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quand une effence est détruite, toutes fes propriétez périflent avec elle; quand une fuppofition vient à ceffer, les fuites de cette fuppofition ceffent avec elle; ce que les Philofophes ont coutume d'exprimer en cette forte: fublatâ causâ tollitur effetus, c'eft-à-dire, la caufe étant ôtée fon effet eft ôté avec elle. Quand un état convient à une chofe dans une fuppofition, qu'il ne lui eft ôté qu'en ôtant cette fuppofition; fi on rétablit cette supposition, cet état fera rétabli. Toutes ces propofitions peuvent paffer pour axiomes, & je les éclaircis dans ma Philofophie generale.

5II. Or le repos convenoit au corps B pendant qu'il étoit feul (b), il étoit une fuite de fa folitude (c; le degré de viteffe que le corps A avoit avant la rencontre du corps B, lui convenoit auffi pendant qu'il étoit feul (s), c'est-à-dire, féparé de B, car il devoit être uni avec une caufe mouvante (d) ce repos n'a été oté au corps B, & cette vitefle n'a été diminuée dans A, que par la rencontre & l'union de ces deux corps (s), ou le mouvement de B & la diminution de la viteffe du corps A ont été une fuite de l'union de ces deux corps, B étant dans la direction du corps A & dans notre hypothese cette union du corps A avec B eft ôtée, chacun de ces corps eft rendu à fa premiére folitude. Donc le mouvement de B & la diminution de la viteffe ou le retardement du corps A qui étoient des fuites de cette union comme les propriétez font les fuites d'une effence, cefferont

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,

(6)Par fup pofition.

(c) N. 263*

[d] N. 2632 380 & 381.

cette union ceffante, B reprendra fon re pos, & A reprendra fa premiére vitesse qui étoient les fuites de leur folitude où de leur féparation.

512. Nommons X, la viteffe du corps A avant la rencontre, & Z la viteffe de AB, après la rencontre. Voici le raisonnement que je viens de faire en général, appliqué en particulier. Ce qui eft une fuite d'un être confidéré feul, ce qui n'est détruit que par l'union de cet être avec des caufes étrangères, doit de nouveau convenir à cet être, fitôt que cet aflemblage de caufes étrangères vient à ceffer, & que cet être fe retrouve feul; ce qui eft une fuite de la combinaifon de plufieurs êtres joints ensemble, & qui ne peut s'enfuivre de chacun de ces êtres confidéré feul, cefle d'exister fitôt que cette combinaison ceffe, & que chacun de ces êtres fe trouve feul. Or le repos étoit une fuite néceffaire de B confideré fcul (e), & n'a été détruit que parceque A en mouvement a rencontré B (f); le mouvement de B n'eft qu'une fuite de la combinaifon de A avec B, & de la rencontre de B par A, il ne convenoit point à B feul (y); de même la vitefle X convenoit au corps A feul (y), & lui feroit toujours convenue N. 364. tant qu'il auroit été feul (g), elle n'a été diminuée & réduite à Z, que par la com binaifon du corps A avec B (y), la viteffe Z ou la réduction de X à Z ne convient au corps A que par cette combinaison du corps A avec B, elle n'eft point une fuite du corps A feul, ni de fa viteffe X (y).

Par fuppofition & Ic n. 263. [Par fup

pofition.

Donc en détruifant la combinaison de A avec B, toutes les fuites de cette combinaifon ceffent, toutes les fuites de leur folitude ou de leur féparation renaiflent avec cette folitude ou cette féparation, le mouvement qui étoit dans B une fuite de cette combinaison, doit ceffer; & B fe retrouvant feul, le repos qui étoit une fuite de cette folitude, doit lui être rendu. La réduction de X à Z, qui n'éroit dans le corps A qu'une fuite de cette combinaifon, doit ceffer; & A se retrouvant feul, la viteffe x que l'on a fuppofé lui convenir dans fa folitude, doit lui être rendue.

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[b] N. 36

513. Il s'enfuit (h) que fi un corps A plus prompt rencontre en fon chemin un autre corps B plus lent, que le corps A augmente la vitefle de B (i), & qu'enfuite [i] N. 477

B ceffe de fe trouver dans le chemin du corps A, chacun doit reprendre la viteffe qu'il avoit avant la rencontre.

la ren

514. Il femble que l'expérience, le raifonnement & les préjugez s'uniffent enfemble pour contredire la propofition que nous venons d'établir (?), & pour perfua- [k] Depuis der à tout le monde, qu'un corps B ayant le n. 509 jus une fois été mis en mouvement par qu'ici. contre d'un autre corps 4, & la viteffe de ce corps A ayant été diminuée par la rencontre de ce corps B, le corps Breftera éternellement en mouvement, & gardera toujours le degré de viteffe qu'il a reçû du corps A, quand même il cefferoit d'être pouffé par A, & que le corps A ne gardera que le degré de vitefle,

auquel il a été réduit par B, quand même il cefferoit de pouffer B devant lui.

515. L'expérience nous aprend que quand on jette une pierre, elle continue de fe mouvoir même après être fortie & féparée de la main qui l'a pouffée; qu'un boulet étant forti du canon & féparé de la poudre qui l'a pouflé d'abord, continue pendant un tems de fe mouvoir; en un mot que tous les corps jettez continuent leur mouvement après être féparez de la cause qui a commencé à les mouvoir. Les Philofophes recherchent la caufe de ce phénomene.

516. Mr Defcartes & fes difciples répondent que Dieu continue de mouvoir immédiatement & par lui-même ces corps, parceque Dieu s'eft fait une maxime inviolable de conferver chaque chofe dans l'état où elle eft, jufqu'à ce qu'il furvien ne de la part des caufes étrangères`une raifon de changer cet état; de forte que felon M Defcartes, il faut plutôt chercher pourquoi ces corps ceffent de se mouvoir, étant une fois en mouvement, que pourquoi ils continuent.

517. D'autres Philofophes qui ne se mettent pas en peine de recourir à Dieu, pour expliquer la confervation du mouvement, & de chacun des états où les êtres fe trouvent, difent que ce mouvement des corps jettez continue par lui-même, qu'aucun être ni aucun état d'un être ne tend de lui-même au néant, que comme n'étant point il ne peut fe donner l'exiftence, auffi étant une fois il ne peut fe l'ôter, & que fans qu'il foit befoin qu'aucune cause lui

conferve l'existence qu'il a une fois, il la conferverá jufqu'à ce qu'une caufe étrangére la lui ôte, & que l'effort qu'il fait pour fe la conferver n'eft autre chofe que fon effence en tant qu'exiftante & en tant que fa deftruction ne peut fuivre de cette effence exiftante; ainfi ils établiffent cette maxime qui revient toujours à celle de Mr Defcartes pour ce qui regarde notre fujet : Chaque chofe tend d'elle. même à demeurer dans l'état où elle eft, jusqu'à ce qu'une caufe étrangère l'ôte de cet état.

518. Les exemples & le raifonnement leur fervent à prouver cette maxime. Un corps, difent-ils, qui a une figure, quoiqu'il l'ait reçûe d'une caufe étrangère, demeurera cependant avec cette figure, jufqu'à ce qu'une caufe étrangère la détruife, fans qu'il foit befoin pour cela que la caufe qui lui a donné cette figure la lui conferve.

519. De même un corps étant une fois en repos, doit refter dans ce repos jufqu'à ce qu'une caufe étrangère détruife ce repos & mette ce corps en mouvement; d'où il s'enfuit par la même raison, qu'un corps étant une fois en mouvement, doit y demeurer jufqu'à ce qu'une caufe étrangère détruife ce mouvement & contraigne ce corps à fe repofer.

520. Le raifonnement vient au fecours de ces exemples. Quand une chofe eft mife dans un état, quoique ce foit par une caufe étrangère, cet état n'eft point contraire à la nature de cette chofe, c'est-à-dire, ne détruit point la nature de cette chofe

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