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les enfans, de les nourrir, de les vêtir, &c. cette abondance de matière vifqueufe furcharge souvent l'eftomac, les inteftins, fiège conftant des premiers maux des enfans d'un âge tendre. On doit regarder comme feconde cause la qualité du lait, ou des autres alimens dont on nourrit les enfans. Il en résulte une troifième de la délicateffe de leurs fibres mufculaires, & de la grande irritabilité de leur genre nerveux. Ajoutons à cela le défaut d'exercice fi avantageux pour nous dans un âge plus avancé, & auquel nous fommes, pour ainfi dire, forcés; mais dont l'art ne peut, en aucune manière, compenfer le défaut.

Delà naiffent des acidités dans les premières voies des enfans, & dont leurs premières maladies ou fouffrances font toujours accompagnées. La première de leurs maladies vient du méconium, retenu en tout ou en partie dans les intestins. Le mal qu'ils en reffentent eft particuliérement celui des enfans qui font aux premiers momens de leur vie. La dernière maladie, propre à leur âge, eft la dentition, circonftance dans laquelle l'état des inteftins eft fi fort intéreffé.

A mesure que nous avancerons, il eft bon de faire quelques remarques ultérieures fur chacun de ces différens articles, afin de connoître plufieurs caufes accidentelles, résultantes des écarts ou des erreurs dans l'ufage des choses non natu

relles, comme on a voulu les appeller. D'abord on doit envisager la quantité de la nourriture qu'on donne aux enfans, & le peu d'attention que l'on a fur l'état plus ou moins refferré du ventre; enfuite, le peu de foin que l'on a de faire lâcher les (1) vents à un enfant après qu'il a pris fa nourriture, ou qu'il eft retiré du fein.

Les fymptomes de ces premiers maux des enfans, & qui nous mettent à portée d'en appercevoir la nature, font, fur-tout, la rétention, l'excrétion des matières, les rots acides, les naufés, les vomiffemens, les felles, le caractère des matières rejettées, les veilles, l'inquiétude, la foif, la chaleur, certaine manière de refpirer ou de crier, le retirement des extrémités inférieures des puftules ou des éruptions, foit internes, foit externes ; le pouls & les urines font des fignes moins décififs que dans les adultes. On peut ajouter à tout cela l'ouverture ou la folidité plus ou moins ferme des fontanelles & des futures; la laxité ou la contraction de la peau en général, & du fcrotum en particulier.

(1) L'auteur répète fouvent ce précepte avec raifon M. Armstrong & Rofeen l'ont auffi répété plufieurs fois Cette quantité nuifible d'air qui fe dégage des alimens dans l'eftomac, avoit été observée par les anciens. Voyez Hippocr. Foës. p. 297.

CHAPITRE II.

Du Méconium.

APRÈS PRÈS avoir ainfi paffé rapidement fur les caufes générales & fur les fymptomes les plus ordinaires, je vais confidérer les maladies mêmes, & jecommencerai par la rétention du méconium.

Le méconium eft cette matière noire, vifqueufe ou tenace bien connue, que les enfans rendent par les felles pendant les deux ou trois premiers jours de leur naiffance, ou qui eft retenue chez eux, mais non fans les plus mauvaises conféquences.

J'ai déjà dit, d'après même l'opinion de plufieurs anciens, tels que Hippocrate, Celfe, Paul d'Egine, que la première caufe des maladies des enfans venoit de quelque défaut ou vice des premières voies: c'eft ce qui m'a long-temps fait foupçonner qu'on donnoit lieu à cet inconvénient, faute d'apporter une attention convenable à la prompte évacuation du méconium. Quelquefois il eft fi adhérent aux tuniques internes qu'il y refte aglutiné pendant nombre de jours, fans être aucunement détaché par les médicamens les plus actifs, comme je le montrerai bientôt. Je remarquerai feulement ici que, s'il n'eft pas

retenu en totalité, il en reste souvent une partie beaucoup plus de temps qu'on le croit communément; & il ne fort enfin que fort tard, dans des momens où l'on n'auroit nullement foupçonné qu'il fût retenu dans le corps.

à

Il paroît que le méconium n'eft plus d'aucune utilité dans le corps, lorfque l'enfant eft né; moins que (1) ce ne foit pour empêcher le canal

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(1) Le méconium ne peut être alors d'aucune utilité : plutôt il fort, mieux vaut, felon même les vues de l'auteur. Il paroît que dès la plus haute antiquité l'on fongeoit à faire évacuer promptement cette "humeur, pour empêcher qu'elle ne contractât de l'acrimonie par fa réfidence comme on le voit, liv. 4, de morbis, Hippocr. Foës, p. 51; mais cet ancien auteur la regardoit comme une humeur douce de fa nature. Je vois que M. Hamilton ne s'éloigne pas de cette idée, & ne craint pas tant cette humeur, que notre auteur & nombre d'autres écrivains. Ce qu'il dit me paroît mériter quelque attention.

« On s'imaginoit autrefois que le méconium étoit d'une » qualité maligne & même vénéneufe; de forte que s'il » n'étoit pas immédiatement évacué, il devoit occafionner » des coliques, des vomiffemens, des fpafmes & les » plus fatales conféquences de-là cet ufage de donner » des purgatifs aux enfans dès qu'ils font nés: pratique à » laquelle on n'a pas encore renoncé. Cependant j'obfer» verai ici que la réfidence de cette humeur occafionnera » moins d'inconvéniens, qu'il n'en réfulte de l'acrimonie

des purgatifs qu'on fait prendre aux enfans, Le meilleur

inteftinal de s'affaiffer fur lui-même, jufqu'à ce qu'il foit rempli des alimens que l'enfant doit prendre après cela; mais s'il n'eft pas éconduit, non-feulement il changera la qualité du lait ou des autres alimens; mais, comme fecrétion bilieuse, au moins en grande partie, étant susceptible de devenir très-acrimonieux, il produira néceffairement des flatuofités, des indigeftions & d'autres mauvaises fuites: c'eft par cette raison fans doute, que la nature a fagement donné au premier lait des animaux une qualité apéritive & déterfive. Cela fuffit, je penfe, pour nous indiquer que nous devons aider l'expulfion du méconium.

En effet, quoiqu'un enfant foit allaité par fa mère, & qu'alorsil n'ait pas autant besoin d'autres fecours, il n'en eft pas moins vrai que la nature ne remplit pas toujours fon devoir complétement. C'est donc d'après plufieurs preuves frappantes de cette vérité, que je me fuis étendu à

» moyen d'en procurer l'évacuation eft de mettre l'enfant » au sein, fans beaucoup attendre. Si la mère n'allaitoit » point, on doit préférer un peu de fyrop de fucre délayé » dans de l'eau chaude. Si l'enfant montroit de l'averfion » pour le fein, & qu'on apperçût qu'il eût envie de » vomir, on céderoit à la pratique ufuelle, en lui donnant » quelques grains de fel diffous dans l'eau, p. 271 »..

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