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CHAPITRE XXIII.

De l'Afthme aigu, ou Croup, ou Esquinancie membraneufe.

LE croup, que j'appellerai asthme aigu, est une

maladie analogue en quelque forte à la précédente. Les enfans feuls y font fujets; c'est pourquoi on l'appelle afthme (1) Spafmodique des enfans.

(1) Cette dénomination d'afthme aigu, ou d'afthme fpafmodique, eft peu exacte, & ne préfente aucune idée de la maladie, Elle eft mieux nommée efquinancie membraneufe. Je n'y vois aucun rapport, ni dans les premiers fymptomes, ni dans la fuite du mal, ni dans la fin de la maladie, qui ne dure quelquefois que vingt-quatre ou trente heures, & tue le malade. Je vois, avec peine " cette erreur dans l'ouvrage de M. Underwood. L'auteur ne préfente aucune obfervation capable de jetter un nouveau jour fur cette maladie, qui devient fi promptement mortelle, & dont les ravages s'étendent de plus en plus dans le nord. Il avoit cependant les détails du docteur Home à fa difpofition, en fuppofant qu'il ne voulût pas confulter les Medecins Suédois, qui en ont parle depuis 1763. Rofeen a mieux fait, il a réuni les observations du docteur Home à celles de fes compatriotes, & nous a donné à ce fujet des détails fort importans. Depuis que j'ai traduit cet Ouvrage Suédois, j'ai eu connoiffance de

Rarement cette maladie attaque ceux qui font arrivés à l'âge de dix ou douze ans. Les enfans nouvellement fevrés y font particuliérement fujets. A cet âge elle est très-févère : le docteur Miller à qui je fuis fur-tout redevable de ce que j'ai à dire fur ce fujet, obferve qu'elle fe manifefte fréquemment au printems & en automne, lorfque le tems eft humide ou variable, & que le mercure baiffe dans le baromètre.

Cette maladie réfulte peut-être du relâchement des fibres de l'enfant, de l'abondance de cette pituite qui leur eft naturelle, & d'une copieufe fecrétion des vaiffeaux des bronches, du différent cours que prend le fang des enfans après leur naiffance, & du changement de nourriture après le fevrage, tems où le nourriffon quitte le lait, qui eft un aliment facilement affimilé aux humeurs pour en prendre d'autres qui engendrent quantité d'air dans les premières voies.

Les moyens préfervatifs font ici les mêmes que dans beaucoup d'autres maladies particulières à l'enfant. Si donc la laxité des fibres, la qualité des alimens, la foibleffe naturelle des organes de la digestion donnent lieu à la maladie, on tirera

plufieurs thèses ou differtations fur le même fujet; mais je ne les ai plus sous la main : ainfi je ne puis que me rappeller ce que j'en ai lu, & prefenter Roleen dans le chapitre fuivant.

aifément les indications des moyens, tant préservatifs que curatifs.

La nourriture fera de la digeftion la plus facile, & en même tems la plus nourriffante. On observera une jufte proportion entre le lait & les bouillons pris féparément, pour les enfans qui font trèsjeunes: quant aux plus âgés, on leur donnera des alimens très-légers, & l'on fera attention à la pureté de l'air, aux exercices proportionnés à l'état, fur-tout de leurs inteftins, ou du ventre en général.

:

Il paroît que cette maladie eft fpafmodique de fa nature fes symptomes reffemblent beaucoup à ceux de l'afthme nerveux; mais elle diffère matériellement de l'asthme fpafmodique ordinaire des adultes par l'efpèce de bruit rauque de la refpiration, & par la violence des paroxyfmes. Malgré cela elle ne laiffe aucune indifpofition apparente, finon une forte de ftupidité, & un fentiment de crainte dans les enfans qui font déjà en état de l'exprimer. Les accès fe terminent fouvent par un éternument, une toux, ou un vomiffement, & par des retours irréguliers. Elle eft accompagnée d'un pouls prompt, de respiration laborieuse, de voix aiguë, ftriduleufe; le vifage paroît animé & bouffi, devient livide durant les paroxyfmes.

Elle a deux périodes principaux; dans le dernier tous les traitemens ont été inutiles jusqu'ici,

mais

mais l'art n'a jamais plus de fuccès que dans le premier. C'est ce que j'ai eu lieu de remarquer dans un de mes enfans qui fut prefque guéri en deux jours.

Il paroît que l'affafoetida eft le remède fouverain de cette maladie; il faut l'adminiftrer tant par la bouche que par le bas en lavement, felon que le mal le demande'; mais il faut s'y prendre avant que l'inflammation foit déterminée; alors on emploiera ce remède à volonté. A la fin de la maladie, & pour prévenir toute rechûte, on adminiftrera avec fuccès le quinquina; il contribuera même à rétablir les forces du malade. On reprendra cependant l'affafoetida, fi on a lieu de craindre quelque fymptome d'afthme; ce qui n'eft pas rare. Si le malade éprouvoit deux rechûtes ou plus, par l'effet d'un air humide fur-tout, alors on pratiqueroit quelque décharge, foit par un véficatoire, foit par un cautère, & on les continueroit pendant quelques mois au moins.

J'ai examiné la trachée après la mort d'un malade, & j'y ai trouvé les mêmes phénomènes que le docteur Millard a décrits; elle étoit enduite d'une membrane vifqueufe, qui bouchoit prefque entiérement le conduit.

Addition. C'eft une fluxion qui fe jette alors fur la trachée, & particuliérement à la partie membraneufe quifert de complément aux anneaux

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imparfaits cartilagineux. Dans d'autres circonftances, cette fluxion fe jette fur les inteftins la veffie mais arrêtons-nous à celle de la trachée. Il y a deux états dans cette maladie, l'état inflammatoire, & celui de fuppuration. Ce premier état laiffe encore quelque efpoir, moyennant de prompts fecours; mais il n'y en a plus au fecond la grande difficulté eft de les différencier à tems. Voici les fymptomes généraux. L'enfant fent d'abord une espèce de laffitude, a le regard fombre, un air comme trifte & abbattu: il fent une chaleur infolite, eft quelquefois pris de toux ou il n'en a pas encore à ce moment-ci. La respiration devient très-difficile, & l'enfant lève le menton pour tirer fon haleine. La poitrine eft ferrée, le devant du cou s'enfle, la voix devient rauque, dure & femblable, en quelque forte au fon que rend le larynx d'un canard, qu'on a enlevé, & dans lequel on fouffle par la trachée: Rofeen la compare au cri du jeune coq. En touchant le devant de la gorge avec le bout du doigt, on fent une enflure molle, & qui cède à la preffion. Dans les uns, le vifage devient rouge & bouffi; dans d'autres, livide : les yeux font alors plus animés, quelquefois même larmoyans. Quelquefois la déglutition refte affez de tems très-facile, le plus fouvent gênée, & promptement. Le pouls eft fréquent, dur, à

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