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cerche; car on pourroit faire de très-bons feaux avec du merrain de bois blanc, cerclés de fer, & débiter les arbres dont on fait de la cerche en bois de Menuiferie, de charpente ou de conftruction, fuivant la qualité & la nature du bois.

Je ne dis rien des échalas, des lattes ni du merrain, parce que tout cela peut fe prendre dans des arbres qui ne font pas fort gros. On a pu voir dans la Phyfique des Arbres, qu'un tronçon de bois eft compofé de fibres qui s'étendant fuivant la longueur du tronc, forment fur l'aire de la coupe du tronc des orbes concentriques, & que ces fibres longitudinales font liées les unes aux autres par un tiffu cellulaire, & par des fibres tranfverfales, qui ont été nommées infertions.

La force qui unit ces fibres longitudinales les unes aux autres, eft beaucoup moindre que celle de ces mêmes fibres ; & c'eft pour cela qu'il eft bien plus aifé de les féparer, que de les rompre. On peut remarquer que les fentes s'ouvrent toujours par les rayons ou infertions.

Les Ouvriers qui travaillent les bois dans les forêts ont bien fu profiter de cette propriété du bois pour le fendre, & en faire d'une façon expéditive plufieurs ouvrages qui, par cette manœuvre, font beaucoup meilleurs que s'ils étoient refendus à la fcie.

En effet, combien n'employeroit-on pas de temps à divifer avec la fcie des lattes, des douves de futailles, des cerches de Boiffeliers, &c? Au lieu que par l'induftrie qu'emploient les Fendeurs, ces ouvrages font faits prefque en un inftant. J'ajoute qu'ils font beaucoup meilleurs ; ce qui deviendra fenfible fi l'on fait attention que la fcie ne fuivant point réguliérement les inflexions des fibres, elle les coupe, & ne fait que du bois tranché au lieu que par la méchanique du Fendeur, ces fibres reftent dans leur entier, & les ouvrages en ont beaucoup plus de folidité.

Joignons à cela qu'en fendant le bois, on épargne ce que le trait de la fcie emporte, ce qui ne laiffe pas d'être confidérable; car ce trait ne pouvant être moindre que 2 à 3 lignes,

cela fait l'épaiffeur d'une latte & prefque d'une douve qui a au plus 3 lignes : il eft bien vrai que le bois refendu à la scie est mieux dreffé que celui qu'on fend, & qu'on ne peut rendre droit qu'en retranchant du bois.

Il y a dans les forêts des Ouvriers qu'on nomme Fendeurs, qui s'occupent prefque uniquement à faire ces fortes d'ouvrages, qui ne laiffent pas, dans certains cas, d'exiger de l'adreffe de la part de ces Ouvriers, pour bien conduire la fente & mettre tout le bois à profit. Nous nous propofons de faire remarquer cela, après que nous aurons fait connoître les fignes qui peuvent faire conjecturer fi tel ou tel arbre fera propre pour la fente.

S. I.

Des marques qui peuvent faire juger qu'un arbre fera propre pour la fente.

On a déja vu lorfque j'ai parlé des bois taillis qu'on peut fendre différentes efpeces de bois,Châtaignier,Chêne,Bouleau, pour en faire des cerceaux pour les poinçons, des cercles pour les cuves, des cerches pour les cribles, &c; on verra dans la fuite, qu'on peut également deftiner à faire des ouvrages de fente, quantité de bois de différentes efpeces. Il y a des efpeces de bois qui fe fendent beaucoup mieux que d'autres : le Chêne & le Hêtre fe fendent communément beaucoup mieux que l'Orme, l'Erable, &c. Je dis communément; car j'ai vu des Ormes qui étoient auffi aifés à fendre que le Chêne; mais cela ne fe rencontre pas ordinairement, & dépend quelquefois de l'efpece; l'Orme-teille & celui qu'on nomme Orme.femelle à larges feuilles, fe fendent ordinairement beaucoup mieux que l'Orme-tortillard: de même, parmi les Chênes, celui qui porte fon fruit en grappes, fe fend ordinairement mieux que celui dont les fruits font attachés à des queues fort courtes au refte, on ne doit pas regarder ceci comme regle générale. Mais ce qui eft encore plus fingulier, c'eft que la même efpece d'arbre élevée dans le même terrein & à la même exposition, tantôt se trouve être de bonne fente, & tantôt ne

peut être employé à cete destination; bien plus, il arrive assez communément qu'un arbre qui fe fendra bien vers les racines, fera très-difficile à fendre vers le haut de fa tige.

En général, les Ouvriers jugent qu'un Chêne fe fendra bien quand fon écorce eft fine, quand l'arbre diminue uniformément de groffeur, & quand il a peu de nœuds.

Les bois roux, pouilleux & vergetés, fe fendent quelquefois affez bien quand ils ont toute leur feve; mais ces bois défectueux font d'un mauvais emploi.

Les bois roulis doivent être rejettés pour les fente, parce qu'ils donnent beaucoup de déchet.

ouvrages de

On prétend que le Hêtre dont la tige n'est pas exactement arrondie,& où il fe trouve des efpeces de côtes qui s'étendent fuivant la longueur du tronc, eft le meilleur de tous pour la fente. Quand, lorfqu'on enleve dans le temps de la feve, un morceau d'écorce de ces arbres, on voit en le pliant en fens contraire, c'est-à-dire, la cuticule en dedans, que les fibres longitudinales fe féparent aifément; on préfere l'arbre où ces mêmes fibres ont une direction droite, & qui forment une hélice ou vrille très-alongée. Il y en a qui prétendent que quand les fibres tournent de droite à gauche, l'arbre fe fend mieux vers la tête qu'au pied ; & que le contraire arrive fi les fibres tournent de gauche à droite; mais cette opinion ne paroît avoir aucun fondement: j'ai toujours vu que les arbres fe fendoient d'autant mieux, que leurs fibres fuivoient une ligne plus droite dans toute la longueur du tronc ; & peut-être que ce qui fait qu'une partie d'un même arbre fe fend bien pendant qu'une autre eft de mauvaise fente, c'eft parce que la direction des fibres longitudinales fe trouve dérangée, soit par l'infertion de quelque groffe racine, foit par l'irruption d'une groffe branche. On peut confulter fur ce point ce que nous avons dit plus en détail dans la Phyfique des Arbres sur la direction des fibres du

bois.

Il arrive quelquefois que tous les arbres d'une vente fe fendront mieux que ceux d'une autre cela peut dépendre de la qualité du terrein; car on remarque que les arbres qui poussent

avec force, fe fendent mieux que ceux qui croiffent lentement. En général, les jeunes arbres fe fendent mieux que les vieux; & le bois verd fe fend beaucoup mieux que le bois fec.

Il fuit de ce que je viens de dire, qu'il y a des arbres dont le bois fe fend beaucoup plus réguliérement que d'autres ; mais qu'il n'eft pas aifé de décider avec certitude, fi un arbre sur pied fera de bonne fente ou non.

On doit abfolument rebuter tous les arbres noueux ainfi que ceux qui ont leurs fibres très - torfes; je dis trèstorfes, car on ne laiffe pas de tirer parti des arbres dont les fibres le font un peu moins, pour les employer à des ouvrages qui permettent de les redreffer au feu: j'ai vu faire de trèsbons panneaux de menuiferie avec du merrain qui avoit ce défaut.

Comme la direction des fibres des bois ruftiques & trèsforts, n'eft pas ordinairement droite & réguliere, ils font rarement propres à la fente.

Les bois gras se fendent assez bien, pourvu qu'ils ne foient pas fecs; car quand ils ont perdu toute leur feve, ils deviennent caffants; c'eft pour éviter cela que les Marchands ont grand foin de faire fendre leurs bois auffi-tôt qu'ils ont été abattus; 1o, parce qu'alors ils fe fendent réguliérement, & fans qu'aucune piece fe rompe, 2°, parce que les fentes qui fe forment dans les bois qui fe fechent, leur occafionneroient un déchet confidérable; 3°, parce que l'aubier du bois verd fe fend très-bien, & qu'on peut en paffer une partie avec le bon bois; au lieu que cet aubier devient en pure perte, quand le bois eft trop fec; 4°, fi l'on fend une groffe bille de bois gras anciennement abattu, la circonférence de la piece a peine à se fendre réguliérement; mais le centre conferve ordinairement affez de feve pour qu'on puisse le bien fendre. Ce qui rend avantageuse l'exploitation de la fente, c'eft qu'on trouve à employer pour différents ouvrages, les billes de toute longueur; favoir, de 6 pieds pour les échalas d'efpaliers; de 4 & demi pour les échalas des vignes; de 4 pieds pour la latte; de 3 & demi pour les merrains des demi-queues; de 2 pieds 2 pouces

2 pouces pour leur enfonçure; de 2 pieds pour les barres; de 18 pouces pour le paliffon; de 8 pouces pour les chevilles des Tonneliers, &c; en conféquence, on peut tirer parti de billes affez courtes qu'on leve, foit entre deux branches, foit entre deux nœuds.

Les Fendeurs ne laiffent pas que de faire ufage des bois blancs; favoir, le Tremble, le Peuplier, le Bouleau, le Saule, &c: ils en font du merrain pour des futailles, & des tonnes à enfermer le fucre, & d'autres marchandises feches; des tinettes pour contenir des beurres; des barres, des chevilles pour les Tonneliers; des paliffons pour les entre-voûtes des planchers de Payfans, &c. Quand il s'agit d'ouvrages plus importants, on n'emploie guere que le Chêne & le Hêtre ; & dans les Provinces méridionales, le Châtaignier, le Mûrier, le faux Acacia. Dans nos Provinces, tous les ouvrages de fente fe font avec le Chêne, & les ouvrages de raclerie avec le Hêtre.

§. 2. Outils dont fe fervent les Fendeurs.

Le métier de Fendeur n'exige pas un grand nombre d'outils: le principal est un Attelier ou felle à fendre, (Pl. XXV. fig. 1). Pour s'en former l'idée, il faut fe repréfenter un gros fourchet de bois A B C; la branche poftérieure AB, eft plus élevée que la branche antérieure C B.

Ce fourchet eft foutenu par un pied folide D, qui fe trouve placé à la réunion des deux branches, & par le pied E placé vers l'extrémité de la branche C. A l'égard de la branche A, comme il eft à propos, fuivant la hauteur du corps de l'Ouvrier, & felon les ouvrages qu'il doit faire, de la tenir plus haute ou plus baffe, elle eft fimplement foutenue par une fourche F. Mais comme pendant le travail, l'Ouvrier fait tou jours des efforts qui foulevent cette branche A, elle est affermie par une piece de bois G qui paffe fur cette branche, enfuite fous la branche C; elle porte à terre par le bout inférieur G,& le bout fupérieur eft fortement lié au poteau vertical HH, qui eft lui-même attaché par le bout fupérieur, foit à quelque piece

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