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fouvent moins embarraffé de découvrir la caufe de leurs cris fubits, & de leurs maladies, qui n'ont que trop fréquemment pour cause cette partie de leur habillement.

Voici un exemple digne d'attention. Une dame me dit derniérement qu'un de fes enfans, après des cris continuels, étoit tombé dans des convulfions, dont le Médecin ne put absolument rendre raison, & que la caufe n'en fut connue qu'après la mort. En ôtant le bonnet qu'on avoit laiffé à l'enfant, à caufe de fa maladie, on découvrit une petite épingle fichée dans la grande fontanelle; & l'enfant fut victime d'une pareille négligence.

La nature ne connoît d'habillement que ce qu'il faut pour garantir du froid. Ainfi, tout devroit fe réduire à envelopper l'enfant dans une couverture mollette, & non ferrée, qui ne fût même pas fort pefante fur lui. On y ajouteroit fi l'on vouloit, tous les ornemens incapables de porter aucun préjudice. Je crois même que fi l'on avoit abandonné ce foin au jugement des parens, ce feroit tout ce qu'ils auroient fait. Mais l'art d'habiller un enfant eft prefque devenu un talent particulier, un fecret même que l'on ne comprend qu'autant qu'on eft adepte en cette partie. Au moins les femmes ont-elles cette idée bifarre.

Cependant

Cependant l'enfant nous fait bien connoître l'effet défavantageux de la manière de l'habiller: car toutes les fois qu'on le déshabille, il montre évidemment le plaifir qu'il a de fe trouver à fon aife, & d'être frotté doucement avec la main. L'art d'habiller, car il faut parler ainfi, eft donc devenu une pratique funefte, & la caufe première de nombre de difformités,& ce qui eft pis encore, d'une mauvaise fanté pendant le refte de la vie.

Après avoir été habillé, & avoir paffé par toutes les petites manceuves auxquelles on l'affujettit, cet enfant s'en trouve fi fatigué, qu'il tombe bientôt dans un profond fommeil.

Je vais traiter actuellement des différens devoirs que la mère doit remplir auprès de fon enfant, jufqu'à ce qu'il arrive à un âge exempt de tous les inconvéniens de l'enfance.

Pour fuivre un tel plan, il faut nous fixer fur un certain nombre d'articles qui, fans paroître très-importans, ne peuvent cependant être ignorés qu'avec le plus grand défavantage. Pour les ranger dans un ordre convenable, je les comprendrai fous les différens points des chofes appellées non natureles; favoir, l'air, le boire & le manger, le fommeil & les veilles, le mouvement & le repos, les rétentions, les excrétions, & les Dd

paffions de l'ame. Avec une attention requise à ces différens (1) articles, on peut prévenir nombre de maux qui arrivent à ce tendre âge.

(1) Il paroît que l'Auteur fuit cette divifion, prife des anciennes théories, plutôt pour reprendre ces articles par ordre, , que pour admettre l'ancienne manière d'enseigner. Je me crois donc dispensé de faire aucune remarque . à ce fujet.

CHAPITRE VI

De l'Air.

J'A1 ́déjà fait fentir, en parlant des maladies

des enfans, de quelle importance l'air étoit pour eux. J'observerai plus en particulier que l'âge, la conftitution, les circonstances de l'enfant, la faifon, la température, font autant d'exceptions qu'il ne faut pas perdre de vue. Car telle im preffion de l'air deviendra très - utile dans un temps, & très-nuifible dans un autre.

En général il faut convenir que la chaleur de l'air eft bonne pour les enfans. Néanmoins on doit les accoutumer peu-à-peu à fupporter l'impreffion d'un air froid: ce qui eft effentiel pour leur fanté. C'eft pourquoi je ne fuis point de l'avis du docteur Armstrong, lorsqu'il pense que les riches perdent mois d'enfans que les pauvres, parce que ceux-là font tenus (1) plus

(1) M. Armftrong s'explique différemment. Il conseille de tenir les enfans chaude ment jufqu'à quatre mois, pour les préferver des rhumes, auxquels ils font plus expofés pendant ce période : il a raison, fans doute. S'il dit que les riches perdent moins d'enfans que les pauvres, il en

chaudement. D'un autre côté, j'approuve trèsfort celui qui a dit que, « élever des enfans » chaudement; c'est remplir un froid cimetière ».

Malgré cela, il faut ici beaucoup de prudence; & rien ne prouve mieux combien il eft befoin que les parens furveillent ceux à qui ils confient leurs enfans. En effet, les nourrices, ou autres femmes, font la plupart fi peu attentives à ne pas les tenir à l'air trop long-tems, qu'ils en ont fréquemment des rhumes, & décident les parens à ne pas les envoyer dehors auffi fouvent qu'il feroit befoin...

Les nourrices & les fervantes font encore une faute de la plus grande conféquence: c'eft de fe tenir débout à un courant d'air avec un enfant dans les bras, ou de s'affeoir avec d'autres domeftiques, laiffant jouer, à certaine diftance d'eux, les enfans qui peuvent déjà courir, fans faire attention s'ils s'affoient fur l'herbe, &c. stasq lupize.

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donne une raifon bien fondée. Ceux-ci habitent le plus fouvent des lieux humides, exposés aux injures de l'air & des faifons, à des vents froids. Leurs enfans font fouvent entaffés les uns fur les autres dans des endroits peu táérésyo mal-fains : de-là réfültent dès maladies qui les en·lèvent Ce font les termes de M. Armstrong, en plufieurs endroits de fon ouvrage." Or, qui ne voit que les riches ne font pas exposés aux mêmes inconvéniens. Le reproche de M. Underwood eft donc mal fondé,

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