@atteindre, & qu'il a pouffé en cela ses recherches plus loin qu'on n'avoit encore fait mais il s'en faut beaucoup que l'Auteur de la petite Chronique foit de cette trempe; c'eft un homme inconnu dans la republique des lettres. Je m'étonne que Dom Felibien en ait tant fait de cas, qu'il ait mieux aimé errer avec lui, que de dire la verité avec tant d'habiles gens: de fon Ordre qui l'ont abandonné en ce point.

Pour moi, je crois qu'il fuffit de lui oppofer l'ancien Manufcrit de la Bibliotheque de faint Denis, dont nous avons parlé au commencement de cette Differtation. C'en eft affez, fi je ne me trompe, pour obliger l'Auteur de la petite Chronique à difpa

roître.

Mais pour ne rien diffimuler de la difficulté qui peut être dans ce point de Chronologie, je vais fournir à Dom Felibien une raifon à laquelle il n'a pas penfé, & qui eft infiniment: plus forte pour favorifer fon fentiment, que tout ce qu'il a crû tirer de fa petite Chronique. Quoique la vie de Suger, écrite en Latin par Erere Guillaume, fon Secretaire &

fon confident, ne dife rien de l'année de la mort de ce grand homme non plus que la lettre circulaire écrite immediatement après fon décès, & qui eft du même Auteur: cependant celle-ci remarque qu'il y avoit vingt-neuf ans qu'il étoit Abbé, lors que Dieu le retira de ce monde. Or fi Suger étoit mort en 1152. comme nous le prétendons, il auroit été Abbé trente ans, puifqu'il fut ordonné en 1122. Il faut donc qu'il foit déce-" dé en 1151. pour verifier qu'il n'a été Abbé que vingt-neuf ans. Voilà affurément tout ce qu'on peut dire de plus fort en faveur de l'opinion de Dom Felibien; & je m'étonne qu'il n'y ait pas fait reflexion. Mais il ne faut pas, comme dit fort bien faint Auguftin, lorfqu'on a une fois reconnu la verité, l'abandonner à cause des difficultez qui s'y rencontrent, quand même elles feroient infutmontables. Celle-ci, par la grace de Dieu, n'eft point de ce nombre; elle a plus d'apparence que de folidité. Le retour du Roy en France, la reforme introduite dans faint Corneille de Compiegne par Suger après ce retour; fon voyage à Tours, & fes

quatre mois de maladie enfuite, font autant d'époques qui nous condui fent comme par la main, fans qu'il nous foit permis de nous égarer, à fon décès de l'année 1152. Il ne faut donc pas reculer pour une difficulté qui fe rencontre dans ce chemin fur-tout fi on la peut lever facilement, fans rien dire que de raifonnable. Or il eft certain que l'Auteur de la lettre circulaire n'a point voulu nous donner un nombre précis & aritmetique des années du gouvernement de Suger, mais feulement un nombre rond, ou, fi vous voulez, il a compté les années, & non pas les mois; ainfi il n'a pû marquer que vingt-neuf ans de gouvernement, parce qu'effectivement il n'y avoit que cela d'écoulé, & la trentiéme n'étoit pas encore complete, puifque Suger ne prit poffeffion de l'Abbaye de faint Denis que le douziéme de Mars 1122. ainfi étant mort le 13. de Janvier 1152, il s'en falloit deux mois qu'il n'y eût trente ans : par confequent l'Auteur, qui vouloit donner un compte rond, n'a marqué que vingt-neuf ans, & il n'auroit pû dire trente avec verité, fans ajouter

un ferè. Il nous auroit bien épargné de la peine, s'il eût eu foin de nous marquer précisément en quelle année fon Abbé étoit mort.

On peut encore ajouter, pour confirmer notre opinion, que le décès de Suger eft marqué dans fon épitaphe à la quinziéme année du regne de Louis VII. Or, au 13. de Janvier de l'an 1151. l'on n'étoit encore qu'à là quatorziéme année du regne de Louis VII. parce que Louis VI. fon pere eft mort le premier jour d'Août 1137. par confequent, pour verifier que Suger eft mort dans la quinziéme année du regne de Louis VII. il faut neceffairement mettre fon décès au mois. de Janvier 1152. & non pas 1151.

TROISIE'ME

DISSERTATION

Sur les Ouvrages de l'Abbé Suger. Left jufte à préfent de dire quelque chofe des Ouvrages de ce fçavant Abbé, & de fon ftile. M. Dupin nous donne la lifte de fes Ouvrages dans fa nouvelle Bibliotheque, en ces 12. fiectas termes: Il a écrit, dit-il, la Vie de 2.P. 653 Louis le Gros ; diverfes Lettres fur « les affaires du Royaume pendant « fa Regence; un Traité de ce qu'il a « fait dans l'Abbaye de faint Denis; une Relation de la Confecration de co sette Eglife; des Conftitutions; & « an Teftament, « Mais cette lifte n'eft point exacte elle attribue à Suger plufieurs Traitez qui ne font point de lui, & en fupprime d'autres dont certainement il eft Auteur. A l'égard de la Vie de Louis le Gros, rapportée par Duchêne au 4° tom, de fes Hiftoi res, perfonne jufqu'à préfent n'a douté qu'elle ne foit de Suger, Il la commence depuis les premieres an

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