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Belle qualité

fçavoir &

fe taire.

en

étoient monftrueufes, fe prefenta à lui, & lui demanda que vous femble mon pere me trouvez vous bien fait; fort bien pour un boffu, lui répondit le Predicateur.

Beau talent que celui de parler que celle de peu, on fe fait refpecter comme un homme myfterieux; aimer comme un homme difcret, confulter comme un homme prudent, craindre comme un homme qui dans fon filence medite avec attention, ce qu'il doit faire contre fes ennemis, & qui ne fe laiffe point aveugler par la paffion qui précipite tout.

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Deux Allemans étant dans un cabaret, parlerent de cette grande année platonique, où toutes chofes devoient rentrer dans leur premier état; ils voulurent faire accroire au maître du logis, qu'il n'y avoit rien de fi vrai que cette revolution, de forte, dit l'un d'eux, que dans feize mille ans d'ici nous ferons encore à boire chez vous, à pareil jour, à pareille heure, & dans la même maifon. Là-deffus ils le prierent de leur faire crédit jufqu'à ce tems-là; le cabaretier leur répondit qu'il le vouloit bien, mais, pourfuivit-il, parce

qu'il y a feize mille ans jour pour jour que vous étiez encore à boire comme vous faites, & que vous vous en allâtes fans me payer, acquittez le paffé & je vous ferai crédit du prefent.

Repartic

Un écolier rencontre un fameux Ma- picquante

gifter

Qui le croyant au feüil de la Gram

maire,

Lui demanda de quel genre eft mater, L'écolier dont les yeux perçoient plus d'un myftere,

Lui répondit fans héfiter,

Je diftingue Monfieur, car fi c'eft de

la mienne

Que votre excellence l'entend,

Elle eft du feminin fi c'eft à la

fienne,

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Que cette question s'étend

Dans le genre commun il faudra qu'on

la mette,

Afin d'y figurer avec mainte coquette.

La réponse étoit d'autant plus jufte, qu'elle exprimoit le caractere de la mere du Docteur.

d'un écolier à

un Magifter,

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Voici un Sonnet contre l'amour.

Climene fui l'amour, fes funestes délices,

Ne caufent à la fin que d'ameres dou

leurs,

C'est un ferpent caché fous d'agréables fleurs,

Un breuvage qui brûle, un feu plein d'artifices.

Un plaifir d'un moment mêlé de longs fupplices,

Un jardin que fans ceffe on arrofe de pleurs,

Une obfcure forêt dont les fentiers

trompeurs

N'aboutiffent er fin qu'à d'affreux

précipices.

鸡蛋

C'eft un faux labyrinte où fe perd la

raifon,

Un fruit qui n'a pour fuc qu'un dan

gereux poison,

Un dur joug dont le poids à la fin

nous accable.

Un fepulcre où tout vif l'on eft ense

veli,

En un mot un enfer d'autant plus re

doutable

Que l'on n'y trouve point le fleuve de l'oubli.

Toutes ces comparaifons entaffées font une confufion d'images qui embaraffent l'efprit, il faut ufer fobrement des comparaifons, & les choifir extrémement juftes. Comme ce n'eft pas une raifon qu'une comparaifon, mais un éclairciffement de la raifon; affembler des comparaisons fans avoir dit des raisons, c'eft renverfer l'ordre naturel, c'eft vouloir éclaircir une preuve dont on n'a pas parlé. C'eft apporter de la lumiere & vous faire ouvrir les yeux, pour ne vous rien faire voir. Voilà ce que fait le Sonnet qu'on vient de rapporter.

Sans employer la langue, il eft des
Interpretes

Qui parlent clairement des atteintes

fecrettes,

Un foupir, un regard, une fimple

rougeur,

Un filence eft affez pour expliquer un

cœur,

Tout parle dans l'amour & fur cette

matiere

Le moindre jour tient lieu d'une gran de lumiere.

Cleomene dit à Aglaure dans Pfi

ché.

Nous ne prétendons point en faire de myftere

Auffi bien malgré nous paroîtroit-il

au jour,

It le fecret ne dure guére

Madame, quand c'eft de l'amour,

Bon mor

Duc de Sa

Voilà ce que doivent faire les Poëtes qui veulent réuffir, ils doivent étudier la nature, & nous la reprefenter, au lieu de nous donner leurs dées alambiquées.

Philippes fecond Roi d'Espagne, d'Emmanuel donna la droite à Emmanuel Duc de Savoye fon gendre, dans le tems qu'il entroit dans Sarragoce, voyant que le cheval d'Emanuel étoit fort

voye,

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