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CHAPITRE XXIV.

Des Ecrouelles.

CETTE maladie, qui eft, dans son principe (1),

une affection des glandes, attaque dans fes pro

(1) L'auteur fuit ici M. Armstrong dans le détail des caufes & des fymptomes, en ajoutant quelques bonnes réflexions que ce docteur n'avoit pas faites. J'ajouterai que fi ce mal reparoît quelquefois avec violence dans l'un ou l'autre individu, après deux ou trois générations, il n'est pas moins formidable, lorfqu'il reparoît compliqué avec le virus rachitique. J'en ai produit un exemple dans Rofeen. Celle avoit très-bien obfervé que ce mal reparoît le plus fouvent après l'ufage même des médicamens, & à côté des cicatrices. Liv. 5. Chap. 28. M. Armstrong dit qu'il ne peut pas fe flatter d'avoir fait quelques cures notables dans les différens cas fcrophuleux qu'il a traités, quoiqu'il ait eu quelques fuccès, lorfque la maladie n'étoit pas encore ancienne. Sa méthode curative eft en général fuivie par notre auteur: mais j'ofe affurer que quand ce virus s'eft une fois manifesté dans un sujet, à certain degré, il est impoffible de l'y detruire radicalement, fur-tout chez les femmes, & chez les hommes qui mènent une vie fédentaire. Un homme, avec qui j'ai été tres-lié, avoit eu, dans fon enfance, les glandes fublinguales & maxillaires tuméfiées. Deux de celles-ci avoient abouti, & s'etoient guéries avec des fondans, difoit-on les autres s'étoient

grès la membrane adipeufe, les mufcles, les tendons, & même les os, particuliérement les

diffipées de fa vie il n'en avoit éprouvé de récidive. Deux de fes enfans furent attaqués, l'un à deux ans, l'autre à quatre & demi, du même virus fcrophuleux; &, plus incommodés que lui, ils moururent jeunes. J'ai fait prendre, pendant près de deux ans, & avec fuccès, la décoction de gayac & de faffatras, à la do e de trois verres par jour, à jeun, & une dragme de falfepareille en poudre, à un jeune homme de seize ans, y joignant l'antimoine crud, bien porphirifé, à très-petite do è, & fes ulcères fcrophuleux fe cicatriferent: il a paru trèsbien portant depuis. Malgré cela, je n'ai ofe lui affurer que le virus fut entiérement éteint chez lui: il croyoit le tenir de fa mère. Jamais on ne guérit radicalement une maladie dont le principe s'eft fait fentir dans la matière prolifique, à laquelle nous devons l'existence. On peut l'amortir avec le laps du tems; mais comme il fait partie du principe qui nous a donné l'être, on détruira plutôt le corps que de l'éteindre entiérement. J'aime la réflexion d'Hippocrate, qui dit que l'inconftance de la température des Gaules influoit jufques fur la nature du fluide fpermatique ἐν τῆ συμπήξει του γιου. De aëre. loc. &c. ; & έτοι même la caute de l'inconftance des habitans. Mon opinion eft prouvée par cette réflexion des plus philofophiques. Quant aux tumeurs fcrophuleufes, l'auteur renvoie à un petit Ouvrage, qu'on trouvera chez le même Libraire qui vend celui-ci. Voici ce que M. Armstrong dit avoir expérimenté avec fuccès. « En m'y prenant à tems pour traiter » ces tumeurs, c'est-à-dire, avant que la peau commence

articulations. Rarement elle fe manifefte avant l'âge de deux ans, & prefque jamais plus tard qu'à celui

"

» à fe décolorer, j'ai éprouvé que le meilleur topique eft "le fuc de la racine de flambe de rivière (gladiolus luteus) frotté fur la partie deux ou trois fois par jour. J'ai vu, » avec satisfaction , que cela répondoit bien à mes defirs » dans plufieurs cas de ces tumeurs anciennes. Plus la ra» cine eft groffe & vieille, & plus elle a une couleur » foncée, plus auffi elle a de force & d'efficacité. J'ai » quelquefois eu deffein de la faire effayer intérieurement, » comme altérant, à des fujets scrophuleux; mais je ne » l'ai pas fait ».

On a rifqué intérieurement, depuis quelques années, des plantes au moins auffi énergiques; mais il paroît, par les détails de Lewis, qu'il faut une main bien prudente pour adminiftrer celle-ci intérieurement. « Ce qui m'a » donné l'idée, ajoute M. Armstrong, de l'employer pour » ces tumeurs, c'eft l'effet que produit ce fuc tiré à très» petite quantité par les narines. Bientôt il fait éprouver » une grande chaleur dans le nez, la bouche, la gorge : " il coule de la bouche une grande quantité de falive, » & du nez beaucoup de mucofité. On diroit que le malade " eft dans la plus forte falivation: ce qui continue deux » ou ou trois heures, & même plus. J'ai oui dire qu'on » avoit guéri, par ce flux, des maux de tête & de dents » chroniques, ou périodiques, après l'ufage inutile de plu» fieurs autres différens remèdes ». (Cette obfervation est précieuse). « Cette maladie eft fouvent accompagnée » d'ophtalmie, fufceptible de devenir fâcheufe, & diffi»cile à guérir. Outre le traitement particulier à l'ophtalmie,

de dix ou douze. Souvent elle devient mortelle en fe jettant fur les poumons, ou fur quelque autre partie noble.

On a fouvent remarqué qu'elle vient à la fuite d'une autre maladie, fur-tout après la petitevérole, soit spontanée, foit inoculée ; mais particuliérement après la première; elle est encore une fuite de la coqueluche, de la dentition, du rachitis & de plufieurs autres maladies dont j'ai parlé. De-là on comprendra mieux la nature de celle-ci, qui attaque toujours les conftitutions foibles & délicates, foit originairement par la ⚫ laxité des fibres, foit rendues telles par des maladies antérieures. Des alimens lourds, indigeftes, de mauvaises qualités, une habitation fituée dans un lieu bas, humide & mal-fain peuvent auffi en être la caufe.

On remarque auffi que cette maladie eft quelquefois héréditaire, & fe cache dans deux ou trois générations fans fe manifefter, mais pour reparoître dans la fuivante, avec d'autant plus de violence qu'elle a été long-temps stagnante & dérobée dans les humeurs; elle eft fouvent accompagnée ou précédée d'un regard particulier, de

" on emploiera ici les bains des pieds, les fétons, les » cautères. L'eau de verveine, comme collyre, eft pareil>>lement utile.

certain air hagard, d'épaiffeur à la lèvre fupérieure; & fans être funefte dès les commencemens, elle devient une fource de mauvaise fanté pour tout le refte de la vie.

Long-tems avant que les glandes foient affectées, & fur-tout dans les jeunes fujets, le ventre devient dur, prend plus de volume; & après la mort on remarque que les glandes du méfentère, le pancréas même étoient dans un état malade.

Quelque fâcheufe que foit cette maladie, quelque peu de foulagement qu'on puiffe y apporter il eft cependant vrai que plufieurs fois elle difparoît à l'âge de puberté, & même plutôt, particuliérement dans les filles. Je ne crois pas devoir examiner ici, fi cette difparition eft due à la plus grande force qu'acquièrent les folides, ou au grand changement qui arrive alors naturellement dans la conftitution des fujets.

Si, d'un côté, j'ai cru qu'il étoit nécessaire de parler de cette maladie parmi celles de l'enfance, je n'ai, de l'autre, que peu de réflexions à communiquer fur la cure. A sa première apparence, on adminiftrera des amers, des purgatifs (1) mercuriels, des vomitifs antimoniaux, & quelquefois des médicamens favonneux; on en tirera peut

(1) Avec bien de la prudence dans cette maladie.

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