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qui peut vous déplaire en moi, afin que je m'applique à y renoncer & à le détruire. Vous me faites commencer aujourd'hui une nouvelle année: fi dans celles qui font paffées j'avois travaillé comme je le devois à ma Circoncifion fpirituelle, elle feroit aujourd'hui beaucoup plus avancée qu'elle ne l'eft; votre miféricorde me donne encore le temps d'y travailler, & j'at tends d'elle la grace qui m'eft néceffaire pour cela. Peut-être le temps finira-t-il bien-tôt pour moi; mais ce qui me confole, c'eft que fi, quand il finira, & quand vous m'appellerez à vous, je fuis bien appliqué à ce grand ouvrage de la Circoncifion fpirituelle, ce qui y manqueroit feroit achevé par la grace d'une bonne mort, & par le facrifice volontaire que je vous ferai de ma vie. Coupez donc, retranchez par tous les moyens qu'il vous plaira d'employer, ce qu'il y a en moi du vieil homme; afin qu'étant renouvellé dans mon ame par votre efprit, je mérite d'être auffi renouvellé un jour dans mon corps, par les avantages d'une glorieuse réfurrection.

POUR LE JOUR

DE

LA CIRCONCISION.

Sur le faint Nom de JESUS,

COMME

OMME nous avons fouvent dans la bouche en priant, le nom de Jefus qu'il retentit à nos oreilles prefque toutes les fois qu'on nous parle de la Religion, & qu'on le trouve à toutes les pages du nouveau Teftament & des meilleurs livres de piété, j'ai cru qu'il étoit à propos de faire fur ce faint nom quelques réflexions qui puisfent contribuer à nous le faire prononcer, lire ou entendre avec fruit & de maniere que la piété en puisse étre éclairée, enflammée & excitée; & c'eft le but de l'inftruction que je vais faire, & dans laquelle je vous montrerai, 1o. les falutaires effets que

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peut produire le nom de Jefus, lu,
entendu ou prononcé avec réflexion;
2o. la manière de le bien invoquer.

1o. Le facré nom de Jefus bien en-
tendu eft un puiffant remede contre
les vices, & une puiffante exhortation
à la pratique de toutes les vertus;
2o. Il eft infiniment propre à nous
exciter à l'amour le plus ardent &
le plus tendre pour J. C. en nous
représentant & nous rappellant tout
ce qu'il eft pour nous, & toutes les
reffources que nous avons en lui;
3o. enfin, pour les mêmes raisons
rien de plus propre à nous imprimer
une vive confiance en ce nom.

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Cant. n°.

D'abord, le nom de Jefus eft un puiffant remede contre les vices & une puiffante exhortation à la pratique de toutes les vertus. C'eft la pensée de S. Bernard, qui s'exprime Serm. XV. en ces termes : Rien, dit-il, n'eft plus 6. propre que le nom de Jefus à réprimer l'impétuofité de la colere a abaiffer l'enflure de l'orgueil, à 'guérir les débordemens de l'impureté, à éteindre le feu de la convoitife, à appaifer la foif de la vanité, & à' bannir tous les défirs honteux & déréglés. Quelle eft la raifon qu'en donne

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ce Saint? C'eft, ajoute-t-il, que toutes les fois que je prononce le nom de Jefus, je me repréfente un homme doux & humble de coeur, bon, fobre, chafte, miféricordieux; en un mot, orné de toutes les vertus & de la plus parfaite fainteté. Or ce qui nous met devant les yeux les vertus de J. C., ne nous excite-t-il pas en même, temps à les pratiquer, en nous en montrant la néceffité, puifque lui-même 5. Jean nous a dit: Je vous ai donné l'exemple

XHI. 15. afin que vous faffiez comme j'ai fait?

Le nom de Jefus nous annonce le Fils de Dieu fait homme comme notre Sauveur; car c'eft ce que fignifie ce nom. Mais ne nous y trompons pas, il ne veut être notre Sauveur qu'en voulant auffi être notre modele, & qu'autant que nous nous appliquerons Rom. VIII. à nous conformer à lui. Ceux que Dieu

29:

a connus dans fa prefcience, dit S, Paul, il les a auffi prédeftinés pour étre conformes à l'image de fon Fils. Vouloir le falut qu'il eft venu nous apporter fans s'embarraffer d'avoir auffi fon humilité, fa douceur, fa patience, fa charité, c'eft vouloir qu'il fépare des chofes qui ne peuvent être féparées. Il a réfolu de ne point donner l'un

fans l'autre ; il a établi l'un comme la voie pour conduire à l'autre, c'est-àdire, que c'eft par l'imitation de fes vertus qu'il veut nous conduire au falut qu'il eft venu nous mériter & non autrement. Quiconque donc ne veut point prendre cette voie, ne doit point prétendre d'arriver au terme qui eft fon royaume. Auffi remarquez que le faint vieillard Simeon, parlant de J. C. comme notre Sauveur, avertit en mêmetemps que s'il eft pour le falut & la réfurrection des uns, il fera auffi pour la ruine & la perte des autres. Mais il n'en reste pas là; il donne en mêmetemps une marque pour difcerner ceux dont il fera la ruine. Et quelle eft cette marque ? C'eft, dit-il, qu'il fera la ruine de ceux à la contradiction de qui il fera expofé. Et qui font ceux qui contredifent J. C.? N'eft-ce pas visiblement ceux en qui fe trouvent les vices oppofés aux vertus qu'il a pratiquées ? Etre orgueilleux, colere, attaché aux chofes de ce monde; n'eftce pas vifiblement contredire fon humilité, fa douceur, fon détachement? Ce n'eft donc que par la conformité que nous aurons avec J. C., en imitant fes vertus, que nous l'aurons pour

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