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je confeillerai d'adminiftrer, le moins qu'il fera poffible, le mercure doux en pilulés aux enfans: il est trop fujet à porter à la bouche fous cette forme, & à leur enflammer les gencives; ou il faut le donner à la plus petite dofe poffible. Donné en nature, trituré avec des yeux d'écreviffes & un peu de fucre, il a été très-utile à plufieurs enfans. Je l'ai fait prendre à la dose même de deux grains; fur quatre d'yeux d'écreviffes, & autant de fucre, à un enfant de quatorze mois, tous les trois jours.

Je ne m'arrêterai pas à ce nombre prefque infini de formes, fous lefquelles différens (1) praticiens ont prefcrit le mercure. L'enthousiasme eft de tous les états, & chaque Médecin a eu plus ou moins fes préjugés. Ce feroit ici le lieu d'appliquer la réflexion d'Antonin:

Τι καὶ ἐπιθυμῶ ἐικαίω-φυρμών τοιουτω ἐνδιατρίβειν ;
Liv. 6, §. 10.

(1) L'ouvrage réfléchi de M. de Horne prouve feul combien on peut varier les traitemens mercuriels. Je n'en citerai pas d'autre.

CHAPITRE XLIII.

J'AJOUT

De la Vermine de la Tête.

'AJOUTERAI ici deux mots fur la vermine à laquelle la plupart des enfans font en proie dans leurs premières années. Jamais un enfant n'eft incommodé des poux que par négligence. Nombres de femmes font perfuadées que les poux font néceffaires pour ronger ou absorber certaine partie des humeurs rédondantes des enfans; mais une feule obfervation prouve le faux de cette opinion. Dès qu'on a coupé les cheveux, & bien lavé la tête d'un enfant avec une décoction de perfil, bouilli dans moitié eau, moitié vinaigre, il n'a plus de poux, & fe porte bien: cette vermine eft donc inutile. Je dis enfuite qu'elle eft fouvent très-préjudiciable. Rarement les poux incommodent quelque tems les enfans fans qu'il s'enfuive des gales affreuses. Ces infectes fenichent dans le cuir chevelu, y pondent, font desérofions cruelles. L'infection des humeurs corrompues gagne les environs : les glandes du cou fe tuméfient, &c. &c. & l'enfant devient bientôt fort à plaindre.

J'ai vu des femmes affez imprudentes pour

frotter la tête de leurs enfans avec des pommades mercurielles. Ces conféquences font prefque toujours des maux de tête, une espèce de furdité, une foibleffe de la vue, & des ophthalmies fouvent des plus opiniâtres. Jamais le mercure ne doit être porté fur la tête, fous quelque forme que ce foit. Plufieurs adultes en ont éprouvé les

fuites fâcheuses.

Le meilleur moyen eft de peigner fouvent les enfans, en trempant le peigne dans une décoction de perfil, ou de fa graine, fi l'on voit les poux augmenter. Cette graine, réduite en poudre, peut auffi fe répandre dans les cheveux, avec fuccès. La propreté eft le plus sage parti, ou il faut tenir les enfans fans cheveux. Si on les leur conferve, on ne fera pas affez infatué d'un enfant, pour le poudrer tous les jours. Jamais on ne doit porter qu'un peigne dans ses cheveux; & il n'y a qu'une mère imprudente qui puisse penfer autrement.

Fin de la première Partie.

SECONDE

SECONDE PARTIE.

INSTRUCTIONS pour élever & conduire les enfans depuis leur naiffance, avec quelques avis particuliers pour ceux qu'on

nourrit à la main.

CHAPITRE PREMIER.

APRÈS avoir amplement traité de toutes les maladies principales de l'enfance du premier âge, & de ceux d'un âge un peu plus avancé, j'aurai, fans doute, moins de réflexions à faire fur la manière de les élever. Cependant, il eft encore nombre de chofes que je ne faurois paffer fous filence, quoique je n'ai pu les comprendre dans l'ordre de leurs maladies : je ne dois pas non plus oublier les enfans qui ne prennent jamais le fein, & qu'on nourrit d'une autre manière quelconque.

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Mais je pafferois les limites que j'ai fixées à ce petit Traité, fi j'entrois en matière auffi avant que pourroit l'exiger la manière abufive de con

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duire les enfans depuis le moment de leur naiffance. Je fuis très-fatisfait de trouver, parmi les Grands, quelques nouveaux exemples qui m'em. pêchent de m'étendre fur ce fujet, comme je l'aurois fait il y a quelques années. Je croirois néanmoins mériter quelques reproches, fi dans un Ouvrage tel que celui-ci, je ne m'efforçois de convaincre combien font infuffifans tous les moyens qu'on a imaginés pour tenir lieu du fein; & que conféquemment tout enfant, loin d'en être privé, doit être allaité par fa propre mère, lorfque des raisons effentielles de fanté ne s'y oppofent point.

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La raison, l'instinct naturel, l'expérience, tout confpire à appuyer mon opinion; & quiconque voudra réfléchir mûrement fur les faits, n'en doutera pas d'un inftant. On n'a allégué que de mauvais prétextes, & des raifons puériles contre ce devoir facré de la nature. Le docteur Armstrong me paroît même avoir finguliérement erré en ce point. Quofque en apparence il ait été pour la lactation, il a cependant trop appuyé fur les avantages de la cuiller ou du biberon, en nombre de paffages. Il feroit peut-être facile de produire des argumens auffi folides contre l'habitude de manger plus d'une fois par jour, parce que nombre de gens font incommodés de l'excès des alimens. Non-feulement le lait du fein eft l'aliment naturel

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