exécuté à la rigueur, fi Dieu n'ufoit d'indulgence à l'égard des riches: mais il ne la leur accorde qu'à deux conditions. La premiere eft qu'ils auront compaffion des pauvres fur lesquels retombe tout le poids de leur pénitence; & la feconde, qu'ils en feront plus humbles & plus appliqués à le fervir, puifqu'étant plus pécheurs que les autres, ils font moins pénitens, ce qui doit les hu milier; & qu'étant dispensés de ces travaux pénibles qui épuisent le corps, & qui rempliffent tout le tems, ils doivent avoir plus de reconnoiffance & plus d'amour,comme ils ont plus de loifir & plus de commodité.

Mais rien ne rendra votre

travail plus agréable à Dieu, que le recueillement intérieur, qui en eft comme l'ame, & qui en fait auffi toute la douceur. Lorfque vos mains feront occupées, il faut que votre cœur fe repose en Dieu, & que vous puiffiez dire avez le Prophéte: Je ne perdrai jamais de 15.15. Bo vue le Seigneur, parce qu'en effet il est toujours à ma droite, afin que je ne fois point ébranlé; ou comme il dit ailleurs Tout ce qui paffe Pl.1Ji dans mon cœur, s'y passe, ô mon Dieu comme en votre préfence & fous vos yeux.

Vous devez alors vous fouvenir de la maniere toute divine dont la fainte Vierge faifoit les plus petites cho Les; avec quelle paix inté

rieure, quelle attention à Dieu, quel recueillement, quel fentiment d'humilité quelle difpofition de priere & d'élévation vers celui à qui feul elle défiroit de plaire. Et vous devez quelquefois penfer que la fainte Vierge n'a rien fait d'écla tant, rien d'extraordinaire, rien qui parût au-deffus de la condition d'une femme obligée de gagner fa vie par fon travail : & qu'elle rendoit cependant autant de gloire à Dieu que les Apôtres les plus zélés & les plus occupés à la prédication de l'Evangile, parce qu'elle avoit autant de fidélité, autant d'obéiffance, autant d'humilité & autant d'amour pour Dieu que les Apôtres

Certé pensée doit vous encourager, & vous convaincre de cette vérité si essentielle dans la morale, que comme les chofes qui font les plus grandes aux yeux des hommes font abominables aux yeux de Dieu, les plus petites & les plus mé÷ prifées font très-grandes & très-élevées,quand on les fait avec une grande foi & avec un grand amour.

VI.

Du foin qu'on doit prendre de fa famille.

1. De l'éducation des enfans,

J

E n'ai rien à vous dire fur cet article fi important que vous ne fçachiez mieux

que moi. Dieu vous a donné toutes les qualités nécessaires pour bien élever vos enfans, & je ne crois pas pouvoir rien ajoûter à votre discernement & à vos lumieres.

Ce qui me furprend eft que vous ayez tant d'éloi gnement d'une chofe qui Yous eft fi facile, & pour laquelle vous avez tant de talent & de capacité. Mais je ne m'en étonne plus, quand je fais réflexion fur ce que difent les Saints, que les démons s'appliquent toûjours à nous tenter contre notre état, & contre nos plus effentielles obligations. C'eft affez que votre falut foit attaché à l'éducation de vos enfans pour exciter fa malice & fa jaloufie contre vous, & pour