pour rien les fentimens les
plus tendres, fi vous n'imitez
Jefus-Chrift. C'est la dernie
re difpofition dont je vous
parlerai; mais regardez-la
comme la plus importante.
Car il n'y a rien de plus vrai
que cette parole de faint
Auguftin. «Que celui-là feul ..
mange utilement le Sacre- c
ment du Corps de JESUS «
CHRIST, qui devient ce «
qu'il mange, & qui imite
ce qu'il reçoit. Le Fils de
Dieu nous a inftruit par fes
actions, & enseigné par
parole: maintenant il vous
parle par fon état, & d'une
maniere même plus touchan
te que dans l'Evangile.

fa

Il difoit autrefois à fes Difciples Apprenez de moi Mat.11. que je fuis doux & humble1

de cœur; comme fi ce peu de mots eût renfermé tous fes préceptes. Mais quelle douceur a t-il jamais fait paroître, qui puiffe être comparée à celle qu'il a confervée dans l'Euchariftie H fe communique aux plus pauvres : il aime les humbles & les petits: il ne dédaigne pas les Publicains, pourvû qu'ils foient pénitens

Quelle patience n'a-t-il pas à l'égard des Communions indignes, des irréligions, & des facriléges? Il eft à l'Autel dans le même état qu'au Jardin des Oliviers. On le trahit, on le vend, on le crucifie; &, comme autrefois fur la Croix, il prie, & il s'offre à fon Pere pour ceux qui l'outragent.

-Son filence, que ne nous dit-il point? Quelle inftruction pour nous, ou plûtôt quelle confufion? Le foin qu'il prend de cacher fa gloire, & les miracles qu'il fait pour couvrir la Majesté, ne condamnent-ils pas plus fortement que tous les difcours, le luxe, la vanité, l'am bition, le défir de paroître & d'être diftingué ?

Il est fous les voiles du Sa crement comme dans fon tombeau, felon les Peres. Cer état de mort ne nous

avertit-il pas que nous de

3.3

vons être morts avec lui, Coloff. enfevelis, cachés au monde, vivans avec lui en Dieu ? La difpofition de facrifice & de victime où il eft aux yeux de fon Pere, n'est-elle

pas une grande leçon pour nous ? & n'est-ce pas ainfi que nous devrions être en la présence de Dieu ?

3

Il ne paroît point dans ce Sacrement : il eft comme

n'étant

pas:

il ne donne aucun figne d'existence & de vie. Cet anéantiffement ne nous apprend-t-il pas combien nous fommes injuftes de vouloir paroître ce que nous ne fommes point, & de nous élever au-deffus de notre état

par des efforts & des artifices également vains & ridicules ?

Enfin sa retraite & sa priere continuelle ne nous enfeignent-elles pas avec quelle application, quelle perfévérance & quelle religion nous

devons prier?

Je n'ai plus qu'un mot à dire, c'eft que vous devez être perfuadée que la meilleure & la plus fainte difpofition pour communier di gnement, & l'action de graces la plus agréable à Dieu après l'avoir fait, eft une vie innocente, chrétienne, réglée fur l'Evangile, appli quée à tous les devoirs de votre état, uniforme, fans. inégalité, fans inquiétude & fans oftentation. C'eft à ces marques qu'il faut juger du reste

IV.

De la lecture

Neceffité de la lecture.

ON

N parle à Dieu dans la priere, & il nous parle dans la lecture. Mais