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étoit celui de Denis l'Aréopagite, converti à la foi de Jefus-Chrift par faint Paul, comme il eft rapporté dans les Actes des Apôtres : fiction, difent ces Auteurs, qui n'étoit jamais venue dans l'efprit des Chanoines qui deffervoient l'Eglife de S. Denis avant les Benedictins.

Pour établir ce fentiment, ils tâchent de faire voir, premierement, que jamais faint Maur n'étoit venu en France; que le fameux Abbé de Glanfeuil, qui vivoit encore en 604. & qui portoit le nom de Maur, n'étoit Le Cointe, point le Difciple de faint Benoît. De-là an. 604. n. 1. & feq. ils vous conduifent infenfiblement Baillet, vie jufques au Concile d'Autun, tenu par des Saints, faint Leger en 670. où l'on voit pour 14.defuin, la premiere fois la Regle de faint Be.& alii. noît qui commence à s'établir en France; ce qui eft pofterieur au tems de Dagobert, Secondement, ils vous apportent le témoignage de S. Oüin, qui dans la Vie de S. Eloi, écrite au commencement du feptiéme fiecle, dit que ce Saint étant dans le Parvis de l'Eglife de faint Denis, tandis que le Clergé chantoit Matines auChœur, guérit un homme perclus de tous fes Vit. S. Elig membres, dum Vigilia à Clero canere lo 1.6. 23.

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tur in Choro. A ces termes difentils, on reconnoît des Clercs, des Prêtres feculiers ou des Chanoines, mais non pas des Moines, qui en ce temps-là n'étoient point encore affociez au Clergé, & prouvent par la Reg. c. 6c, Regle de faint Benoît, que ce Saint a toûjours oppofé les Clefcs aux Moi

64.

nes.

Ils fortifient ce fentiment par le témoignage d'Aimoin de Fleuri, qui dans fon Hiftoire de France, parlant des richeffes immenfes que Dagobert donna à l'Eglife de faint Denis, dont il le fait Fondateur, appelle ceux qu'il établit pour deffervir cette Eglife, des matriculez, pradia vero tam innuHift Franc. mera matriculariis Ecclefia contulit, 4.6.33. Nom, difent ces Auteurs, qui n'a jamais été donné à d'autres qu'à des Clercs : & s'il a été pris quelquefois pour les pauvres que cette Eglife nourriffoit, jamais il n'a été pris pour

Nicol. I.

des Moines.

Ep. 16. ad Enfin le celebre Hincmar, qui vivoit dans le huitiéme fecle, écrivant au Pape Nicolas I. lui dit, que dans sa jeuneffe il avoit pris l'habit de Chanoine dans l'Abbaye de faint Denis. Il n'y avoit donc point encore de

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Moines dans cette Abbaye jufques au neuviéme fiecle, qui eft le temps d'Hilduin.

On avoit eu toutes les peines du monde à fe débarraffer de ces critiques, & à répondre à leurs difficultez. A force de faüiller dans l'antiquité, on avoit fait voir qu'il n'étoit pas impoffible que du temps de Dagobert il y eût déja des Benedictins établis en France: mais auffi n'avoit-on jamais ofé remonter plus haut, crainte d'ôter à ce fentiment toute forte de vrai-femblance. Aujourd'hui voici un D. Felibien dans fa nou. Auteur qui détruit tous ces travaux, hift. de S. en affurant que Dagobert n'eft point Denis. le Fondateur de l'Abbaye de faint Denis, mais que cette prérogative appartient aux Rois fes prédeceffeurs, dont il ignore le nom.

Quel moyen après cela de dire que cette fondation a été pour des Benedictins, & que les Difciples de ce grand Patriarche ont toûjours été en poffeffion de cette fameufe Abbaye? N'eft-ce pas donner prife fur foi à fes adverfaires, & nous mettre dans l'impuiffance de prouver que cet établiffement n'a point été fait point été fait pour des Chanoines 2

Le R. P. Mabillon a bien pré vû cer inconvenient. Pour l'éviter, il est demeuré dans les bornes de l'anciennetradition, fondée fur le témoignage de l'Auteur anonyme de la vie de Dagobert, qu'on fçait être très-ancien, & que ce fçavant Religioux croit même avoir eu entre les mains les titres originaux de la fondation de faint Denis. Il conferve donc avec cet Auteur le titre & la qualité de Fondateur de cette Abbaye au Roy Dagobert, peu de temps après qu'il eut pris poffeffion du Royaume de France, quoi. qu'il n'ofe pas en déterminer l'année. Mab. ann. Inter pia Dagoberti opera, fi non primum, 1. 1a.p.340, certè præcipuum & nobiliffimum regià magnificentia monumentum eft conftructio percelebris fancti Dionyfii Monafterii in agro Parifiaco..... Quo pracipuè anno bujus fundamenta jecerit, non ita exploratum eft. Par-là il rend juftice à la pieté de ce Prince, lui paye au nom de la Congregation le jufte tribut de la reconnoiffance qu'elle lui doit, ne dérange rien dans la fucceffion des Abbez de cet illuftre Monaftere qui nous reste encore, & nous laiffe le moyen de foutenir, au moins avec

quelque probabilité, que l'Ordre Mo

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naftique a l'honneur d'être en poffeffion de l'Abbaye de S. Denis depuis près d'onze cens ans, en la perfonne des Difciples du grand S. Benoît.

En effet, puifque tous les Hiftoriens de l'Ordre conviennent qu'Aigulfe fut le premier Abbé de faint Denis; qu'il fut nommé expreffément par Dagobert en 636. pour gouverner cette nouvelle Abbaye, n'eft-ce pas là une époque certaine, qui doit te nir lieu de démonftration en ces fortes de chofes ? Eft-il poffible que fi l'Abbaye de faint Denis étoit beaucoup plus ancienne, qu'on ne pût fçavoir ni quel a été fon Fondateur, ni quels ont été les Abbez qui en ont eu la conduite durant tout ce temps? Eft-i poffible qu'aucun Hiftorien ne nous auroit appris quand & comment les Ecclefiaftiques qui deffervoient la premiere Eglife que les Chrétiens avoient fait bâtir fur le Tombeau du S. Martyr ; (car tout le monde convient qu'il n'y avoit point encore en ce temps-là de Benedictins en France,) comment, dis-je, ces Ecclefiaftiques en ont été chaffez, pour y fubftituer des Moines? Un évenement fi confiderable auroit-il été enseveli dans

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