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croiroit déjà voir hors de la gencive: voilà donc pourquoi il est avantageux de fendre la gencive. On fait ceffer par ce moyen la fièvre, les convulfions; symptomes très-fâcheux, qui n'ont pas lieu en pratiquant l'opération : car, je le répète, la gencive n'eft pas fort fenfible.

Dans d'autres cas, la fièvre & la douleur, femblent venir du moment même où la dent commence à pouffer dans la mâchoire, et qui ne paroît que quelques femaines après qu'on a percé convenablement la gencive. De- là les parens concluent que l'opération eft inutilement faite. Je fuis, malgré cela, convaincu par l'expérience, que cette petite opération, moins pratiquée qu'elle devroit l'être, eft fouvent du plus grand avantage, & a garanti plufieurs enfans de leur perte, en faisant ceffer les fymptomes les plus alarmans, & lorfque d'autres moyens curatifs avoient été employés fans fuccès.

On peut même réitérer l'opération; car l'efcarre ne nuit en rien. Il eft réellement néceffaire de la réitérer fréquemment en certains cas, vu l'extrême difficulté avec laquelle certains enfans font leurs dents, fur-tout les doubles, qui font pourvues de deux tubercules; la fièvre, la diarrhée, & même les convulfions, peuvent avoir lieu par le feul tubercule d'une groffe dent, qui offenfe le périofte dont elle est recouverte ;

& qui fe trouve plus près de la fuperficie. La lancette ne peut quelquefois pas fendre complettement la membrane qui recouvre le reste; mais, cette partie n'étant pas encore forcée par la dent, les fymptomes fe calment par l'ouverture qu'on a faite à la partie enflammée de la membrane.

Quelque tems après il arrive qu'un autre tubercule de la dent irrite le périofte, & demande auffi le fecours de la lancette, qui fait bientôt difparoître les symptomes. Voilà au moins comme j'ai conçu qu'il falloit procéder, après avoir expérimenté, qu'en employant la lancette pour une dent de certaine groffeur, les fymptomes difparoiffoient immédiatement, quoique la fièvre & les autres accidens revinffent, & que la dent ne parût qu'en réitérant deux ou trois fois l'opération.

Néanmoins quelques écrivains, & en particulier le docteur Millar, ont penfé qu'il ne falloit pas entamer jusqu'à la dent, mais (1) feulement

(1) Heifter confeille auffi des fcarifications. Je crois cette opération peu utile, & même nuifible. On dégorge il eft vrai, la partie enflammée; mais c'eft trop faire fouffrir un enfant, pour ne lui procurer qu'un foulagement paffager. D'ailleurs, eft-il bien vrai qu'il n'en réfulte jamais quelque ulcère? Le cas eft arrivé : il eft donc à oraindre. Ainfi, ou trouvez le moyen d'amollir effectivement la gencive,

scarifier la gencive, à moins que la dent ne foit très-proche. Il craint que l'inftrument ne la bleffe, & n'y occafionne de la carie, qui, felon lui, peut fe communiquer à celles qui fuccéderont; mais il n'y a rien à craindre. Il n'a eu ces fcrupules que pour n'avoir pas fait affez d'attention à la. feconde dentition des enfans. En fuppofant que les premières dents, qui font toujours de courte durée, foient offensées par la lancette, les fecondes qui leur fuccèdent n'ont rien à redouter de la carie des premières.

En effet, les premières dents des enfans deviennent conftamment cariées, même jusqu'à la racine; & c'est par ce moyen qu'elles fe lâchent & tombent quand elles font abandonnées à ellesmêmes. La partie fupérieure des fecondes, qui se trouve en contact avec le bas carié du premier rang qu'elles chaffent dehors, n'en est nullement affectée.

Je me fuis un peu arrêté fur cette article, parce que j'ai vu les écrivains peu d'accord à ce sujet, qui quelquefois devient de la plus grande importance.

ou bien ouvrez-la dans un cas urgent. Il ne faut pas d'autre raisonnement, mais du foulagement. Plerumque enim non ratiocinatione ; fed auxilio indigent. Hippocr. Foës. p. 24. De decent, habit.

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Il eft ordinaire d'oindre les gencives avec des huiles & des mucilages; mais fi l'on a besoin de choses semblables, je penfe qu'un peu de miel eft préférable à tout, même en le rendant un peu acide avec l'efprit de vitriol, Le meilleur hochet qu'on puiffe lui donner à fucer, eft une croûte de pain, ou un morceau de 1egliffe gratté: cela cède fans peine à la preffion des gencives.

On doit toujours avoir pour maxime pendant la dentition, de diminuer un peu la dofe des alimens, & d'augmenter celle des boiffons, à moins que l'enfant ne foit un peu affoibli, ou que tout n'aille auffi-bien qu'on le defire. Si l'enfant eft encore à la mamelle, on fera auffi attention au régime de celle qui le nourrit.

Les enfans ont quelquefois les gencives ulcérées pendant la dentition, même lorfqu'on n'y porte point la lancette. On guérit aisément cet accident en tenant le ventre libre, & en touchant les gencives avec quelque doux aftringent. Un peu de vitriol blanc ou d'alun (■) de roche, mêlé avec du miel, eft tout ce qu'il faut pour ces vues. Si cela venoit à ne pas réuffir, on traitera le mal, comme il fera dit ailleurs, en parlant des chancres.

(1) Gardez-vous de porter de l'alun dans la bouche des enfans, fous quelque forme que ce foit : c'eft un vrai poifon.

CHAPITRE XV I I.

PLUSIE

De la Fièvre.

LUSIEURS Médecins ont prétendu que les enfans étoient auffi fujets aux fièvres que les adultes, & par les mêmes caufes; mais l'expérience ne m'a pas prouvé cette doctrine; & je fouhaite que les parens fe raffurent d'après mon obfervation. En effet, j'ai remarqué pendant plufieurs années dans les hôpitaux, & dans ma pratique particulière, que les enfans ne font pas facilement pris des fièvres qui courent çà & là, quoiqu'expofés long-tems à la contagion qui attaque les adultes dont ils font environnés. Les fièvres des enfans font auffi de courte durée, fi on les traite convenablement, comme (1) Hippocrate

(1) Je remarque ici ne fingulière erreur. C'eft, fans doute, un laps de mémoire dans l'auteur. Le paffage que je connois dans le livre cité, qui pourroit être relatif à fes vues, regarde la fievre quarte d'automne, produite par l'effet de l'atrabile; il n'y eft pas queftion d'enfans: c'est la dernière phrase du livre. « Si quelques fujets font pris de » cette fièvre, hors de cette faison & de cet âge ( de vingt» cinq à quarante-cinq ans), il faut bien favoir que la » fièvre ne fera pas de longue durée, à moins que quelque

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