mestiques de leurs fautes; & il ne vous manque que cela. Car pour la modération, la prudence, & la charité qui doivent accompagner les corrections, vous les avez, graces à Dieu, dans un dégré fort éminent.

Je vous fupplie de veiller beaucoup fur la conduite de vos femmes; de ne point permettre à celles du dehors qui ne font pas réguliéres, & dont vous ne connoiffez pas la fageffe, de venir au logis fous quelque prétexte que ce foit; de rompre les premiers commencemens de liaison & d'amitié entre vos domeftiques d'un fexe différent. Faites, s'il vous plaît, en forte que vos laquais, & même

ceux de Monfieur votre mari, foient toûjours occupés : leur innocence fera moins expofée. Ne vous relâchez point fur la défense du jeu du cabaret, du jurement. Ne difpenfez du jeûne que ceux que l'Eglife en dispense; & quand vous aurez ordonné en public au Sommelier de retrancher le déjeûner, ne lui permettez point en fecret de l'accorder. Faites quelquefois la ronde & à des heures différentes. Surmon tez votre peine à entrer dans vos offices, & qu'on s'accou tume à vous y attendre après s'être accoûtumé à vous voir.

J

VII.

'Des œuvres de charité.

E suis très-persuadé que vous aimez les pauvres, & que vous donnez l'aumône avec plaifir. Vous fça

Mar 35. vez que le Fils de Dieu ne parle dans le dernier Jugement que des œuvres de charité, qu'il ne promet de faire miféricorde qu'à ceux qui en auront eu pour les miférables, & qu'il nous af fure qu'il ne donnera qu'à ceux qui auront donné; la mefure de notre liberalité étant celle de la récompense; & l'ordre naturel, felon Galat. S. Paul, étant qu'on ne recueille que ce qu'on a semé.

8.

1. Joan. Si quelqu'un ayant des biens

3.17

de ce monde, dit l'Apôtre faint Jean, voit fon frere dans la néceffité, & lui ferme fon cœur & fes entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui? Que la tendreffe pour les pauvres, & la foi ne vous abandonnent point, dit le Saint-Esprit. Cathez l'aumône dans le fein du pauvre, dit l'Eclefiaftique; Eccli. &elle priera pour vous. Vos aumônes & vos prieres, dit l'Ange à Corneille, font mon- 4. 10. tées au ciel. Toute l'Ecriture eft pleine de semblables expreffions. Vous le fçavez, & Dieu a gravé dans votre cœur ces fentimens.

Mais comme on eft ordinairement tenté quand on a des enfans, de ménager fon bien avec plus de foin, &

29.15.

4.

de donner moins aux pauvres, je fuis bien aife de vous dire ce que faint Augustin difoit aux Peres de famille qui entendoient fes difcours : » Avez-vous deux enfans » leur difoit-il? prenez JefusChrift pour le troifiéme. » Donnez rang à Jefus-Chrift » parmi vos enfans: que vo»tre Seigneur entre dans vo» tre famille. Qu'y a-t-il de » plus glorieux, ou à vous que »de devenir peres de Jefus» Chrift, ou à vos enfans que » d'être fes freres ? Mais n'est» ce pas une grande charité, » dit ailleurs le même Saint » qu'un pere travaille à amaf» fer du bien pour ses enfans? » Et moi je vous réponds: » N'est-ce pas une grande vaque celui qui doit mou

e nité