Imágenes de páginas
PDF
EPUB

torien n'auroit jamais manqué de lui rendre fur ce point la juftice qui étoit dûe à fon merite.

Ajoutez à toutes ces preuves, que cette hiftoire de Louis le Jeune finit justement à fon divorce avec Eleonore,qui eft le temps que Suger mourut: fi-bien que le dernier chapitre, qui eft fort court, & qui contient en abregé deux ou trois faits qui ne font arrivez que quinze ou vingt ans après La mort, eft manifeftement une addifa tion de celui qui, comme nous avons déja remarqué, a commencé de parler de l'enterrement de Louis le jeune, avant que d'avoir rien dit de fa naiffance & de fa vie.

QUATRIE ME

DISSERTATION

Sur l'herefie des Inveftitures.

1 Lafouvent

La fouvent été parlé des Investi→ tures dans la Vie de Suger ; & nous avons vu les Papes, les Cardinaux les Legats du faint Siege, & même des Conciles, les traiter d'herefie, & donner le nom d'heretiques à ceux qui foutenoient les Inveftitures telles qu'elles fe faifoient par les Princes Chrétiens en Allemagne & en Angle terre fur la fin du onzième fiecle, & au commencement du douzième,

[ocr errors]

Cette façon de parler ne plaifoit pas à bien des gens de ce temps-là; quoique d'ailleurs ils n'approuvaffent pas que des laïques fe mêlaffent de donner l'Inveftiture des Evêchez & des Abbayes: ils ne pouvoient comprendre où étoit cette herefie, beaucoup moins qu'on traitât d'heretiques à Rome ceux qui n'y en appercevoient point; ce qui donna fujet à d'autres de traiter cette herefie de

fantôme & d'imagination. Nous tâ→ cherons de donner ici tout le jour ne ceffaire pour décider cette question..

Le grand bruit des Inveftitures n'a commencé proprement avec éclat que fous le Pape Gregoire VII. Ce Pontife refolut de remettre les chofes fur le pied qu'elles étoient anciennement, c'est-à-dire, que les Eglifes choififfent elles-mêmes leurs Pasteurs, & que les Princes feculiers ne fe mêlaffent plus de ce choix. Pour en venir à bout, il fe fervit de deux voyes qu'il crut les plus propres à l'execution de ce deffein, fçavoir, l'exhortation & les cenfures. Il com mença donc par écrire aux Rois & aux Princes, particulierement à l'Empereur & au Roy d'Angleterre, comme à ceux qu'il prévoyoit devoir s'oppofer plus fortement à fon deffein, & les exhorta d'une maniere très-patétique à rendre aux Eglifes leur ancienne liberté. Les raifons dont il fe fert font prifes des ordonnances des faints Peres & des Conciles, qu'on ne peut violer, dit-il, fans fe rendre coupable d'un crime qu'il traite d'idolatrie (a), conformément (a) Nolle acquiefcere quafi peccatum ariolandi eft.

[ocr errors]

aux paroles de l'Ecriture Sainte. Il traite encore fouvent cette pratique, de fimonie, & la confond avec ce crime, parce qu'effectivement on difoit que la plupart de ces Princes ne donnoient les Evêchez & les Abbaïes qu'à ceux dont ils recevoient de groffes fommes d'argent; mais nous ne voyons point qu'il ait jamais traité les Inveftitures des laïques, d'herefie, ni qu'il aitregardé comme heretiques ceux qui les donnoient ou qui les recevoient, ni ceux qui défendoient cet ufage, fi ce n'eft qu'on veüille dire que la fimonie étant une herefie, & ce Pape traitant les Inveftitures de fimonie, il les a regardé par confequent comme heretiques, ou plutôt comme une herefie, qui n'étoit point diftinguée de la fimonie: mais cela n'auroit pu avoir lieu au plus qu'à l'é gard des Princes qui auroient vendu les Benefices, & de ceux qui les auroient achetez; ce qui ne fe faifoit pas dans tous les Royaumes, quoique le mal fût affez general en Allemagne.

Nous ne voyons point auffi que les Conciles qui fe tinrent fur cette affaire, du vivant de ce redoutable

Pontife, ayent jamais regardé les Inte veftitures comme une herefie. Le premier, dont les Canons foient venus jufqu'à nous eft celui de Poitiers de l'an 1078. où les Cardinaux Jean & Benoît, Legats du faint Liege préfiderent. Voici comme il en parle : To.X. Conc. Le faint Concile a ordonné qu'aucun EvêP. 397.can. que, Abbé, Prêtre ou Clerc, ne reçoive. de la main du Roy, d'un Comte, ou de quelque autre perfonne laïque, un Evêché ou une Abbayes que fi nonobftant ces défenfes quelque perfonne laïque a la préfomption de conferer ces Benefices, elle fera excommuniée.

Le même Pape tint un autre Concile à Rome la même année, auquel il préfida en perfonne, & le Decret qui y fut fait contre les Investitures ne parle pas autrement : il y a feulement peine d'excommunication.Etant Ibid.p 372. informez, dit-il, qu'en plufieurs encan.. item droits de la Chrétienté il y a des perfon Dupin 11. nes laïques qui fe mêlent de donner l'In Becle p. 148. veftiture des Benefices Ecclefiaftiques ; ce qui eff contraire aux ordonnances des SS. Peres, la fource d'une infinité de defor dres dans l'Eglife,& une oppreffion vifible de la Religion Chrétienne, Nous or donnons qu'à l'avenir aucun Clerc ne re

« AnteriorContinuar »