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CHAPITRE XXIX.

Des Ulcères des Gencives & de la Section du filet.

J'AI

'AI cru qu'il étoit à propos de faire mention dans ce petit traité; de plusieurs accidens qui arrivent aux enfans, & dont la plupart des écrivains qui m'ont devancé n'ont rien dit. Je le fais plutôt par le defir que j'ai de ne rien omettre fur les maladies de l'enfance, que par l'importance réelle de ces affections. Il en eft quelquesunes auxquelles on n'a fait aucune attention, & qui réellement en méritent peu, quoique de tems en tems il foit bon de connoître ce qui a été utile dans ces circonstances.

Je commence donc par l'ulcère de la bouche, mal dont parlent fouvent les nourrices, & qui ordinairement, mérite auffi peu d'attention que nombre d'autres. Quelquefois il paroît le premier mois, ou au tems de la dentition; mais fouvent à l'âge de fix ou fept ans, lorfque les enfans perdent leurs premières dents, & que les fecondes s'avancent hors des gencives.

Cette circonftance exige rarement plus d'attention que celle dont j'ai parlé au fujet de la dentition. De doux aftringens, le ventre libre, voilà ce qu'il faut ordinairement pour effectuer la cure.

Si cela ne fuffifoit pas, &

que cet accident arrivât au tems de la dentition, il se diffiperoit auffitôt que la dent auroit percé.

J'ai eu occafion de voir la plus mauvaise espèce de ces accidens, au fecond période de la dentition. L'enfant avoit perdu plufieurs de fes dents en même tems, & l'on avoit négligé d'en arracher les reftes qui étoient pourris. Dans cette circonstance la gencive devient quelquefois fpongieufe, ou fe fond en ulcères fordides, & qui gagnent le voisinage: il fe forme de petites ouvertures qui communiquent de l'une à l'autre, & qui font accompagnées de putridité fétide; même plufieurs fois d'un écoulement purulent.

Și l'on peut, en pareil cas, arracher le refte de la dent qui eft tombée, il faut le faire: après cela on y appliquera le remède fuivant pour refferrer & raffermir la gencive relâchée, & guérir l'ulcère. Prenez :

de Bol d'arménie, fang-dragon, myrrhe, quinquina bien pulvérisé, crême de a tartre, de chaque, une demi-dragme; de Miel rofat, quantité fuffif. Mêlez, faites un électuaire :

Prenez encore d'Eau de chaux, fept onces; de Teinture de myrrhe, miel rosat, de chaque, demi- once;

Faites une mixture.

On oindra plufieurs fois le jour la gencive avec l'él &tuaire, fur-tout après les repas, ou quand l'enfant eft mis au lit, & on détergera de tems en tems la bouche avec la mixture.

S'il ne fe fait pas un changement considérable en mieux, dans l'efpace d'une femaine ou de dix jours, on fubftituera une dragme d'alun à l'une des poudres defficatives, & au lieu de la mixture précédente, on en fera une acidulée avec autant d'esprit de fel marin, que les parties pourront le foutenir, en lui donnant même un nouveau degré de force felon le befoin, jufqu'à ce qu'on apperçoive quelque amélioration (1).

S. La fection du filet eft une petite (2) opération

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(1) J'ajoute à ces détails un fait qui mérite attention. « Un enfant de cinq ans, dit M. Armstron g avoit dans » la bouche le plus mauvais chancre que j'euffe jamais » vu. La langue étoit couverte d'une croute blanche: l'in»térieur des joues & des gencives étoit plein de mauvailes

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puftules & de petites excroiffances fong-ufes, fem"blables à des verrues, &c. Je ne prefcrivis qu'une folu» tion aqueule de vitriol blanc, dont on lui humecta ", la bouche & les gencives: en peu de jours, il en » fut guéri». Mai, je conteille de ne pas porter de l'alun dans la bouche des enfans; ils n'en avaleroient pas fans danger.

(2) Ce n'eft pas toujours une fi petite affaire que l'auteur femble l'infinuer. Mais Rofeen prouve qu'elle n'eft pas toujours auffi neceffaire qu'on le dit. Dès que vous

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fur laquelle il eft inutile de s'arrêter long-tems; il fuffit d'obferver qu'on la pratique pour donner à la langue la liberté de s'alonger; mais fouvent on appelle un homme de l'art, lorsqu'il est presque inutile de la faire; car il est rare que la langue foit tenue d'affez court, pour qu'il foit befoin de couper ce frein qui adhère aux parties qui font fous la langue.

Quoiqu'il en foit, l'opération n'eft fujette à aucun inconvénient, lorsqu'elle eft faite avec attention, & l'enfant n'en éprouve que peu de douleur. Ainfi dès qu'une mère la demande, je ne crois pas qu'on doive lui refufer cette fatisfaction. J'observerai néanmoins qu'il est besoin ici de précaution, & d'un peu de fermeté; autrement on pourroit attaquer les vaiffeaux qui font fous la langue, & être caufe de la mort de l'enfant, ce qui eft arrivé plus d'une fois.

Pour éviter ce danger, on fe fervira d'un petit biftouri, dont la pointe eft recourbée, le dos large, inventé par Bromfield; la lame & le manche ne doivent pas avoir enfemble plus de deux pouces de long: cet inftrument eft préférable aux

fentez qu'un enfant, à qui vous présentez le bout du doigt à la bouche, le faifit bien avec les lèvres & le bout de la langue, comme pour tetter, foyez tranquille, & ne vous preffez pas d'en venir à cette opération,

cifeaux. En effet, il eft toujours poffible, même dans le cas le plus embarraffant, de prendre le filet dans la courbure de la pointe, tandis que le dos de l'inftrument preffe & rabaiffe les vaiffeaux fanguins, de manière à les garantir de toute atteinte lors de la fection: opération qui fe fait en un clin-d'œil.

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