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auffi, qu'il ne faut pas adminiftrer d'émétique lorfque les inteftins font pleins : or, c'est ici précifément le cas. Il eft certain, d'ailleurs, que le vin antimonié ne fait pas toujours vomir les enfans: quelquefois il agit comme purgatif ; mais fi c'eft avec cette intention qu'on l'ordonne pourquoi ne pas s'en tenir à d'anciens médicamens (1) plus sûrs & qu'on peut manier avec confiance. Ce n'eft pas l'eftomac, mais le canal intestinal qu'on doit regarder comme l'iffue par laquelle on peut délivrer les enfans de la plupart de leurs maladies. Faute d'avoir fait cette remarque, il en eft réfulté des inconvéniens; contre lefquels plufieurs praticiens ne font pas affez en garde.

Il eft certain que, dans cette occafion, la nature nous indique elle-même quelque doux purgatif, & qui, par fa nature, cause le moins de trouble poffible: on remplira donc cette indication, fi le purgatif n'eft pas d'une nature groffière & offenfive; on a cependant préféré ceux de ce caractère. En général, il faut de chose pour produire l'effet qu'on a lieu d'attendre : un peu de fyrop folutif de roses, délayé dans une eau

peu

(1) Il faudroit que M. Underwood prouvât ici que M. Armstrong accufe faux. Je fuis réellement faché da cette animofite.

de

gruau légère, & donné de temps en temps à la dofe d'une cuiller à café pleine, répondra Te plus fouvent à ce qu'on fe propose; cela tranquillifera l'enfant, & empêchera la nourrice de Jui donner une nourriture peu convenable aux circonftances: fi ce remède ne procure point de felles, quelques grains de bonne (1) rhubarbe ou même une cuillerée de fa teinture, qu'on jette dans la même eau de gruau, eft toujours préférable aux mixtures huileufes, indigeftes dont on ufe alors. Dans les campagnes, où l'on ne peut fe procurer fur le champ ces fecours, un peu de petit-lait récent & de miel y suppléera

avantageufement.

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L'objection que je fais contre les breuvages huileux prend encore une nouvelle force, de la manière dont les nourrices les adminiftrent: rarement elles font prendre la quantité qu'on en ordonne, pendant lesyingt-quatre premières heures:

(1) M. Armstrong obferve que la rhubarbe feule eft fujette à pincer les inteftins des enfans; qu'ainfi on ne doit leur en faire prendre qu'avec prudence à cet âge. M. Hamilton l'approuve avec la magnéfie. Harris la prodiguoit souvent, même à de trop fortes dofes. Quant aux potions huileufes, Rofeen eft du même avis: il prévient même que le lait tros gras d'une nourrice ou de la mère eft nuifible aux inteftins, en dérangeant leur mouvemens périftaltique, F. 27.

elles adminiftrent le refte long-temps après que l'enfant à commencé a tetter,ou à prendre quelque aliment: alors cette huile fe mêle avec la nourir➡ ture, qui tend à produire l'indigeftion, les vents, les maux mêmes qu'on avoit intention de prévenir en administrant l'huile à tems. Je pourrois ajouter que certaines médecines huileufes étant les purgatifs qu'on emploie dans cette occafion les parens ou les nourrices croient pouvoir les réitérer toutes les fois que le ventre de l'enfant fe refferre pendant le premier mois ; & donnent lieu, par cette conduite, aux inconvéniens dont nous avons parlé.

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Mais j'ai obfervé que le méconium n'étoit pas toujours difpofé à céder à l'impreffion même des purgatifs ordinaires; ainfi, lorfqu'on a commencé avec ceux que j'ai indiqués, fi l'enfant ne fait point de felles pendant les douze ou quatorze premières heures après qu'il eft né, fur-tout s'il femble fouffrir, on lui infinuera un clyftère, qu'on réitérera quelques heures après, s'il est befoin. Favertirai ici que ces doux évacuatifs ne feront pas effet, s'il eft befoin de plus puiffans moyens; mais toutes les fois que j'ai procuré une felle copieuse avec un lavement, ou un doux laxatif, le refte du méconium eft forti avec peu d'autres fecours & même fans cela. Il ne faut donc recourir aux médicamens plus actifs, que quand

ni les lavemens, ni les laxatifs n'opèrent rien pendant plufieurs jours, car on a lieu de foupçonner alors que le genre nerveux eft dans (1) une espèce de ftupeur. Je vais finir fur ce fujet par un exemple de cette efpèce: on verra quels puiffans médicamens il faut quelquefois employer & combien il eft effentiel de faire la plus grande attention à ces premiers maux des enfans.

L'enfant dont il s'agit étoit né, en février 1784

(1) Plufieurs caufes peuvent contribuer à ce défaut d'énergie: la preffion extrême qu'un enfant aura foufferte pendant l'accouchement; (J'ai vu, dans ces cas-ci, un de mes enfans refter fans fouffle & fans mouvement pendant fept à huit minutes après fa fortie, & paroître plufieurs jours de fuite, comme dans une ftupeur générale, ouvrant à peine la bouche quand on y portoit le bout du doigt ou le tetton); les phlegmes dont j'ai parlé dans une note; le tiffu encore mollaffe de l'eftomac & des inteftins, qui fe font quelquefois trouvés, pour ainfi dire, pulpeux au lieu de former un conduit membraneux; la bile toujours plus glaireufe & vifqueufe dans ces enfans que dans les adultes, agglutinée le long du conduit avec le mucus dont cet âge abonde hebetantur enim vires mucorum copia. Hipp. Foes. De feptim. partu, p. 258; enfin, le méconium abondant & amaffé dans les gros inteftins : toutes ces causes 9 dis-je, & d'autres circonftances, peuvent rendre le genre nerveux comme infenfible pendant quelque temps, & font autant de motifs de prudence de la part du Médecin qui, pour lors, ne doit pas aller uop vite.

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de père & mère très-bien portans, & qui jamais n'avoient eu le tempérament porté à la conftipation. Le travail de l'enfantement avoit été prompt & affez facile. Pour éviter toute prolixité, & laiffer-là toute autre circonftance, je dis que l'enfant avoit pris un peu de rhubarbe (1) une heure ou deux après fa naiffance. N'ayant pas encore évacué le lendemain, jour auquel je le vis, j'ordonnai un lavement; le foir cet enfant étoit étendu comme dans une espece d'affection. comateufe: lorfqu'on l'éveilloit, il fe plaignoit, mais paroiffoit ne crier qu'avec peine; il resta fix jours dans cet état, & felon les apparences, fouffrant beaucoup, & manifeftement convulsé. On ne le foutenoit principalement qu'avec un peu de lait du sein, environ plein une cuiller à café; rarement il reprenoit affez de forces pour tetter.

Jufqu'au vingt-fept, il ne rendit aucunes felles, excepté quelques taches qu'on apperçut fur fes linges, & de la grandeur d'une piece de vingtquatre fols. Celles qu'il rendit ce jour-là étoient bien peu de chofe, dures & en petits grumeaux. Le ving-huit il en fit davantage, & femblables

(1) La rhubarbe avoit, fans doute, trop pincé les inteftins, comme l'obferve M. Armstrong, & avoit mis les premières voies dans un état fpafmodique. L'auteur devoit faire cette réflexion.

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