Imágenes de páginas
PDF
EPUB

CHAPITRE V.

Des Infomnies ou Veilles.

ES veilles font fouvent un fymptome des dérangemens dont nous venons de parler on les fait ceffer en lâchant (1) le ventre, pour

"

(1) Un enfant n'eft jamais fi difpofé au fommeil que quand on lui a débarraffé l'eftomac & les inteftins par un vomitif ou par un purgatif, ou par l'un & l'autre, felon les cas : « mais le fommeil le plus doux, procuré par un » opiat, n'eft prefque jamais fans danger, dit M. Armstrong. » On a vu les opiats produire, même chez les adultes, les » effets les plus fâcheux, & leur caufer des veilles conti»nuelles, de l'agitation, de l'égarement d'efprit, au lieu » de les faire dormir », p. 35. Roseen, qui condamne auffi cette erreur, que des nourrices imprudentes ont cependant foin de taire après l'avoir commife, donne, p. 67, un avis qu'il eft bon de placer ici. « Voici comment on pourra » conjecturer que la chofe eft arrivée. Les effets généraux » que l'opium produit fur le corps fe réduisent à ceux"ci il caufe des chaleurs, rend le pouls très-fréquent, " auffi-bien que la refpiration, qui, outre cela, devient » encore difficile; il fait fuer, & la fueur a fouvent l'odeur » dụ médicament; il fupprime les fels, les urines, rend » le vifage bouffi & rouge, pouffe le fang à la tête, y » caufe de la douleur & de la pefanteur, rend les yeux ha»gards, cause une espèce de coma vigil ( afsoupiffement

administrer enfuite un julep agréable, tel julep perlé: il agira fouvent alors comme opiat,

tel que le

» fans fommeil), & quelquefois un vrai fommeil, accom"pagné de songes & d'agitation.

"

» Cependant, ces fignes ne font pas encore une preuve décifive de l'adminiftration imprudente de l'opium ou des » narcotiques; mais fi l'on découvre la vérité, il faut, fans » tarder, faire prendre à l'enfant de l'eau tiède avec du » beurre ou de l'huile, & lui tenir prudemment le bout poilu d'une plume trempée dans l'huile, à l'entrée du "gofier, pour folliciter un vomiffement: fi cela ne réuffit on donnera un lavement avec du fel. On frottera » les pieds de l'enfant avec une broffe un peu ferme; on

" pas,

y appliquera un finapifme qu'on laiffera jusqu'à ce que » la peau devienne rouge: on lui baffine auffi la tête avec » du vinaigre chaud, & on lui en tient de fort fous le »›nez avec une éponge. Si l'on peut ouvrir la veine, c'est » un avantage : il vaut encore mieux mettre des fangsues » au col, aux tempes. Si tous ces moyens font infuffisans, » on pourra peut-être hasarder les acides intérieurement, » fur-tout le vinaigre de vin, au cas que l'enfant veuille » en prendre quelques gouttes; ce qui eft fort douteux, » malheureufement: il n'y a cependant pas de moyen plus > efficace pour arrêter les fuites fâcheufes de l'opium & » des autres poifons végétaux que les enfans plus âgés tels ›› prennent quelquefois fans en savoir le danger, que » les baies de belladona & autres femblables; ce qui eft "ordinairemement fuivi de convulfions effrayantes. Si l'on » peut parvenir à faire avaler quelques gouttes de vinaigre, » on donnera enfuite un vomitif ».

1

en procurant du repos. En effet, cette méthode réuffit quelquefois fi bien, lorsqu'on en donné une grande dofe, que je craignois avoir ordonné quelque médicament narcotique : or, les narcotiques, en ce cas-ci fur-tout, feroient extrêmement préjudiciables: car les infomnies ne font qu'un fymptome, & non une maladie. Je crois devoir obferver, en paffant, que c'est toujours avec le plus grand danger que les nourrices. donnent aux enfans du fyrop diacode, de la thériaque & autres opiats. Ces remèdes bons felon les circonftances, agiffent comme poison, & quelquefois très-promptement, lorsqu'on les adminiftre fans raifon & fans néceffité abfolue. Or, c'eft fur-tout dans les cas de conftipation qu'ils font dangereux.

Les veilles des enfans très-jeunes font toujours dues à quelque dérangement dans les premières voies, & fouvent à la conftipation; mais je remarquerai encore, que fi elles n'ont lieu que pendant la nuit, c'est que l'enfant dort trop de jour : or, on remédie à cela en tenant l'enfant en mouvement, en jouant avec lui pendant toute la journée. On verra comment il faut se conduire, à cet égard, dans un article particulier à la fin de cet ouvrage, dont il fait la feconde partie.

Les dérangemens dont je viens de parler me conduiroient naturellement à parler des aphtes

& d'autres éruptions; mais je dois auparavant parler de deux autres maladies qui paroiffent quelquefois peu de temps après la naiffance: or, je ne pourrois plus en parler ailleurs.

CHAPITRE VI.

De la Jauniffe des Enfans.

IL paroît qu'on s'eft généralement formé des idées peu exactes de la jauniffe (1) de cet âge.

(1) L'auteur eft ici du fentiment pour lequel Rofeen fe déclare, à certain point. Mais la couleur jaune de la peau eft fi fouvent un fymptome de bile extravafée dans les enfans, qu'on peut, en nombre de cas, la regarder comme un phénomène icérique. M. Hamilton, qui appelle cette couleur Yellow-gum, s'explique ainsi, p. 287.

"

« Cette affection vient de ce que la fécrétion de la bile » eft augmentée par le changement de la circulation du fang dans le foie. La bile ne trouvant pas à paffer libre» ment de la véficule du fiel dans le duodenum, reste en » ftagnation, & eft absorbée dans la circulation: ain "la couleur externe devient plus ou moins jaune, à pro» portion que la bile eft charriée dans le fang. C'est une jauniffe réelle, & fréquemment fatale: il faut la traiter, » comme dans les adultes, avec des vomitifs, mais très» doux, & des purgatifs auffi modérés. Pour les jeunes » enfans, on les purgera avec la rhubarbe & la magnéfie; » on peut mêler du favon d'Alicante dans du lait de la " nourrice, & le leur faire prendre. S'il n'y a qu'une » légère teinte jaunâtre, cela vient de quelques fluides » muqueux répandus fous la peau ( elle en eft plutôt impré

[ocr errors]

gnée), & cela n'exige point de traitement particulier».

« AnteriorContinuar »