3o. Vous agissez en cela comme fi votre justice dépendoit de celle des hommes : & c'est J. C. feul qui justifie; comme c'est lui feul qui batife. Les plus faints & les plus indignes miniftres ne font que lui prêter leurs mains; & c'est lui qui fait

tout.

4°. Vous vous mettez en danger de faire beaucoup de jugemens téméraires. Car la peur que vous avez de ne pas bien rencontrer, fait que vous êtes défiante & foupçonneufe, que vous prenez les chofes douteufes dans le plus mauvais fens, & que vous regardez vos foupçons comme des vérités.

5°. Vous fortez de l'ordre de Dieu. Car au lieu de faire

connoître votre confcience, vous êtes attentive à découvrir le fond de celle de votre Confeffeur. Au lieu de l'écouter en disciple & en pénitente, vous l'écoutez en juge & en critique. Il eft difficile dans cette difpofition d'attirer des bénédictions que Dieu ne répand que fur les humbles.

6o. Il peut y avoir dans ces précautions exceffives. beaucoup plus d'amour propre & d'orgueil, que de défir d'être bien conduite. Car nous aimons tout ce qui nous diftingue, tout ce qui peut fervir à faire connoître notre difcernement & notre lumiere; & c'eft une efpéce de mérite que d'avoir choifi une perfonne qui en a un

particulier. Cette idée nous fatisfait : & quoique pour d'autres raisons on ne publie point ce choix, nous ne laiffons pas de nous applaudir en fecret, & de nous fçavoir bon gré d'être plus circonspects & plus délicats que les

autres.

Ainfi vous ferez bien de devenir plus indulgente, au moins à l'égard des Confeffeurs auxquels vous vous adressez dans les voyages ; & vous devez commencer par vous perfuader que les plus faints ne font pas fans défauts, parce que la vertu a befoin d'être humiliée dans cette vie : mais qu'il n'eft pas néceffaire qu'ils en foient exemts, ni même qu'ils foient faints, pour vous bien con

duire; rien n'étant plus ordinaire que de montrer un chemin dans lequel on n'entre pas, & de donner de bons avis dont on ne fait pas ufage. 5. Qualités d'un bon Confeffeur.

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E ne puis néanmoins défavouer que vous n'ayez un extrême befoin d'être conduite ordinairement par un homme qui ait reçu avec abondance l'Esprit de Dieu. Mais vous devez le lui demander avec ardeur, au lieu de le chercher par vous-même, & d'employer à ce choix important votre feule lumiere. Je fçai bien que vous devez travailler auffi de votre côté à le découvrir, & qu'il eft néceffaire que vous connoiffiez

noiffiez les qualités qu'il doit avoir: mais vous devez vous défier de votre discernement & prier beaucoup Notre-Seigneur de vous conduire dans ce choix, ou de le faire lui-même.

1o. La qualité d'un Prêtre à qui vous découvrez votre confcience, eft qu'il foit éclairé, qu'il connoiffe les regles de l'Eglife, puifqu'il doit les fuivre; qu'il foit inftruit de ce que Dien dit dans fon Ecriture; & qu'il ait reçu de lui une lumiere de grace plus pure, plus élevée que celle que lon peut acquérir pár l'étude, & qui lui faffe difcerner les voies intérieures & fecrettes de l'Esprit faint dans ces ames, les marques d'une

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