Imágenes de páginas
PDF
EPUB

» vu qu'on amena totalement aveugles à mon » hôpital; c'étoit affurément l'effet du froid. J'ai recommandé l'eau de verveine en collyre » ( le bain chaud n'y feroit pas inutile.

» Mais le froid, au moment de la naiffance, » ou un rhume, expofe les enfans à d'autres » accidens, qu'on attribue mal-à-propos à » d'autres causes. Je fus un jour appellé pour » une petite fille, âgée de quatre mois environ: » depuis quatre jours elle étoit tourmentée de > tranchées acqueufes, avec une fièvre & des » aphthes. Moyennant le traitement convenable, » la fièvre tomba bientôt, & les aphthes difparurent. Peu après la petite retomba malade, &

» mourut.

» L'enfant avoit été allaité à la main, parce » que la mère n'étoit pas en état de lui donner » le fein. La femme qui l'élevoit, me dit que cet > enfant n'avoit jamais profité, en conféquence » d'un froid dont elle avoit été faifie à fa naif» fance. Les remedes que je prefcrivis à la re» chûte, n'ayant point eu d'effet, je demandar » la permiffion de l'ouvrir.

>> Je trouvai les intestins très-fains, mais très» vuides; le foie, le pancréas en bon état, ex»cepté la partie convexe du foie, laquelle étoit » très-adhérente au diaphragme. La rate étoit D d'une petiteffe remarquable, formoit une

» étroite adhérence, avec l'eftomac, dans tous » les points où elle y avoit d'abord été contiguë: » ce qui, je penfe en avoit arrêté l'accroiffement. » L'eftomac ne paroiffoit pas avoir été affecté » finon que, près de l'endroit où le bord fupé»rieur de la rate y adhéroit, les tuniques étoient » fi minces, qu'elles fe déchirèrent, en les ma> niant très-doucement.

» Lorfque je vis ces adhérences, je demandai >> fi l'enfant avoit été fujet à la fièvre? Oui, me » dit-on, & fouvent de mauvaise humeur depuis » fa naiffance. Cependant la petite prenoit, en, » général, affez bien fes alimens, & paroiffoit » plus graffe qu'on n'auroit ofé l'efpérer de fon » état malade. Je voulus favoir pourquoi on » avoit fi fort négligé cet enfant à sa naissance : » on me dit qu'immédiatement après l'accou» chement, la femme qui avoit délivré la mère, » fut demandée par fon mari qui étoit en bas : » elle defcendit avec précipitation, & laiffa l'en» fant fur le pid du lit, où il resta près d'une » demi-heure. C'étoit bien négliger la mère & » l'enfant : il eft à fouhaiter qu'une pareille im> prudence n'arrive que rarement, ou jamais. » Une fage-femme ne doit avoir aucune autre > affaire en pareil cas.

>> Les adhérences mentionnées ne montroient> elles pas qu'il étoit furvenu quelque inflamma

>tion aux parties ainfi affectées? La faignée, » avec la lancette, ou les fangfues, ne feroit» elle pas utile, après un pareil faififfement de » froid, fur-tout fi l'enfant a de la fièvre (1) ?

(1) Les enfans font auffi exposés à être faifis, d'un froid fubit, ou dans leur lit, ou levés, par la négligence des mères ou des nourrices. Pour les réchauffer, on a l'imprudence de les prendre avec foi dans le lit, ou même on leur y donne le teton. Nombre d'enfans ont été étouffés dans le lit, à côté de celle qui les y avoit mis. Il faut donc ne jamais commettre cette faute jours maître du fommeil.

on n'eft pas tou

CHAPITRE II I.

Des Lotions, des Bains, &c.

IMAGINONS-N

MAGINONS-NOUS qu'il vient de naître un enfant, & que nous fommes obligés de lui rendre les premiers foins, comme de le laver, de l'habiller, & autres petites néceffités d'ufage dans cette occafion. Je dis que cette lotion eft en elle-même, plus importante qu'on ne le penfe vulgairement, quoique ce foit une de ces petites opérations que les Ecrivains, & autres, paffent volontiers fous filence. Mais ce ne font pas toujours les petites chofes qu'on peut négliger avec sûreté, ou mal exécuter. Quelques enfans font, à leur naiffance, plus enduits que d'autres, d'une matière épaiffe, vifqueufe, qui eft fi collée à la peau, qu'on ne l'en détache pas toujours facilement par les lavages. Cependant c'est un point de la plus grande importance, relativement à la transpiration, car elle ne peut fe faire convenablement, lorsque la peau refte trop chargée de faletés.

Une nourrice doit donc être extrêmement attentive à cette première obligation, qu'elle contrace envers l'enfant. De quelque fluide qu'elle

fe ferve, elle aura foin de bien frotter l'enfant particuliérement fous les bras, au jarrets, dans les aifnes, où cette mucofité eft en générál plus agglutinée. Pour cet effet, elle fera bien d'éviter de fe fervir de corps (1) gras quelconques; car ils tendent à obftruer les pores, & à fupprimer au moins en partie, la tranfpiration : fi elles s'en fert, elle doit les effuyer de manière qu'il n'en reste rien.

Peu après, & quelquefois même le jour fuivant, la plupart des nourrices lavent l'enfant avec de l'eau froide; ufage que le docteur Armstrong & d'autres praticiens ont fort recommandé. Perfonne affurément, ne recommandera jamais plus que moi les chofes qui fortifient : néanmoins je

(1) Le feul corps gras dont on puiffe fe fervir pour ces lotions, eft une eau légère de favon tiède. Ces lotions doivent être réitérées plufieurs fois, au moins deux par jours, pendant la première femaine, particuliérement fur la tête, le cou, les aifnes & les aiffelles : c'eft auffi l'avis de M. Hamilton. Il ne faut, ajoute-t-il, pour cela, aucune liqueur fpiritueufe, fous prétexte de fortifier les enfans. Outrent qu'elles entrent dans le corps par les pores, & font le même effet qu'introduites par l'eftomac, elles fe jettent auffi fur les yeux, & y caufent des inflammations. Mais on n'enlevera l'humeur muqueufe, dont la peau eft imprégnée, & qui eft le fédiment des eaux de la matrice, que par des lotions réitérées, p. 268.

« AnteriorContinuar »