoit la grace & l'onction du Saint Esprit, coula toûjours tant qu'il y eut des vaiffeaux vuides, quand il n'y en eut plus, l'huile s'arrêta. C'est une excellente figure de ce que je dis, que

nous recevons de la bonté de Dieu qui eft infinie, à proportion de notre avidité & de notre faim. C'est pour nous apprendre cette vérité qu'il nous dit dans fon EcriPS. 80. ture: Etendez, élargiffez vor tre cœur, & je le remplirai; & que David parle ainsi dẹ P. 118. lui-même : Fai ouvert ma bouche, & j'ai attiré l'Esprit

31.

P 4. de Dieu. Comme un cerf dans fa plus grande ardeur define une fontaine, dit-il ailleurs, ainfi mon ame brûle du défir ·de vous poffeder, à mon Dieu. Je fouffre une ardente foif & rien ne peut me defalterer que le Dieu fort & vi vant, qui peut feul me fou tenir & me donner la vie. Pf. 142. Je fuis devant vous Sci

•&neur, comme une terre feche

& fans eau ; & je leve vers

vous mes mains & mon cœur dans l'attente de votre fe

cours.

C'est ainsi qu'il faut s'approcher de la fainte Table. C'eft avec une ardeur & une confiance égale à celle dé ce faint Prophéte qu'il faut recevoir Jefus Christ qui est un feu dévorant, & qui ne peut fouffrir fur fon cœur les ames tiédes, & l'on doit avoir honte de défirer moins de faire la Pâque avec fon Sauveur qui eft lui-même l'Agneau Pafcal qu'on doit manger, qu'il ne désiroit de faire la Pâque avec les Dif ciples. J'ai souhaité avec ar- Luc. 20 deur, leur difoit-il, de manger cette Paque avec vous avant que de fouffrir. Mais

pour nous, nous fommes tout de glace; & cependant, felon faint Jean Chryfoftôme, « nous ne devrions avoir » d'autre douleur en cette vie » que d'être privés, par notre » faute de cette nourriture » célefté. »

Et en effet, quefle. confolation peut-on avoir en ce monde, fi l'on n'a pas cellelà? Quel bien a t-on, quand on n'a pas le fouverain bien & quelle eft la chose qui puiffe nous dédommager d'une fi grande perte? Qui lauroit cru que le Dieu du ciel & de la terre s'abbaiffât, s'humiliat, fe donnât avec tant de bonté, & que les hommes fuffent fi durs, fi infenfibles, & fi ingrats ? Certainement cette indiffé

rence eft un prodige qu'on ne comprend pas; & il faut que notre cœur foit étrangement corrompu pour avoir perdu fi abfolument le goûr des plus faintes & des plus chaftes délices.

Hélas! nous avons grand fujet de craindre que n'ayant aucun défir de nous unir à Jefus-Chrift, nous ne foyons Léparés de lui éternellement; qu'il ne nous traite comme nous voulons être traités s que nous ayant été fi, indif férent, il ne punisse par une excommunication éternelle une indifférence fi criminelle; & qu'il ne nous interdife pour toujours la jouiffance d'un bieni que nous méprifonsmaintenant, com

me Dieu interdit autrefois la Num.14.

30.