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verité, comme je crois, fe découvri
ra mieux, lorfque la queftion ne fera
agitée que par des perfonnes qui fem-
blent n'avoir eu autre chofe en vûë
que de s'éclaircir de cette question.
'en propofe trois; le premier, eft
Yves de Chartres ; le fecond, eft Jo-
ceran (a) Archevêque de Lyon, &
Primat des Gaules; le troifiéme, eft
Geofroi Abbé de Vendôme, & Car-
dinal de fainte Prifque; ces deux der-
niers foutiennent fortement que les
Inveftitures font une herefie, & l'au-
tre prétend le contraire. Voyons leurs
raifons de part & d'autre.

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Quant aux Inveftitures dont vous « Yvo. Carn. voulez parler dans votre Concile, « p. 36. dit Yves de Chartres, écrivant à Joceran, qui l'avoit invité de venir au Concile qu'il affembloit, pour déterminer cette affaire, vous allez, lui ce dit Yves de Chartres, découvrir la « honte de votre pere, au lieu de la « cacher; car ce que le Pape (b) a fait « pour éviter la ruine de fon peuple, il y a été contraint par la neceffité, «

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(a) Il est nommé fean dans le X. tome des, Conciles, p. 790.

(b) Il parle du privilege que Pascal 11. avoit accordé à Henri V. fur les Inveftitures.

Differt.

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ד'

» mais fa volonté ne l'a point approu » vé; ce qui paroît en ce que fi tôt ! qu'il a été hors du peril, comme il » l'a écrit à quelques-uns de nous, il » a condamné ce qu'il ordonnoit auparavant: quoique dans le peril il ait permis de dreffer quelques é» crits, que je ne puis approuver, &, que je crois détestables..... Enfin » quant à ce que quelques-uns appellent herefje l'Inveftiture, l'hetefie n'eft que l'erreur dans la foi; » la foi & l'erreur procedent du cœur, » & cette Inveftiture, qui fait tant dẹ » bruit, & caufe tant de mouvemens, » n'eft que dans les mains de celui qui » la donne, & de celui qui la reçoit ; » de plus, fi cette Inveftiture étoit »une heresie, celui qui y a renoncé » ne pourroir plus y revenir fans peché. Or nous voyons en Germanię » & en Gaule plufieurs perfonnes ref pectables, qui ayant effacé cette "tache par quelque fatisfaction, & » rendu le Bâton Paftoral, ont reçû de la main du Pape l'Inveftiture, à »laquelle ils avoient renoncé. Les » Papės ne l'auroient pas donnée, s'ils » avoient crû qu'elle enfermât une » herefie. Quand donc on se relâche

دو

pour un temps de ce qui n'eft point ordonné par la loi éternelle, mais « établi ou défendu pour l'honneur « & l'utilité de l'Eglife, ce n'eft pas « une prévarication, maisune loia- « ble & falutaire economie.

Que fi quelque laïque eft affez « infenté pour s'imaginer qu'avec le « Bâton Pastoral, il peut donner un « Sacrement, ou l'effet d'un Sacre- « ment, nous le jugeons abfolument « heretique, non à caufe de l'Invefti- « ture manuelle,mais à cause de cette & erreur diabolique. Et fi nous vou- << lons donner aux chofes des noms « convenables, nous pouvons dire « que cette Inveftiture des laïques eft « une entreprise & une ufurpation fa- « crilege, que l'on doit abfolument « retrancher pour la liberté de l'Egli. « fe, fi on le peut faire fans préjudice de la paix. Mais quand on ne le peut «e fans faire fchifme, il faut différer, & fe contenter de protefter contre « avec difcrétion,

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On peut remarquer par cette lettre d'Yves de Chartres, qu'il étoit perfuadé, 1°. Qu'il n'y a point de loi éternelle touchant le choix & l'inftitution des Miniftres de l'Eglife, &

qu'ainfi elle n'étoit point de droit divin, mais purement humain, & par confequent que la maniere de les établir pouvoit changer felon les temps & felon les neceffitez de l'Eglife: principe que fes adverfaires ne lui accordoient pas. 2°. Qu'il regarde le Bâton Paftoral, & les autres marques de la dignité Epifcopale, comme des chofes indifférentes, qui ne fignifient rien d'elles-mêmes, & dont par confequent les laïques peuvent fe fervir pour fignifier tout ce qu'ils voudront: autre principe qui étoit également contredit de fes adverfaires. 3°. Qu'il n'approuvoit pas cependant que les laïques fe mêlaffent de donner les Inveftitures, puifqu'il traite cela d'une entreprise & d'une ufurpation facrilege; mais que cependant elle ceffoit d'être telle, lorfqu'elle fe faifoit avec Ia permiffion de l'Eglife. Toutes maximes qu'il foutient, & déduit encore plus au long dans fa lettre 60. adreffée à Hugues autre Archevêque de Lyon, & Legat du S. Siege.

Nous avons encore deux lettres d'Yves de Chartres fur les Investitures; l'une adreffée à Henri Abbé de faint Jean d'Angeli, & l'autre à Bru

non Archevêque de Treves, qui lui avoient demandé fon avis fur cette affaire; mais il n'y dit rien de nouveau: il y condamne des Inveftitures comme mauvaises, & cependant excufe le Pape Pascal II. de les avoir accordées à l'Empereur, à caufe de la neceffité où il s'eft trouvé.

Que répond Joceran à ces raisons d'Yves de Chartres?» Vous trouvez, Ep. 237. mauvais, lui dit-il, qu'on mette aù «< int. ep. Yve. te. X. nombre des herefies les Inveftitures « Conc des Dignitez de l'Eglife, faites par « des perfonnes laïques; mais per- « mettez-moi de vous dire, que les « raifons que vous en apportez, ne «< prouvent rien de ce que vous pré- « tendez. J'avoue que comme la foi « Catholique eft dans le cœur, il faut « auffi que l'herefie foit dans le cœur,« c'est-à-dire, que l'une & l'autre eft « quelque chofe d'interieur mais « . comme nous connoiffons un Catho- « lique quand il fait des œuvres Ca- « tholiques, de même nous avons « droit de juger qu'un homme eft he- « retique quand il fait des œuvres he- « retiques. Vous les connoîtrez par « leurs fruits, dit Notre-Seigneur, « chaque arbre fe connoît par fon «

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