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Quant à la fracture des clavicules, il ne faut que tirer l'épaule en arrière, en la fixant dans cette pofition, avec deux ou trois fortes épingles dans les habits ou enveloppes, dont on couvre l'enfant, & d'y appliquer un emplâtre agglutinatif, ou fortifiant, étendu fur de la peau, à l'extrémité montante de l'os; alors on couvre cet emplâtre d'un second semblable plus étendu.

La fracture de l'humerus ou de l'os du bras demande un peu plus d'attention: cependant tout fe terminera heureusement. La difficulté confifte à tenir les bouts fracturés de l'os pofés l'un fur l'autre, ou juxtaposés l'un à l'autre, fans bander le bras affez fort pour caufer de la douleur, ou beaucoup d'enflure à la main : ce qu'une légère preffion pourroit occafionner dans un enfant qui vient de naître.

Je n'ai pas trouvé de méthode plus convenable que la fuivante : elle laiffe affez de liberté à la partie fracturée pour l'enflure qui s'y forme, & fans qu'il foit néceffaire de lâcher le bandage: d'ailleurs, cette méthode maintient les bouts fracturés des os dans un contact convenable, fans qu'on ferre la bande trop étroitement: ce qui empêcheroit le libre retour du fang qui vient des parties inférieures du membre.

Pour cet effet, on fera trois petites attelles, d'un demi-pouce de large, & d'un pouce & demi

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de long, avec du linge fin replié fix fois dans la longueur; le tout ayant l'épaiffeur d'une demi-ligne à-peu-près. On battra ensemble un mêlange de blanc d'oeuf & de fleur de farine, dans lequel on trempera ces bandes, pour les en imbiber: on les pofera, comme dans l'opération ordinaire, le long des bouts fracturés. Étant ainfi appliquées toutes trempées, cès attelles prendront d'ellesmêmes bexactement la forme du membre; & en fe defféchant, elles auront affez de fermeté pour maintenir les os. Il faut les appliquer immédiatement fur la peau; alors on paffera une bande pardeffus : il y aura toujours, par ce moyen, un efpacé affez libre pour ne pas gêner la petite enfluré qui doit néceffairement furvenir; & le bandage n'y apportera aucun obftacle par fa compreffion.

Cette ebånde doit être de flanelle très-fine, & moins ferrée que pour un adulte. D'ailleurs cela ne fera pas néceffaire : car le point effentiel doit être de fixer, avec sûreté, le bras de Fenfant le long de fon côté, avec des épingles attachées à fa camifole, de la manière que le Chirurgien croira la plus avantageufe dans cette occafion

On ne touchera dong ni à la camifolė, ni au bras, qu'en préfence du Chirurgien. Si même la main n'eft pas enflammée, ni fort enflée, & que

l'enfant ne paroiffe pas trop gêné, on ne levera cet appareil qu'au bout de huit ou dix jours: ainfi la camifole reftera dans le même état jufqu'à ce terme-là; on aura feulement foin de la maintenir propre, en la couvrant avec des nippes qu'on puiffe facilement ôter.

La prompte réunion de l'os dépend abfolument du repos total dans lequel on maintiendra le bras. Si on y réuffit, l'accident ne caufera plus d'embarras, ni d'inquiétude, après les dix ou douze premiers jours; & au bout du mois, l'enfant remuera le bras prefque auffi-bien que l'autre.

CHAPITRE XXXIX.

QUELQUES

Des Brûlures.

UELQUES anciens Ecrivains ont encore parlé des brûlures parmi les maladies de l'enfance. Quoiqu'elles ne foient point particulières à cet âge, elles leur arrivent trop souvent, malheureusement, par la négligence de ceux qui en font chargés; & faute d'y porter remède à l'inftant, ces infortunés, victimes de l'infouciance de leurs nourrices mercenaires, fouffrent horriblement, tandis que l'application du remède auroit rendu le mal très-léger.

Lorsqu'un pareil accident arrive, il faut fur le champ y appliquer le premier aftringent qui fe préfente fous la main, tels que de l'eau-devie ou un autre efprit, de l'encre, du vin, ou même de l'eau (1) froide, jufqu'à ce qu'on puiffe fe procurer quelque chofe de plus convenable: on y plongera la partie brûlée, s'il eft poffible, ou bien on la couvrira avec du linge qu'on y

(1) Il faut bien s'en garder, fi la brûlure eft confidérable.

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aura trempé. Il faut fur-tout éviter l'ufage (1) de l'huile, ou de toute autre fubstance grasse,

Le plus prompt remède qu'on puiffe porter à une brûlure, & qu'on a prefque toujours fous la main, eft l'urine d'un homme bien portant j'en ai fait faire nombre de fois ufage avec les plus heureux fuccès. Une de mes parentes eut, l'année dernière, le carp brûlé très-vivement. Elle vint me trouver au bout de quatre jours, fouffrant beaucoup j'y fis appliquer de l'urine de fon mari, elle fut promptement guérie.

(1) Je ne faurois trop recommander le remède fuivant, avec lequel je me fuis guéri, il y a vingt-huit ans, d'une brûlure qui s'étendoit depuis le genou jufqu'au bas de la jambe. J'en ai vu les bons effets plufieurs fois depuis, entre autres, il y a fept ans. L'époufe de M. Jacob, Marchand de papier peint, ci-devant rue S. Victor, & fon fils, âgé de sept ans environ, avoient eu les jambes horriblement brulées par une chauderonnée de colle. Pendant environ sept ou huit jours, on y avoit appliqué différens remèdes, plus ou moins actifs, & même une leffive de favon le mal avoit empiré, au point que plufieurs plaies parurent menacées de gangrène : ils me demandèrent. Je fuivis le traitement fuivant. Prenez :

:

d'Huile d'olive & d'huile de lin, la plus nouvelle, de chaque, une livre;

de Fiente de cheval toute récente, une demi-livre ou

trois quarterons.

Délayez & mêlez bien le tout; faites-le bouillir dans un vaiffeau de terre un peu profond, en remuant de tems

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