Imágenes de páginas
PDF
EPUB

adultes; avec cette petite différence feule, que les enfans, vu leur délicateffe, ne peuvent foutenir long-tems un régime très-antiphlogistique, ni les fortes évacuations qui conviennent fouvent aux autres, c'eft fur quoi les praticiens

P. 104. Les enfans font encore expofés à la petite» vérole, & à la rougeole, maladies qui en enlèvent un » grand nombre; ce qu'on ne fait que trop bien; mais » ces deux maladies ne leur font pas particulières, non plus » que d'autres, dont ils meurent. Quoi qu'il en foit, j'ai » souvent eu occafion d'effayer le vin antimonié dans les » cas de petite-vérole chez les enfans & les adultes; & » j'en ai remarqué de très-bons effets, lorfque l'eftomac » étoit fale. Si la fièvre devient forte, j'ai pour principe » de faire d'abord faigner; & fi le ventre eft refferré, »j'ordonne un lavement, ou, ce qui vaut toujours mieux, » une petite dose de calomel ( rien de mieux vu), à faire » prendre avant dans la nuit, pour adminiftrer le matin » fuivant un doux purgatif rafraîchiffant.

»Je n'ai pas eu occafion d'effayer le vin antimonié » dans les cas de rougeole la plupart de mes malades » ayant été affez heureux pour se tirer promptement » d'affaire, par la méthode ordinaire ››

Les cures nombreuses & étonnantes que fit Juvellina avec le vin antimonié dans les épidémies varioleufes, que les autres circonftances rendoient les plus mortelles, font une preuve triomphante de l'excellencé de ce médicament dans ces maladies. J'ai déjà cité cet habile Médecin moine, difciple de Rivière dans Rofeen: fon ouvrage eft prefque entiérement ignoré ; je ne le vois cité que par un Espagnol.

éclairé

éclairés font d'accord. Les enfans, dit Celfe, ne doivent pas être traités fans réserve, de même les hommes faits. Liv. 3, chap. 7, p. 134.

que

Je penfe donc qu'il eft inutile d'entrer dans de longs détails fur ces maladies. J'obferverai feulement ici qu'il faut non-feulement tenir libre le ventre des enfans pendant tout le cours de la rougeole; mais même qu'ils foutiendront bien une faignée, & plufieurs, fi on les croit néceffaires; par exemple, fi les fymptomes s'aggravent, foit devant, foit après l'éruption.

Quant à la petite-vérole, je faifirai l'occafion de dire quelques mots fur l'inoculation, parce que les parens font fujets à tomber dans de grandes méprises fur l'âge & les circonstances les plus convenables à cette opération.

On pense communément que le premier âge de l'enfance eft le tems le plus propre à l'inoculation. Les Médecins ont même bien de la peine à perfuader du contraire. Un enfant à la mamelle, dit-on, n'est pas encore entaché d'humeurs peccantes; il a un fang doux, balfamique; fa nourriture eft fimple, & les paffions de l'ame ne l'agitent pas encore: cela est vrai; mais ces avantages font bien contrebalancés par la délicateffe de fon organisation, par la disposition aux fpafmes, fon impuiffance à foutenir victorieufement l'impreffion d'une forte maladie, s'il arrive

M

qu'il en foit attaqué or, ce font-là des faits pofitifs.

Les enfans ont ordinairement la petite-vérole affez modérée, foit fpontanément, foit par inoculation néanmoins, dans l'un & l'autre cas, ils périffent quelquefois d'un accès fpafmodique, au moment de l'éruption; & rarement ils peuvent parcourir tous les périodes de la maladie fi la petite-vérole eft copieuse, ou confluente, ou d'une nature maligne. Mais ce qui devient encore une objection contre l'inoculation des enfans à la mamelle, c'eft qu'ils doivent néceffairement être fouvent fur les bras de leur mère, ou de leur nourrice, fur-tout la nuit or, la chaleur les expofe à une éruption plus abondante que les enfans fevrés. J'en ai vu un exemple dans un enfant, que fa mère ne pouvoit allaiter que du côté droit le résultat fut : que la petitevérole couvrit le côté gauche de l'enfant, & que l'autre n'en fut que modérément parfemé. La maladie étoit une petite - vérole difcrète : néanmoins l'enfant mourut de la fièvre fecondaire, au bout de cinq ou fix femaines, quoiqu'il eût deux ans accomplis. C'est le feul enfant que j'ai vu mourir de l'inoculation, dans un âge fi avancé.

D'après les obfervations que je fais ici, on voit clairement, je penfe, que cette opération

doit fe remettre à un âge plus avancé, lorfque l'enfant a fait toutes fes premières dents. Joignons à cela que les enfans ne font pas naturellement difpofés à la petite-vérole fpontanée; qu'ils ne l'ont donc que quand ils font exposés à la contagion. D'ailleurs, il eft conftant qu'il y a cinquante enfans qui meurent avant l'âge de deux ans, à la fuite d'autres maladies, pour un feul qui meurt de la petite-vérole fpontanée.

Si néanmoins la pétite-vérole étoit dans la même maifon, ou bien près, dans le voisinage, & qu'il fût difficile aux parens d'en (1) écarter l'enfant, il y auroit moins de rifque à courir, en le faifant inoculer immédiatement, vu l'intelligence & les fuccès avec lefquels on conduit actuellement cette opération. Cela vaudroit mieux, fans doute, que de le laiffer au hafard d'échapper à la maladie, ou de fe rétablir, s'il eft attaqué.

(1) M. Bergius donnoit le même avis, fondé fur ce que la perfonne la plus faine, la mieux conftituée, peut gagner une petite-vérole maligne par les exhalaifons feules d'une petite-vérole inoculée & bénigne; & il le prouve. Mém, de Stockholm, 1784, p. 138. Edit. Suéd.

[ocr errors]

CHAPITRE XX I.

Du Rachitis ou de la Noueure.

CETTE maladie fut nommée rikets en Angle

terre, vers l'an 1628 : elle n'y avoit pas encore paru (1) auparavant. Dès que les manufactures fe furent multipliées, le peuple quitta la campagne, & le travail du ménage, pour fe confiner dans les grandes villes, où ces manufactures s'établirent. Il n'eut plus-là cet air pur, cet exercice de fon premier état & de fes occupations champêtres; exercice infiniment plus avantageux que l'air infecte, & les travaux exécutés dans les édifices clos & obftrués de ces villes.

(1) J'ai fait voir dans les notes de mon édition grecque des Aphorifmes d'Hippocrate, que cette maladie eft infiniment plus ancienne qu'on ne le croyoit du tems de Gliffon. J'en ai produit un exemple antérieur de plus de deux cens ans, auquels il n'y a rien à objecter. L'enfant préfenta, à l'épine du dos, les mêmes fymptomes que ceux qu'on voit dans Hippocrate. Aphorifm. S. 3, 26. Il parle encore ailleurs de cette gibbofité des rachitiques & de la toux afthmatique, qui en eft un fymptome néceffaire. Ainfi, c'est mal-à-propos qu'on voit, dans quelques Livres de Medecine, cette maladie appellée maladie angloife.

« AnteriorContinuar »