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[d] Fin du

n. 537.

541. Je confidérerai donc avec ceux à qui j'ai préfentement affaire, le corps 4 comme ayant fon mouvement par lui-même, ou bien en leur accordant pour un moment qu'ils ont raison, pour leur faire mieux comprendre dans la fuite qu'ils ont tort; je confidérerai ce corps A comme confervant par lui-même fon mouvement qu'il a reçû d'un autre corps, fans qu'il foit befoin qu'aucun autre caufe le conferve, en vertu du principe qu'ils ont voulu cideffus (d) établir.

542. Ce mouvement & cette viteffe X continuent donc par eux-mêmes d'exister dans le corps A, fans qu'aucune caufe étrangère les y conferve, felon nos adver faires; ils exiftent néceffairement, étant une fois fuppofez exiftans, ils exifteront éternellement fi une caufe étrangère ne les détruit. Ils font attachez au corps A, font des modes de ce corps & ils lui font propres, ce corps étant feul, ils existeront toujours & leur confervation fera une fuite néceffaire de la folitude du corps A.

543. D'un autre côté je confidére le corps 3, le repos eft en lui, il lui eft propre, il eft une fuite de fa folitude préfente, c'eft-à-dire, qu'il lui conviendra éternellement s'il demeure éternellement feul. Voilà la fuppofition & la fuite du principe (4) de mes adverfaires.

544. Préfentement les chofes changent, A rencontre dans fa ligne de direction, doit-il arriver & d'où ce qui arrivera [el Depuis s'enfuivra-t-il ? Par ce qui eft dit ci-deflus le n. 467 jul qu'au 2.473. (e) Bfera mis en mouvement, 4 n'ira plus fi

que

vite qu'auparayant & la maffe totale A+B parcourra une demi-toife par minute: nommons Z cette viteffe de A+B, cet effet n'eft point une fuite du corps A feul ni de B feul; s'ils étoient éternellement demeurez feuls, cet effet ne feroit jamais arrivé, c'eft une propriété qui réfulte de l'union de A & de B ;& dans l'opinion des adverfaires à qui j'ai préfentement affaire, cet effet ou cette propriété doit fuivre de cette union, comme l'égalité de trois angles à deux droits s'enfuit de l'effence d'un triangle, par une néceffité de la nature & de l'effence même de cette union: car nos adverfaires ne reconnoiffent point d'intelligence qui régle ces chofes."

545. Pat conféquent cette union étant ôtée, que doit-il arriver? Que les fuites & les propriétez de cette union ne feront plus, de même que le triangle étant détruit, l'égalité de fes trois angles à deux droits périt. Or la fuite de cette union étoit le mouvement de B, fa vitefle Z, la réduction de la viteffe x dans le corps A à la même viteffe Z. Ce mouvement de B doit donc cefler avec cette union, B doit fe trouver en repos, reprenant cette fuite de fa folitude qui felon les adverfaires que je réfute préfentement, fuivoit, & qui par conféquent doit fuivre encore de cette folitude, comme l'egalité de trois angles à deux droits fuit de ce que ces trois angles font les angles d'un même triangle; ce repos n'ayant été détruit qu'avec cette folitude doit renaître avec elle, comme l'égalité des trois angles d'un triangle à

deux droits ayant été détruite avec ce triangle, renaîtra avec lui, s'il vient à être reproduit. Par la même raifon A doit reprendre la vitesse x.

546. Cette démonftration eft fondée fur la fimple confidération de l'effence & de la nature des chofes fuppofées. Tâchons de fatisfaire s'il fe peut, ceux qui aiment mieux fe conduire par imagination, arrê tons-nous encore un moment à confidérer le corps A joint au corps B, le remuant & lui communiquant la viteffe Z; penserons-nous qu'après le contact des corps A & B ou dans l'inftant même de ce contact, la viteffe Z foit tellement transportée dans B, & qu'elle lui devienne fi propre & fi indépendante, qu'elle ceffe à l'inftant d'être produite par A (Car fi nous croyons que le corps produife cette viteffe dans B pendant tout le tems que B fera dans la N. joy. direction du corps, notre proposition (ƒ) eft certaine;) croyons-nous donc que le mouvement ne foit produit par A dans B & dépendant du corps A qu'au moment précis du contact? Si A+B avec leur viteffe Z venoient à produire quelqu'effet, je demande lequel des deux de 4 ou de B feroit regardé comme caufe principale ou comme caufe inftrumentale de cet effet? Ne feroit-ce pas A qui feroit cause principale & B cause inftrumentale ? Si cela eft, B continue donc de recevoir fon mouvement du corps A, comme un inftrument le reçoit continuellement de la cause principale tant qu'il agit, & fi-tôt que la caufe principale ceffe de le mouvoir & de

le faire agir, il ceffe d'être mu & d'agir. 547. Dira-t-on que les corps A & B seront également caufes principales de l'effet qu'ils produiront enfemble, & que chacun n'en fera que caufe partielle ? Il faudra donc dire par la même raison qu'un Peintre & un pinceau font également caufes principales du tableau qu'ils font enfemble; I'Ecrivain & la plume, de l'écriture; qu'une poutre & un homme qui la porte font également caufes principales du mouvement des corps qui feront renverfez par cette poutre; qu'un homme & un bâton font également caufes principales de ce que cet homme fait avec fon bâton; que l'eau d'une riviére & les gros glaçons on autres corps qu'elle entraîne font également caufes principales du renversement d'un pont & des autres dégats qui font produits par la rencontre de ces glaçons : car le pinceau reçoit le mouvement du Peintre, la plume de l'Ecrivain, le bâton de l'homme, la poutre de celui qui la porte, les glaçons de l'eau, & ce qui eft à remarquer c'eft que l'eau qui retarde fon mouvement derriére le batteau ou autres corps qu'elle pouffe devant elle, reprend fa premiére viteffe fi-tôt qu'elle est déba

raflée de cet obftacle.

548. Je ne dis pas cela précisément pour prouver ma propofition, elle eft affez prouvée par la nature des chofes. Nous ne trouverons point d'expériences qui foient dans des hypothêfes auffi fimples que celles que nous faifons, elles feront toujours envelopées d'une infinité de circonftances

qui auront chacune leur part dans les effets. C'est donc feulement pour montrer que nous avons des expériences pour nous auffi bien que nos adverfaires, & même qui aprochent plus de notre hypothèse que celles que nos adversaires aportent, puifque l'accélération du mouvement des corps jettez démontre une cause qui continue leur mouvement, comme je l'ai fait voir Ig N. sa ci-deffus (g).

549. On dira peut-être qu'il y a une grande différence entre les corps A & B dans notre fuppofition & le Peintre avec fon pinceau ; que ceux-ci ne forment qu'un feul tout, lequel a un mouvement commun; que le pinceau n'a que ce mouvement commun, & n'en a point de propre ; qu'il est dans la main du Peintre comme un homme afsis dans un batteau, lequel ne se meut point par raport à ce batteau & n'a que le mouvement commun du batteau, lequel ceffant d'aller & d'emporter cet homme, celui-ci n'eft plus emporté; que cet homme ne ceffe d'être en mouvement que parcequ'ayant toujours été en repos à l'égard du batteau, il continue de conferver ce repos, en vertu du principe ci[b] Fin du deffus (b) établi, jufqu'à ce que quelque

a. 517.

cause le lui ôte; qu'il faut dire le même
des autres exemples. Que fi l'eau déba-
raffée des obstacles reprend fa premiére
vitesse, cela ne vient pas de ce qu'elle la
reprend d'elle-même, mais parcequ'il eft
furvenu de nouvelle eau qui l'a fait gon-
fler contre cet obftacle, l'a chargée plus
qu'auparavant, & que cette charge la fait

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