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en peu de tems; & ne vous laiffez point abbattre par une trifteffe humaine, & par un découragement de vanité, lorfque vous ne vous trouverez pas auffi parfaite que vous fouhaiteriez d'être. Je viens de vous parler des deux premiers articles. Maisje crains de ne l'avoir pas fait comme il faut des trois derniers; & je vais les reprendre féparément.

IX. DEFAUT.

Fauffe idée qu'on fe forme d'une vertu (ans imperfections.

naire

Il n'y a rien de plus ordique de fe former une idée de la vertu telle qu'on voudroit l'avoir, fans imperfection, fans foibleffe, fans

Ff

mélange, mais telle qu'on ne la trouve nulle part. Nous aimons naturellement la fiction & le menfonge, parce qu'il nous eft resté certaine idée de grandeur depuis que nous avons perdu la véritable, & certain goût pour le merveilleux & l'extraordinaire depuis que nous fommes devenus pauvres & malheureux nous tâchons de remplir & de fatisfaire. Mais comme nous ne trouvons rien dans les chofes qui nous environnent qui réponde à cette idée, ou qui contente ce goût, nous fubftituons le menfonge à la vérité; & ne pouvant pas nous nourrir de viandes folides, nous tâ chons de le faire par des

que

pour

repas en peinture, comme
parle S. Augustin. C'est
cette raison que Sénéque &
les autres Philofophes, ont
fait la peinture du Sage fi
belle, fi admirable, & fi ac-
complie. Ils l'ont fait grand
en tout; ils lui ont tout donné
dans la derniere perfection,
& ils en ont prefque fait une
divinité. Mais où eft ce Sage?
c'est une belle idée, mais
fans réalité.

JESUS-CHRIST nous en a fait une peinture bien plus naturelle & bien plus reffemblante: auffi est-il la Vérité & notre unique Maître. Il nous a appris que dans cette Galat. si vie l'efprit eft toûjours combattu par la chair; qu'un Chrétien eft en même tems & jufte & corrompu, fils de

17.

Dieu & enfant d'Adam, & comme partagé entre le vieil homme.& le nouveau, fans être parfaitement délivré de la concupifcence & du péché qu'à la mort, fans pouvoir éteindre entierement les mouvemens & les défirs qu'il condamne, fans pouvoir devenir le maître des fens & de l'imagination qui le féduifent où qui le troublent.

Mais l'orgueil n'eft pas content de cet état d'humiliation. Il en veut un qui lui plaise & qui le flatte. Il le concerte, & il se le figure à fa maniere. Il se regardé comme étant déja au fommet de la vertu, comme environné de fon éclat & de La gloire, comme admiré de

tout le monde, comme diftingué de l'état ordinaire des autres hommes. Il s'applaudit, & il fe contente. Et après, tout s'évanouit. Gardez-vous bien de cette illufion. Vous en feriez aifément fufceptible; car vous aimez le grand & l'extraordinaire dans les chofes d'efprit, & fur-tout dans celles qui ont rapport à la religion. Tenez-vous toûjours dans l'ordre le plus fimple & le plus commun. Soyez perfuadée qu'il n'y a point de vertu qui ne foit mêlée dans cette vie avec beaucoup d'imperfections; & croyez, mais bien fincérement, que perfonne n'est plus imparfait que

yous.

Tout ce qui feroit pro

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