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déguiser fon veritable but : Quel or» dre enfuite, & quelle jufteffe dans ,, la divifion : Comment dans les preu»ves l'Orateur eft fubtil, vif, fer» rẻ, tantôt véhément, tantôt doux & infinuant: Quelle force il met dans fes invectives, & quel agrément, » quel fel dans fes railleries: Comment quel » il remue les paffions, fe rend maître >> des cœurs, tourne les efprits à fongré: Quelle eft la propriété, l'élégance, » la nobleffe des expreffions: En quel » cas (2) l'amplification eft loüable » & quelle eft la vertu oppofée: La » beauté des métaphores, & les diffé»rentes figures: Enfin, ce que c'est qu'un ftyle coulant & périodique, mâle & nerveux. › pourtant Aux chef-d'œuvres qui nous reftent des Anciens, il fera bon quelquefois, continuë Quintilien, d'oppofer certaines pièces, que le mauvais goût du fiècle fait qu'on admire, & de » remarquer combien il y a de chofes impropres, obfcures, enflées, baf»fes, rampantes, puériles, affectées, qui

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(2) Voyez là-deffus Quintilien, VIII, 4.

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qui non-feulement ont une appro»bation prefque générale, mais qui »ne l'ont que parce qu'elles font mau"vaises. Car un difcours fenfé, & qui » n'a rien que de naturel, n'eft d'au» cun mérite; on n'y trouve point d'ef» prit. Mais ce qui eft recherché

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détourné, & hors de la droite rai» fon, voilà ce qu'on admire aujour"d'hui.

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» J'avoue cependant, ajoûte ce fage » Rhéteur, qu'il y a eu de nos jours, " & qu'il y a encore d'excellens écri"vains. Je le foûtiens même. Mais » de favoir juger quels ils font, c'eft ce qui n'appartient pas à tout le monde. »Il eft plus für d'imiter les Anciens, dont le mérite n'eft plus douteux. Ain» fi je confeille de ne point s'attacher » de fi bonne heure aux Modernes, de » peur qu'on ne les imite avant que » de bien connoître ce qu'ils valent.

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Qui voudra donc fe former le goût pour l'Eloquence, prendra néceffairement fes modéles dans l'Antiquité : & dès-lors fon choix ne peut tomber que fur Démofthéne, où fur Cicéron dont le paralléle n'eft nulle part mieux

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détaillé, ni plus inftructif, que dans Quintilien.

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» Je trouve, dit-il, qu'ils fe ref» femblent (3) en tout ce qui eft de » l'Invention. C'eft dans l'un & dans » l'autre la même manière d'envisager » un fujet ; de divifer; de préparer les efprits; de prouver. Quant au ftyle, y a quelque différence. L'un eft plus précis, l'autre plus abondant. » L'un ferre de plus près fon adver» faire; l'autre pour le combattre, se » donne, s'il faut ainfi dire, plus de champ. Il n'y a rien à retrancher de » l'un, rien à ajoûter à l'autre. On voit » dans Démosthène plus de foin & d'é» tude : dans Cicéron plus de naturel » & de génie. Pour ce qui eft de ma» nier finement la raillerie, & d'émou»voir la pitié, deux points d'une ex

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trême conféquence, il eft certain que » Cicéron y réuffit mieux- que l'autre. » Mais ce qui donne la fupériorité » Démosthène, c'eft qu'il a été avant » Cicéron, & que l'Orateur Romain, » tout grand qu'il eft, doit une par

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(3) Voyez Quintilien, liv. X, chap. I.

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tie de fon mérite à l'Athénien. Car il me paroît que Cicéron ayans » tourné toutes fes penfées vers les » Grecs, pour fe former fur leur mo » déle, il a raffemblé en lui, & la » force de Démofthéne, & l'abondance » de Platon, & la douceur d'Ifocrate.

Non qu'il en foit redevable feule"ment à fon travail, & au fecours de » l'imitation: mais il a comme enfanté » de lui-même la plufpart de leurs per»fections, ou pour mieux dire, toutes, par l'heureufe fécondité de fon » divin génie. Car, pour me fervir d'une expreffion de Pindare, il ne » ramaffe pas les eaux du ciel pour ré»médier à fa féchereffe naturelle; » mais il trouve dans fon propre fonds » une fource d'eau vive, qui coule "fans ceffe à gros bouillons: & vous

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dirież que les Dieux l'ont accordé à » la terre, afin que l'Eloquence fît » l'effai de toutes les forces en la perfonne de ce grand homme. Qui eft»ce, en effet, qui peut inftruire avec plus d'exactitude, & toucher avec plus de véhémence? Et quel Orateur a jamais eu plus de charmes? Jufque

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là que ce qu'il vous arrache, vous croyez le lui accorder; & que les » Juges emportez par fa violence, comme par un torrent, s'imaginent » fuivre leur mouvement propre, quand ils font entraînez. D'ailleurs » il parle avec tant de raifon & de poids, que vous avez honte d'être » de fentiment contraire. Ce n'est pas

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le zéle d'un Avocat que vous trouvez » en lui; c'est la foi d'un Témoin, & "d'un Juge. Et toutes ces choses, » dont une feule coûteroit des peines infinies à un autre, coulent en lui » naturellement, & comme d'elles"mêmes; en forte que fa maniére d'é» crire, fi belle & fi inimitable, a cependant l'air le plus aifé du monde. » Ainfi ce n'est pas fans fondement que » les gens de fon temps ont dit qu'il régnoit au Barreau: comme c'est » avec juftice que ceux qui font venus depuis, l'ont tellement eftimé, que » le nom de Cicéron eft moins aujour» d'hui le nom d'un homme, que ce» lui de l'Eloquence même. Ayons » donc les yeux continuellement fur lui: qu'il foit notre modéle : & te

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