Satyre fur la laideur.

plus d'Art. Il dit en parlant du lendemain du mariage de Louis XIV. avec la Reine.

Le lendemain jour de pompe & de:

gloire

Le jeune Roy dont le triomphe eft

grand,

Eut tout-à-fait de l'air d'un Con

Il a fait vingt Sonnets fur la beauté & contre la laideur. Il dit en parlant d'une laide.

Celle à qui font de pareils yeux
Pire qu'une Comete aux Cicux
Menace tout ce qu'elle lorgne,
Elle veut plaire, néanmoins,
Si ce laid objet étoit borgne
Elle auroit un défaut de moins.

II

dc.

Il appelle une vilaine gorge.

Molles & tremblantes jumelles,
A couvrir d'un épais drapeau.
Peau bouffie & rude, moins
Que cuir à faire des femelles.

Il dit d'une vilaine taille.

pean

Taille ou paroiffent les amours.
En querelle avecque les graces.
Il s'égaye fur des bras difformes.

Bras menus, fragiles roseaux
Vous reffemblez aux bras desParques,
Ou pour mieux dire à leurs fufeaux.

Il s'exerce fur les cheveux de fa lai

Cheveux de laideur étonnante,
Clair femez, auffi droits qu'un pieu,
Et plantez comme il plaît à Dieu
Sur une tête impertinente.

Lorfqu'il parle d'une belle bouche voicy comme il s'exprime.

Bouche qu'on ne fçauroit décrire,
Bouche d'un tour fi gracieux,
Bouche qui dit ce qu'il faut dire,
B

Eloge de la beauté.

Bouche qui dit moins que les yeux. Voici l'éloge des yeux.

Beaux yeux dont l'atteinte profonde
Trouble des coeurs inceffamment

Le doux repos qui ne fe fonde
Que fur un fi doux mouvement.

Plus bas il dit:

Beaux, yeux, divin charme des fens.
Votre amour eft en fentinelle
Pour attraper tous les paffans.

Il louë ainfi une belle taille.

Taille au tour de qui fans deffein
Des amans vole un tendre effain,
Taille de perfonne divine,
Où tout eft jeune, frais & fain,
Taille qui n'exclut pas le fein
Quoique legere aifée & fine,
Heureux qui vous réfiitera,
Plus heureux qui vous gâtera!

Il n'oublie pas les bras.

Brasd'une divine ftructure

Qui s'entrelaffant tendrement

Seroient d'un bienheureux amiant

La plus précieufe ceinture.

Les cheveux ont auffi leur éloge.

Cheveux de longueur furprenante
Qui feparez par le milieu

A cette belle tenez lieu

D'une robe épaiffe & traînante.

Beaux cheveux fins & déliez

Serrant le cœur que vous liez,

Pouvez vous faire un nœud qui

rompe?

Il louë fort délicatement l'efprit de cette belle perfonne.

C'est ce rayon qui nous enfâme
Et de vos beautez il en eft l'ame
Il tempere en vous la rigueur,
Se fait fentir, fe fait entendre;
En vous il excufe le coeur

De ce

que

le cœur n'eft point tendre.

Voici une Chanfon paffionnée du

même Auteur.

Par mes regards jugez de mon mar,

tyre,

On me défend Cloris de vous l'ex

pliquer mieux,

Qu'elle pitié d'en avoir tant à dire Et de n'ofer vous parler que des yeux!

Je fuis heureux dans un fi beau fup

plice,

Expirant fous les traits dont vous bleffez lés Dieux,

Máis permettez que mon cœur éclairciffe

Par un foupir ce que difent mes yeux.

Il dit fort agréablement à une laide.

Ce fera pour vos biens fi l'on vous im*portune®,

Et fi quelqu'un vous aime un jour, Afin de le bleffer, il faut que la for

dre mignone

Et ne l'avez encore été,

Je ne vois rien du tout deffus votre per

Conne