là, vous en perdrez tout le fruit. Dieu examine votre cœur & vos sentimens à l'é gard de vos enfans. Il vous traite comme vous les traitez. Il mesure ses bontés fur votre fidélité, & fa tendreffe fur la vôtre. Il n'en faut pas tant, quand on a de la foi. Je ne parle ni des Confeffions, ni des Communions, ni du Directeur de M" vos en fans, il feroit difficile de rien régler fur cette matiere. Je fçai d'ailleurs qu'ils font bien conduits; & que, s'ils ne l'étoient pas, vous avez plus de fageffe & plus de lumiere qu'il n'en faut pour les bien conduire.

Je vous ai parlé des habits de Mlle votre fille ; & comme je n'ai point eu fur cela

.

cela d'autres fentimens que les vôtres, il eft inutile de vous en faire fouvent.

2. Du foin des Domestiques:

L

E récit que vous m'avez fait de l'ordre & du réglement que vous faites garder dans votre domestique, m'a donné beaucoup de joie. Il est difficile d'avoir plus d'exactitude & plus de foin; & fi vos intentions étoient fuivies, votre maison feroit une maison très-fainte.

Vous voulez bien néanmoins que je dife un mot fur la peine que vous avez à vous mêler du détail, à parler dans les occafions, à preffer & à reprendre ceux qui ont befoin

R

d'être excités ou d'être repris. Cette difpofition eft une fuite de la répugnance que vous avez à vous appliquer à votre famille, mais il faut la vaincre; & vous devez vous reffouvenir que, comme ce n'eft pas affez pour un Evêque que d'établir des réglemens pour fon Diocèse, ni pour un Curé d'ordon

que

ner à fon Vicaire d'avoir bien du foin de fa Paroiffe; mais qu'il faut que l'un & l'autre prennen a foin immédiat de ceux qui font confiés à leur conduite: auffi ce n'eft qu'une partie de votre devoir que de donner des ordres & d'en recommander l'exécution la plus ef fentielle eft de les faire obferver.

:

Je ne puis vous rien dire de plus fort fur cela que ce que dit S. Paul: Si quelqu'un 1. Tim n'a pas foin des fiens, & 5.8. particulierement de ceux de fa maifon, il renonce à la foi, & eft pire qu'un infidéle. Il ne fuffic pas d'ordonner qu'on en ait soin, il faut y veiller foi-même, & ne pas s'acquitter de fon devoir par autrui, puifqu'on doit être puni ou récompenfé en fa propre perfonne. Il eft vrai que vous ne pouvez ni tout faire, ni tout voir; & que, quand vous le pourriez, cela ne feroit point à propos mais vous êtes toujours la premiere chargée de tout le foin, & vous devez vous faire rendre compte de ce que vous

ne pouvez connoître que par

cette voie.

Vous Y êtes même d'autant plus obligée, qu'il me femble que toute votre maifon ne dépend que du feul Maître-d'Hôtel, qu'il ne releve de perfonne, & que tout a rapport à lui. Il est difficile qu'il ait la capacité, la lumiere, la fidélité, l'étendue d'efprit qui font néceffaires pour examiner & décider toutes choses, pour

régler tout

& pour faire

vivre dans une exacte difcipline tous ceux qui lui font foumis. Il feroit peut-être à d'avoir quelqu'un

propos au-dehors qui prît garde à la conduite de vos gens, à leurs habitudes, à leurs fociétés, à leurs liaisons, & de