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un fentiment de justice & de charité; vous ferez pour Dieu ce que vous avez accoûtumée de faire par des raisons humaines, & vous tâcherez de rendre chrétiennes & fpirituelles la bonté naturelle que vous avez pour les perfonnes qui vous approchent, & la fageffe que vous confervez dans les divers événemens.

Si vous pouvez entendre la Meffe tous les jours, ne vous privez point de ce bonheur. Si vous êtes en voyage le Dimanche, ne partez point fans avoir communié; je fuppofe néanmoins qu'il ne foit rien arrivé qui vous en ait rendue indigne. Vous ne fauriez mieux faire que d'aller vifiter le Saint-Sacre

ment dans l'Eglife la plus proche de votre logis, dès que vous êtes arrivée, fi vous le pouvez faire commodément, & fans être trop remarquée. Je foûmets cet avis, qui étoit pratiqué avec exactitude par Mr le prince de Conti, à votre difcernement & à votre prudence, auffi-bien que tous les autres.

Etant arrivée dans un lieu où vous ne pouvez pas vous difpenfer de recevoir bien des vifites, confervez, autant qu'il vous fera poffible, l'humilité dans les honneurs qu'on vous rendra, & la fincérité dans les complimens que vous ferez. Ayez de la bonté pour tout le monde fans affectation & fans empreffement, & confervez de

la dignité fans élévation & fans fierté. Mettez-vous à la place de tous, pour fçavoir ce que vous devez à chaque particulier; & fouvenez-vous que vous parlez & que vous agiffez en la présence de Dieu.

Ayez partout de la distin&tion pour les pauvres ; & foit que vous puiffiez leur rendre service, ou qu'il ne foit pas poffible de les foulager, témoignez-leur toûjours de la bonté & de la douceur.

Quelques Avis particuliers fur des imperfections

M

intérieures.

On deffein, dans tout ce que j'ai fait jufqu'à cette heure, a été de vous

découvrir les fautes que vous commettez, & de vous marquer ce que je pense que vous devez faire pour ne les plus

commettre. Mais il m'en eft échappé quelques-unes qui font plus intérieures, & qui font comme les fources des autres. Je m'arrêterai aux plus importantes; je vous lafferois fi j'étois plus exact.

I. DE FAU T.

Differer trop long-tems de travailler ferieufement à la réforme de fes mœurs.

Le premier défaut eft, qu'il me femble que vous avez toûjours différé, fur divers prétextes, de travailler erieusement à votre réforme. Vous connoiffez bien qu'il

vous manque quelque chofe, & que vous n'êtes pas dans l'état où Dieu vous veut ; mais vous n'avez point encore dit : C'eft dans ce moment que je ferai une nouvelle alliance avec le Seigneur, ou, comme parle le Prophéte: Je l'ai résolu, & 85.76.11. voilà que maintenant je commence; je fuis changée, & c'eft la main du Très-haut qui fait ce changement; ou comme il dit dans un autre Pleaume: Je l'ai juré, & Pf. 118. j'en ai fait un ferment falemnel je garderai votre fainte loi toute ma vie. Vous faites dépendre l'exécution de vos promeffes de mille chofes qui ne font point la plupart en votre pouvoir; de la fanté, de votre retour, A a

,

106.

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