Imágenes de páginas
PDF
EPUB

eft un état auffi bien que la figure, le repos & le mouvement même. Le changement continuel de direction qui arrive dans le mouvement circulaire n'eft pas moins un état du mouvement, que le changement continuel de place qui arriye dans le mouvement est un état du corps. Néanmoins cet état ne dure qu'autant de tems que la caufe, qui le produit; perfévére & il s'évanouit fi-tôt que cette caufe ceffe, fans qu'il furvienne aucune autre caufe étrangére qui le détruife, par la feule raison qu'il n'étoit point une fuite de ce corps ni de fon mouvement confidéré feul, mais feulement de la combinaifon de ce corps avec les caufes qui l'environnoient; que cette combinaison ceffante, cet état du mouvement, qui en étoit une fuite, doit cefler, & la folitude du corps & de fon mouvement venant à recommencer, le mouvement droit, qui étoit une fuite de cette folitude (r) & qui eft au mouvement ce que le repos eft au corps (s), doit renaître de cette même folitude. Ne voit-on pas dans cet exemple la vérité de notre propofition (r) & de la démonftration que nous en avons donnée (u),-1

533. Quand on m'oppofera donc ce principe (x), je répondrai que l'état dans lequel une chofe eft, convient à cette chofe ou par fon ellence abftraite & confidérée indépendamment de toute folitude & union avec des caufes étrangères, ou par fon effence en tant que feule, c'eft-à-dire par fa folitude, ou par fon effence en tant qu'elle eft en certaine combinaison avec des causes

[blocks in formation]

1

étrangères, c'eft-à-dire, que cet état eft unc fuite ou propriété du composé de cette chofe & des causes étrangères.

534. Si cet état est une fuite ou propriété de la chofe abftraite de toute folitude & union avec des causes étrangères, il convient à cette chofe toujours, par tout, en quelques circonftances qu'elle foit, cet état ne peut être détruit que la chofe ne foit détruite avec lui, & rien ne peut ôter cet état à cette chofe qu'il ne puifle en même tems lui ôter l'exiftence; mais le [] N. 214 mouvement n'est pas de cette forte (y).

[z] De là findun. 517.

535. Si cet état eft une fuite & une propriété de cette chofe en tant que feule, il lui conviendra lorfqu'elle fera feule; il ceffera de lui convenir fi-tôt qu'elle ceffera d'être feule, & lui fera rendu avec sa solitude.

536. Que fi cet état convient à cette chofe en tant qu'elle eft en une certaine combinaison de circonftances de causes étrangères, il fubfiftera tant que cette combinaison durera & il ceffera avec elle; il fera donc détruit non point par lui-même ni par l'effence de la chofe en tant qu'abftraite de toute folitude & de toute union avec des caufes étrangères, mais par la folitude de cette chofe, laquelle folitude a une propriété oppofée à cet état, ou, fi l'on aime mieux, cet état fera détruit par la caufe qui détruira la combinaison d'où il résulte ; & c'eft en cela que le principe (7) eft vrai, car cette union & l'état qui en résulte doit fubfifter jufqu'à ce qu'une cause étrangère les détruife.

$37. Or

[a] N. 509.

$37. Or en fuivant ces principes, la propofition que nous venons d'établir (a) eft très certaine, ce font ces principes là mêmes qui lui ont fervi de preuves (6). Le [b] Depuis corps fuivant ces principes demeure en le n. 5ic jus repos jufqu'à ce qu'il vienne une caufe qu'au 12. étrangère le mouvoir, il demeure en mouvement tant que fon union avec le corps A, qui eft cette caufe étrangère, fubfitte, cette union ceffante & la folitude de B recommençante, le repos qui fuit de cette folitude recommence ; & le mouvement de B eft détruit par la caufe qui a détruit son union avec A, & il a perfèveré jusqu'à ce que cette caufe étrangére vînt le détruire. Mais il faut encore appuyer notre proposition d'une maniere plus forte, en lui faifant une application plus particuliére de nos principes.

538. Pour ce fujet je diftingue deux fortes de perfonnes à qui je peux avoir affaire, les uns ne reconnoîtront point l'exiftence d'un Dicu qui a mis le mouvement dans le monde corporel, croiront que la matiére de ce monde exifte de toute éternité, par elle-même, que le mouvement exifte auffi de toute éternité dans la matiére, tantôt dans une partie & tantôt dans l'autre, que quoique le mouvement n'existe Réceffairement d'une néceffité abfolue dans aucune partie de la matiére, & que chaque partie foit d'elle-même indifférente au mouvement & au repos, en la confidérant abstraite du mouvement & du repos, néanmoins le mouvement & le repos existent Réceffairement dans la matiére en général, K

que pas une des parties de la matiére en particulier n'eft réellement & actuellement indifférente au mouvement & au repos en aucun inftant, que celle qui eft en repos n'eft point indifférente pendant tout le tems qu'elle y eft, mais qu'elle eft nécesfairement déterminée au repos pour tout ce tems-là, & qu'il en faut dire de même du mouvement; que celle qui eft en repos y demeurera jusqu'à ce qu'une cause étran gére vienne la remuer, par cela feul qu'elle doit demeurer dans l'état où elle est jusqu'à ce qu'une caufe étrangère détruife cet état, & qu'elle le doit par la feule néceffité de fa nature & de la nature de fon

état fuppofé exiftant, lequel ne peut fe détruire lui-même, y ayant contradiction qu'il s'exclue de l'exiftence, que par la même raison celle qui eft en mouvement у fera jufqu'à ce qu'elle rencontre un corps en repos à qui elle communique fon mouvement, que tout cela fe pafle fans qu'il foit befoin d'un Dieu qui conferve le repos ni le mouvement, par la feule nature ou effence de ces états exiftans, qui fans avoir befoin de caufe qui les conferve, font confervez par cela feul qu'ils ont commencé d'exifter, qu'il ne fe trouve point de cause étrangère qui les détruife & qu'ils ne peuvent fe détruire eux-mêmes, ni être détruits par la chofe à qui ils conviennent.

539. Les autres font les Cartéfiens qui reconnoiffent avec moi l'existence d'un Dieu créateur & moteur de la matiére, qui conviennent que le mouvement ne peut exister un feul moment moins que Dieu ne lẹ

conferve; & qu'ainfi tant qu'un corps cft
mu, c'eft Dieu qui le tranfporte & qui
l'aplique fucceffivement aux différentes
parties de l'efpace qu'il parcourt; mais ils
foutiennent qu'un corps A en mouvement
venant à en rencontrer un autre B en re-
pos, Dieu qui étoit apliqué à porter im-
médiatement & par lui-même le corps A,
partage, pour ainfi dire, la force qu'il
employoit à ce tranfport, en laiffe une
partie apliquée à tranfporter A moins vîte
qu'auparavant, & aplique l'autre partie à
tranfporter B immédiatement par lui-mê-
me & indépendamment du corps A, de
telle forte que quand même B cefferoit de
fe trouver dans fon chemin, Dieu ne cef-
feroit pas pour
cela de mouvoir ce corps B
& ne porteroit pas le corps A plus vite
qu'il a fait depuis qu'il a rencontré B; par
cette raifon, difent-ils, que Dieu auteur
de la nature s'eft fait cette loi immuable
que chaque chofe demeure dans l'état où
elle eft, jufqu'à ce qu'il furvienne de la
part des caufes étrangères une raison de
détruire cet état..

540. Pour commencer par les premiers,
je fuppoferai d'une part un corps A d'un
pied cubique en mouvement, parcourant
une toife à chaque minute & je nomme-
rai X ceste viteffe, je fuppoferai d'une
autre part un autre corps B auffi d'un pied
cubique en repos. Pour ne point fuppofer
ce qui eft en question entr'eux & moi, je
ne confidérerai point que Dieu conferve le
mouvement dans ce corps, auffi bien cela
n'eft-il point néceffaire pour la Phyfique (c). & 320.

[c] N. 319

« AnteriorContinuar »