: je renoncerois plûtôt à la vie qu'aux fentimens

'une parfaite eftime: mais étouffons les impreffions : de l'amour. Si vous êtes maîtreffe de votre cœur te le fuis auffi, l'on ne doit pas dire pour cela que vous n'avez jamais eu qu'une tendreffe imparfaite ;

je ne fçavois pas prendre mon parti fur le champ j'éclaterois en reproches, & je vous appellerois mille fois cruelle:

mais un amour auffi commode que le mien épargne ces injures.

:

J'aime mieux vous dire plus modeftement & fans éclat

que je ferois bien plus fenfible à la perte devotre eftime,&

que je renferme à préfent tout mon reffentiment.

Je ne m'en tiens pas là, je reprens ma liberté je compte que votre cœur vous dira de refte, Que la tranquilité eft un bonheur digne d'envie, & : que vous ne trouverez jamais de meilleur cœur que mois & qui aime plus commodément.

Voyons fi à travers une Lettre pleine d'indifference, vous démêlerez les fentimens d'un cœur très-pasfionné, peut être ne pourriez-vous pas deviner l'artifice, & j'en fouf

frirois trop. J'aime mieux vous dire que pour trouver le veritable fens de cette Lettre, il faut paffer de la premiere ligne a la troifiéme, de la troifié ne à la cinquième, ainfi du refte en fautant toûjours une ligne. Que je ferois heureux fi cette rufe vous avoit fait quelque peine ! mais je ne voudrois pas qu'elle eut duré.

J'appréhende tellement que vous ne trouviez pas le fens de ma Lettre que j'ai marqué avec deux points les lignes qu'il faut lire. Ce n'eft pas que je me défie de votre pénétration, mais encore une fois je ne veux pas que vous foyez plus d'un moment dans l'erreur. La crainte que j'en ay me coute déja beaucoup.

Homme ri

¶ Il y a des hommes qui femblent être faits pour être le jouet des au- dicule berné. tres, ce n'eft pas qu'ils foient abfolument dépourvûs d'efprit, mais ils ne font rien comme les autres hommes, pas même les actions les plus fimples, & apprêtent fans ceffe à rire. Taulere eft de cette efpece, fon ridicule faute d'abord aux yeux, il fe faufile avec des petits Maîtres qui le bernent amplement. Il fe trouva je ne fçais comment dans une partie de Cabaret dont

étoit le Chevalier D. ... fou infigne, le Comte R... le Heros des petits Maîtres, & le Confeiller A.... très propre à faire un trio avec le Chevalier & le Comte. Quand

la vapeur du vin fe fût emparée du

cerveau de ces trois Meffieurs, Taulere leur choqua la vûë. Le Comte dit que l'équité préfidoit dans le vin auffi-bien que la verité, & qu'il étoit d'avis qu'on fit le procès à Taulere. On applaudit à cette pensée. Le Chevalier fit la fonction de Procureur du Roy; il accufa Taulere de malverfation, d'agiotage; on interroge le criminel, il fe coupe, on le croit fuffifamment eonvaincu, on va aux opinions, fur les Conclufions du Procureur du Roy, les deux Juges le condamnerent à être pendu. On attache une corde au plancher, le Chevalier veut être le Boureau; Taulere se prêtoit à un deffein qu'il regardoit comme une plaifanterie. Voyant que l'affaire étoit férieufe, il demande grace très-férieusement, mais on ne l'écouta pas; pour gagner du tems il demanda un Confeffeur. Après que les Juges eurent déliberé entre eux, le Comte prononça gravement que le

ctime du coupable ne meritoit de pardon ni dans ce monde ni dans l'autre, & qu'il falloit qu'il fût pendu & damné. Heureufement pour Taulere le Cabaretier monta avec fes garçons & empêcha l'execution. Voilà le comble de l'extravagance où la paffion du vin peut conduire ceux qui s'y livrent fans garder aucune mesure; mais auffi, dira-t-on, qu'eft - ce que Taulere alloit faire dans cette galere?

Pour ceux qui traitent le filence de fotife.

Ce beau, fage Solon qui rêve & ne

dit mot,

Eft un fage jetté fur le moule d'un

Lot,

Difoit un gros Ruftaud en railleur té

'meraire.

Solon qui l'écoutoit dit à cet Idiot,
Tout autre qu'un jafeur concluroit le
contraire :

Car un fot ne fçauroit le taire.

Un Cavalier fort aimable ne pouvoit fléchir une belle Dame qui lui avoit défendu de lui parler d'amour elle vouloit qu'il ne pa rut que fous le nom d'ami. Il fix

: de Selon.

Déclaration Jamour,

Réponse

Queftion indécife fur le celibar.

cet impromptu fur cet air: Ne m'en— tendez-vous pas ?

Sous le nom d'amitié,

Un cœur qui vous adore,
D'un feu qui le dévore

Vous cache la moitié

Sous le nom d'amitié.

Elle lui répondit fur le champ :

Sous le nom d'amitiê
Je fouffre la tendreffe,

Mais je veux qu'on m'en laiffe

Deviner la moitié

Sous le nom d'amitié

y a des Dames qui font fi familieres avec les Mufes, qu'aux moindres fignes, elles les infpirent. Que de raifons pour & contre le celibat! Que de raifons pour & conte le mariage!