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vous porte dans mon fein; & que vous êtes dans mon cœur? Je ne vous porterai pas feulement pendant quelques mois, comme les meres pórtent leurs enfans; je vous porterai jufqu'à la derniere vieilleffe, & jufqu'aux cheveux blancs. Je l'ai fait jufques ici, & je le ferai encore. Oui je vous porterai, & je vous fauverai. Peut-on ajoûter quelque chofe à ces expreffions fi vives & fi tendres & peut-on refufer de croire un Dieu qui vous affure fi fortement de fa patienMai. 19. ce & de fa bonté?« Vous » vous plaignez!, dit-il ailleurs » dans le même Prophéte, que je vous ai quittés, & que je » ne me fouviens plus de vous. » Eft-il donc poffible qu'une

14.15.

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mere oublie fon enfant ? Et « quand elle pourroit l'ou « blier, penfez-vous que je « puiffe vous oublier. jamais ? « Je vous porte imprimés dans « mes mains, & je vous ai tou- «s jours préfents à mes yeux. « Voilà fur quoi vous devez régler votre conduite, & non pas fur des imaginations & des terreurs injuftes. Il faut craindre la justice de Dieu, afin de ne point pécher: mais quand on a commis quelque faute, il faut fe relever par la vûe de fa miféricorde. C'eft lui faire injure que de ne pas recourir à lui auffi-tôt avec fimplicité, & avec une entiere ouverture de cœur. C'eft lui-même qui nous rappelle, & qui nous invite; &

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nous l'offenfons de nouveau, fi nous lui défobéissons.

IV. DEFAUT.

Croire qu'après certains exercices de piété le reste du jour eft à nous, & que nous pouvons en difpofer indépendamment de la religion,

Vous avez été jufqu'ici dans une erreur, dont vous êtes maintenant détrompée pour Pefprit, mais dont vous retenez encore quelque chofe dans le cœur, qui confifte à croire qu'une partie du jour eft à vous; & qu'après vos exercices de piété, vous êtes libre à l'égard de Dieu : que le refte du tems n'eft plus lié avec la religion, que vous

en êtes la maîtreffe, & qu'il y a comme deux états, dans l'un defquels vous devez agir en chrétienne, & dans l'autre comme il vous plaît. Vous ne parlez pas ainfi, & vos pensées mêmes en paroiffent bien éloignées mais il est certain que dans le fond vous croyez qu'il vous eft mis de difpofer de quelque chofe, & qu'il y en a de certaines qui n'ont rien de commun avec la piété.

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C'est une erreur capitale, & la plus dangereuse de tou tes. Vous n'avez qu'une af. faire en ce monde, & vous n'y êtes que pour elle uniquement. Dieu qui eft la fageffe & la juftice même, ne peut pas vous conferver un feul moment la vie pour Bb iiij

une autre fin que pour fa gloire & pour votre falut. Dans tous les inftans, vous êtes à lui, & non point à vous. Dans tout les inftans il vous donne tout, & vous redemande tout. Le moindre mouvement & le moin

dre défir du cœur, la plus légere penfée, la parole la plus indifférente en apparence, l'action la plus hu maine, tout doit être à lui & pour lui. Il n'y a rien de purement humain, rien de purement politique dans une Chrétienne. La religion eft de tout, elle entre par tout, elle a droit fur tout. C'est elle qui doit tout régler, tout fanctifier, tout annoblir. Le falut eft nonfeulement la plus importan

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