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DE

SUGER›
ABBÉ DE S. DENIS;

MINISTRE D'ETAT,

ET

REGENT DU ROYAUME

SOUS LE REGNE

DE LOUIS LE JEUNE

TOME PREMIER.

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Chez FRANÇOIS BARO15, rue
de la Harpe, vis-à-vis le College de
Harcourt, à la Ville de Nevers.

M. DCC. XXI,

Avec Approbation & Privilege du Reg

DC 89.7 .58

G38

V.I

AVERTISSEMENT.

OмME la diverfité des évenemens fait l'agrément de l'Hiftoire, j'ofe me flater qu'on lira celle-ci avec plaifir. On en voit peu où il fe trouve tant de faits réunis. La plûpart font même fi opposez, qu'on la prendroit pour un Roman, fi on ne les trouvoit tous appuyez par le confentement unanime des Écrivains du temps.

On remarquera dans la vie d'un feul homme d'une naiffance obfcure, & feparé du monde dès fon bas âge par les vœux de la Religion, tout ce qui peut rendre recommandable un Orateur, un Theologien, un Soldat, un General d'armée, un homme de Cour, un Miniftre d'Etat, le Regent d'un grand Royaume ; enfin un Reli gieux, & un faint Abbé. Mais ce qui furprendra davantage, c'eft que Suger ne devant pas plus à l'éducation

pre

qu'à la naiffance,trouva dans fon profond tout ce qui fut neceffaire pour foutenir avec éclat ces différens perfonnages. Par la force & par l'étenduë de fon efprit, il s'éleva où les plus grandes ames, & les plus puiffans du fiecle, ofent à peine afpirer: & la grace étant venue au fecours de ces dons fi précieux de la nature, il eut l'avantage de fe diftinguer autant. du côté de la pieté, que de celui des fciences, des armes, & de la politi que.

Sa vie peut donc être propofée. pour modéle à toute forte de perfonnes, & l'on a lieu de croire qu'elles y trouveront à s'inftruire & à profiter en même temps qu'elles chercheront à fatisfaire la curiofité, & à rếcréer l'efprit. Les Grands du monde, & ceux qui font appellez au miniftere de l'Etat, remarqueront avec plaifir fon hábileté dans les affaires, fa fageffe dans les confeils, fa prévoyance dans le gouvernement, fa politique dans les traitez, fon defintereffement dans le maniment des finances, fon integrité dans l'adminiftration de la juftice, fa fermeté à ramener à l'obéiffance legitime ceux qui vouloient

s'y fouftraire, fon adresse à contenir chacun dans le devoir; enfin ce don fi admirable, mais fi rare, de fe faire craindre, & aimer tout enfemble. Mais ce ne fera pas fans étonnement qu'ils verront Suger les délices de fon fiecle, devenir tout d'un coup la terreur des ennemis de l'Etat, un foudre de guerre, le plus ferme appui du Trône de fon Prince,& mériter en même temps le titre glorieux de pere du peuple,& de confervateur de fa patrie.

Les perfonnes qui font une profeffion particuliere de pieté, s'arrêteront plus volontiers aux dernieres années de fa vie, où renonçant abfolument aux pompes & aux vanitez du fiecle, il fe renferme dans une profonde folitude, pour n'y être plus occupé que des veritez éternelles, & de la de affaire du falut.

gran

Sa converfion eft fi touchante, & le doigt de Dieu s'y fait tellement fentir, qu'il n'eft pas poffible que ceux qui la liront, n'en foient édifiez. Elle fait connoître que le Tout-puiffant a formé certaines ames, qu'il ne veut pas laiffer périr dans la corruption du hecle, malgré tous les engagemens

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