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me font la plupart des Hiftoriens. Il faut dire la même chofe de la donation faite par une Dame nommée Téodetrude, à la même Eglife,& fous le même regne de Clotaire II. Le P. Felibien en fait un autre argument invincible, dit-il, parce qu'il y est parlé de fon Abbé Dodon. Cette Charte neanmoins a non feulement tous les défauts de la précedente, mais elle en a encore un infiniment plus confiderable,qui eft que ce n'eft qu'une copie nullement autentique. L'original, dit-on, en eft perdu. Eh! qui ne fçait combien ces fortes de pieces font fujettes à caution? Combien de fautes, pour ne pas dire des falfifications, s'y gliffent en paffant par tant de mains infideles ou intereffées, depuis mille ou onze cens ans?

Enfin de quelle antiquité eft cette prétendue Charte? De l'an 627. diton, c'est-à-dire, un an avant que Dagobert prit poffeffion du Royaume de France. Cela valoit-il la peine pour un an ou deux d'abandonner le fentiment commun de tous les Hiftoriens de renverfer un fyftême autorifé par tant de preuves, & par des Auteurs qui, de l'aveu de D. Felibien, par

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loient fur la connoiffance des titres qui fe gardoient de leur

les Archives de S. Denis.

temps dans

Difons done, fans entrer ici dans les motifs qui ont pu porter cet Auteur à dépouiller le Roi Dagobert du titre & de la qualité de Fondateur de l'Abbaïe de S. Denis,pour en revétir un inconnu,dont il ne peut lui-même dire le nom, que la voix du peuple, la poffeffion où l'on eft depuis tant de fiecles de parler ainsi, le confentement unanime des Auteurs domeftiques & étrangers, les bienfaits, ou plutôt les profufions de ce Prince dont une partie fübfifte encore dans S. Denis ajoutons fes cendres qui y repofent,& les dernieres volontez exprimées dans fon teftament, feront toûjours autant de témoignages qui reclameront fans ceffe contre la nouveauté de cette opinion, & qui accuferont l'Auteur de peu de reconnoif fance envers un Roi qui a, pour ainfi dire, épuifé tous les tréfors dans l'érection de cette augufte Bafilique, qu'on avoit regardée jufqu'à préfent comme le grand ouvrage de fa pieté, Mabil. ut auffi-bien que de fa magnificence. Ce font les termes du P. Mabillon..

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SE CONDE

DISSERTATION

Sur l'année de la mort de l'Abbé
Suger:

Ly a trois opinions touchant l'année de la mort du venerable Abbé dont nous avons donné la Vie. La premiere, & la plus commune, que· nous avons fuivie, eft celle qui fixe fa mort à l'année 1152. La feconde eft:

Hift de

L'Abb. de S.
D' l. 40

de M. Dupin, qui la met à l'année 12 fieclets 1153. Et la derniere eft de Dom Feli- 2. p. 653. bien, qui prétend que tous les Auteurs jufqu'à préfent fe font trompez fur ce point de Chronologie, & qu'af furément Suger eft mort le 13. de Janvier de l'an 1151. Il pouvoit neanmoins ajouter que le Cardinal Baro- Bar. ad an. nius l'avoit déja dit.. 1151. P.367..

Perfonne ne lui difpute le jour. Il eft fi pofitivement marqué par l'Auteur de fa Vie, fon ami & fon Secre- F. Guillau raire, au jour de l'octave des Rois, qui eft le 13. de Janvier, qu'on ne peur affez s'étonner que le Cardinal.

тв.

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id Baronius la mette après Pâques. Mais comme il fuppofe fans preuve & fans fondement que Suger affifta au Concile de Beaugenci, où le divorce entre Louis le Jeune & Eleonore Du cheffe d'Aquitaine fut conclu ; & que To.X.Conc. d'ailleurs il eft certain que ce Concile fe tint le jour de Pâques Fleuri, il falloit bien de neceffité mettre la mort de Suger après Pâques.

La fource de cette erreur vient de ce que ce favant Annalifte, comme beaucoup d'autres, qui n'examinent les chofes que fuperficiellement, s'est Id. ibid, imaginé que le petit ouvrage qui porte pour titre, Gefta Ludovici feptimi, (a) étoit de Suger ; & comme l'Auteur de cet ouvrage parle du divorce du Roi, il en a conclu que Suger avoit furvécu à ce divorce, & par confequent qu'il n'étoit mort qu'après Pâques mais par la même raifon, il faudroit dire que Suger a vû le mariage de Louis VII. avec l'Infante d'Efpagne; qu'il a vû Marguerite de France fortir de cette nouvelle union conjugale; qu'il a vû cette jeune Princeffe croître jufqu'à l'âge d'être ma

:

(a) Il fe trouve dans le 4. tome des Hift. de Duchêne, 390.

que

riée, puifqu'il eft dit dans ce même Ouvrage, qu'étant devenuë nubile, Chap. fon pere la maria à Henri, fils du Roi d'Angleterre. Il faudroit dire Suger a furvécu à Louis VII. puifque dès le premier chapitre de cette Hiftoire, il eft parlé de la mort de ce Prince, & de fa fepulture dans l'Abbaye de Barbeaux, dont il étoit Fondateur. Voilà les abfurditez où l'on s'engage, lorfqu'on écrit fur de faux memoires, qu'on ne fe donne pas le temps d'examiner, ou fur des preuves, qui d'abord frappent les yeux par quelque apparence de verité, fans en avoir la folidité. Nous dirons dans la fuite ce qu'on doit penfer de cet ouvrage, attribué à Suger. Voïons maintenant quelle eft la véritable année de fa mort.

Le fentiment de M. Dupin, qui la met en 1153. eft infoutenable. Cet Auteur a commencé à s'égarer dès le temps de l'élection de Suger à l'Abbaye de faint Denis, & de fa benediction. Il fut élû, dit-il, en 1122. lorf. Dupin toe. qu'il étoit encore à Rome, & beni cit. l'année fuivante 1123. Nous avons fait voir dans fa Vie, par les paroles de Suger même, qu'il n'étoit plus à

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