CONDUITE D'UNE DAME CHRÉTIENNE Pour vivre faintement dans le monde. Des principaux devoirs de la Vie Chrétienne. A vie Chrétienne confifte dans la gra ce & la présence du Saint-Efprit; & cette vie eft cachée aux yeux des homA mes. Mais elle a un corps qui la rend fenfible en quelque maniere : & ce corps font certains devoirs effentiels à la piété, dont les uns font communs à tous les Chrétiens, & les autres font particuliers à chaque état & à chaque perfonne. Ceux qui font communs, comme la priere, l'ufage des Sacremens, l'exercice de la charité à l'égard du prochain, &c. deviennent eux-mêmes particuliers par rapport aux différentes perfonnes qui s'y appliquent. Mon deffein eft de vous marquer dans ces devoirs généraux ce qui vous convient, & ce qui vous eft propre. Je parlerai enfuite de ceux qui font particuliers à votre état, ou qui ne regar dent que vous. PREMIERE PARTIE. Avis fur les devoirs communs à tous les Chrétiens. I. DE LA PRIERE. V Ous avez befoin de beaucoup prier; nonfeulement parce que c'est à la priere que Dieu accorde tout; qu'il n'ouvre qu'à ceux qui frappent à la porte, & qu'il ne fe laiffe trouver qu'à ceux qui le cherchent: mais pour des raisons qui font moins générales, & qui vous touchent de plus près. 1. Motifs particuliers qui doivent porter la perfonne à qui l'on écrit à beaucoup prier. J & 'Ai remarqué que les chofes fpirituelles qui ne font pas fenfibles font peu d'impreffion fur votre efprit, que vous ne les voyez que comme dans un éloignement; qu'elles vous échappent comme de l'air & comme de la fumée, & qu'elles vous paroiffent moins réelles & moins folides que celles qui touchent les fens. C'est un défaut qui vient de ce que vous n'exercez point votre foi, & de ces que vous la laiffez fans mouvement & fans action. La priere eft le principal exer cice de la foi : elle en eft l'ame & la vie : elle nous applique aux chofes que nous croyons: elle les rapproche de nous, elle les met fous les yeux, elle les fait goûter, elle leur donne du corps & de la réalité : enfin elle fait difparoître les chofes fenfibles, & elle rend préfentes celles qui font éternelles quoiqu'elles foient encore futures. 2. Vous ne connoissez Dieu que bien imparfaitement. Vous vous le repréfentez souvent tout autre qu'il n'eft. Vous vivez avec lui comme avec un inconnu & un étranger. Vous ne comprenez point encore fa fageffe & fa bonté. Vous agissez à son égard avec un |