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furent préfens à l'explication des expériences de Phyfique, dédiées à Madame la Ducheffe de Vantadour, qui fut faite par un de mes a M. l'Abbé Auditeurs (a), le 26 de Juillet 1717.

Neiet.

11 eft impoffible de bien entendre toutes les expériences de Phyfique, fi l'on n'a auparavant une idée du fyftême general de l'univers. J'entens ici par ce fyftême non feulement l'arrangement des cieux, des aftres & de la terre, comme on a coutume de l'entendre, mais auffi les régles du monvement des corps; ce qui doit fuivre de leurs rencontres, les différentes fortes de corps qui doivent fe trouver dans ce monde vifible l'action des uns fur les autres, & les différens effets qui doivent réfulter de cette action. Or pour établir ce fyftême général, il a fallu remonter à la fource, il a fallu reprendre les chofes de plus haut, faire voir ce que la Métaphyfique nous apprend du corps, montrer que ce n'eft point le connoître que de favoir que c'eft chofe qui a une étendue impénétrable & folide, ou d'en

avoir plufieurs autres idées que plufieurs perfonnes nous en donnent. Je fais voir dans la Piéce latine jointe à cette première partie, que les fubftances font de vrayes formes ou maniéres d'être, qu'elles doivent être exprimées par des noms abftraits, & que le nom d'étendue, qui eft abftrait, ne doit point nous épouventer. Je montre que toutes les maniéres ou façons qui fubfiftent dans un fujet diftingué d'elles, comme la rondeur, qui eft une façon d'une partie d'étendue, renferme dans fon idée celle du fujet où elle eft, c'est-à-dire, de la chofe qui eft de cette maniére là, d'où il s'enfuit que quand on conçoit une maniére, fans concevoir aucune chofe qui foit de cette maniére-là, cette maniére ou façon ne fubfifte point en un sujet distingué d'elle, ou qu'elle n'eft point façon d'une autre chofe qu'elle, mais qu'elle eft une vraye substance. Tout cela fert merveilleusement pour le premier Chapitre de cette premiére Partie où je montre que l'étendue eft une fubftance, qu'elle

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eft la feule chofe que nos lumiéres naturelles puiffent nous faire regarder comme l'effence du corps, & qu'il eft contre la raison d'imaginer deux étendues comme différentes dans leur effence. Ce font, dira-t-on, des chofes qui font connues, & qui ont été dites par bien d'autres mais les raifons que j'en apporte, ne font-elles point nouvelles le Lecteur en jugera. Je les croi démonstratives, & je penfe avoir repouffé ceux qui penfent le contraire jufques dans leurs derniers retranchemens.

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Il a fallu auffi montrer la divifibilité infinie de l'étendue, pour tâcher de prévenir une infinité de difficultez qui peuvent naître dans l'efprit de ceux qui ne font pas encore verfez dans la Phyfique, lorfqu'on leur parle de corps fi petits qu'ils paffent tout ce que notre imagination peut atteindre. On regardera peut être cette divifibilité infinie comme une chofe triviale, mais la démonftration ne peut-elle point être pouflée plus loin qu'elle n'a coutume de l'être : Ne peut-on

point en apporter des raisons qui faffent tomber les réponfes que l'on donne aux démonftrations ordinaires? Celles que j'apporte, fontelles de cette nature? C'est l'affaire du Lecteur de dire ce qu'il en penfera. A-t-on démontré que quand même une substance fimple feroit étendue, son étendue pourroit fe trouver divifée par par moitiez, quarts, &c. en des lieux éloignez les uns des autres Les preuves que j'en apporte font-elles des démontrations? Je ne veux & ne dois pas en être le Juge?

Il a été neceffaire enfuite de bien établir la Nature du lieu, celle du mouvement & du repos avec leurs propriétez, de montrer que le repos ne contient en lui-même aucune force, quoique le corps qui eft en repos puiffe en contenir du côté de fon étendue, mais cette force de l'étendue en repos eft toujours moindre que la force de cette mê me étendue en mouvement. Il a fallu prouver que le corps feul & par lui même doit être en repos. Je croi que l'on ne trouvera pas

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par tout les raisons que j'en donne. On croit communément que le corps eft fi indifférent au mouvement & au repos, qu'il doit toujours demeurer en mouvement, lorfqu'il y eft une fois, fans qu'il foit befoin que la caufe feconde qui le lui a donné, le lui conferve. Je détruis cette pensée ; je montre que le corps eft déterminé par lui-même & par fa nature en tant que feule, au repos, qu'il faut une cause étrangére pour le mouvoir & pour lui conferver fon mouvement, & que cette caufe ceffante il recommence à fe repofer. S'il fe trouve quelque Auteur qui ait dit la même chose, peut-être trouvera-t-on quelque chofe de nouveau dans les preuves que je donne, & je croi qu'elles font de vraies démonftrations: fi je me trompe en cela, ce ne fera pas une chofe furprenante. Tout cela fert merveilleufement pour établir les regles du mouvement, fans lequel la machine du monde deviendroit tout d'un coup une maffe informe & fans beauté. On fera peut- être dégoûté d'entendre

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