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parvenus à quatre ou cinq mois, on peut, furtout s'ils font forts, leur donner un peu de nour riture plus folide, puifqu'ils ont acquis plus de forces pour la digeftion, & font capables d'en extraire un bon fuc nutritif. Ce furcroît n'eft cependant pas néceffaire pour les enfans nourris au fein: au moins pour ceux qui ne l'exigent pas fitôt, le lait du fein étant plus nourriffant que toute autre chose. Je crois que ce qu'on doit d'abord ajouter à l'aliment ordinaire, lorfque cela devient néceffaire, eft du bouillon, dans lequel on aura broyé & délayé un peu un peu de pain, en forme de panade très-légère. Ce changement Tera pour eux utile & falubre, & un préparatif pour en faire d'autres, par la fuite, avec le même avantage. Mais, comme on ne peut guère leur donner ce bouillon plus d'une fois par jour, on leur permettra un peu de pain & de lait, le matin & le foir, felon leurs forces & les circonftances. Je dirai, en paffant, que le jus de mouton, ou de boeuf médiocrement roti & fans graiffe, délayé convenablement dans l'eau, fait un bouillon fort fain & très-naturel, & qu'on ne peut en avoir de plus nourriffant. On peut confulter. le docteur Smith, que j'ai cité.

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Quand l'enfant aura une couple de dents, on qui donnera une croûte de pain pour l'amufer. Outre qu'il en tirera auffi de la nourriture, cela

lui fera utile pour la dentition, & pour faire couler dans l'eftomac une quantité de salive: fecrétion trop précieufe pour être perdue, lorsque les organes de la digeftion ont plus à travailler qu'auparavant. A mefure que l'enfant avance en âge, on ajoutera au bouillon un peu de pain de femoule, ou de riz : on fera bouillir auffi du falep dans le lait, & autres chofes femblables. : Mais nourrir avec du veau, des poulets, ou toute autre viande, un enfant, à qui la nature n'a pas encore donné de dents pour mâcher quelque menue que lui foit préfentée cette nourriture, c'eft s'écarter de la nature: car rien de tout cela ne peut être nourriffant que pour des enfans de la plus forte conftitution, & qui, pour cette raison, demandent moins de choix & de réserve. Primerose avoit dit, avant moi, que les alimens folides ne conviennent pas aux enfans que fi la nature, qui ne fait rien en vain, & n'eft pas en défaut dans les chofes néceffaires, avoit d'abord refufé les dents aux enfans, elle leur avoit donné le lait, qui n'a pas befoin de maftication.

C'est toujours par degré qu'on doit faire paffer les enfans à ces alimens plus folides, qui, à certain période, deviennent en effet auffi nécesair es, que l'étoient de plus légers aux premiers tems de la nutrition. On voit des parens donner

dans un excès contraire, & tenir trop longtems les enfans à des alimens fluides, & à une diète trop mince. Delà ces enfans ont le ventre très-volumineux de groffes articulations : les

os de leurs extrémités font foibles pour les

trop foibles

foutenir dans un âge où ils ont besoin d'un plus grand exercice que celui que les nourrices peuvent leur donner.

Dès que les enfans vont feuls, il faut leur donner quelques viandes légères, certains végétaux, une fois par jour, de légers potages, ou du blanc manger, de petits pains au lait & autres femblables préparations comestibles qui fe font avec du lait; mais fans oublier une goutte de vin rouge, dont nombre d'enfans fe trouvent bien. Non-feulement il favorife la digeftion, il prévient encore la difpofition aux vers, fortifie. la conftitution, et garantit les enfans de tendre' au rachitis, au moins à certain point, au période dans lequel ils y font plus difpofés.

Mais d'un autre côté, il y a tant d'enfans facrifiés à l'ufage des nourritures indigeftes, foit par des vomiffemens, foit par des cours de ventre, foit par des fpafmes ou des convulfions, que quiconque veut leur faire parcourir, fans risque, les divers périodes de l'enfance, doit apporter, dans ce tems-là, une attention très-fcrupuleufe à leur manière de vivre.

Voici,en paffant,des calculs capables d'effrayer les gens les moins attentifs. Nous voyons, dans une des lettres qui compofent l'ouvrage du docteur Smith, qu'il eft mort en dix ans, dans Londres & les environs, feize mille deux cent quatre-vingt-trois enfans. De ce nombre, dix mille cent quarante-cinq font morts au-deffous de cinq ans ; & parmi ceux-ci, fept mille neuf cent quatre-vingt-dix-fept au-deffous de deux ans. De forte que, felon ce calcul incontestable prefque les deux tiers des enfans de Londres & des environs font perdus pour la fociété ; & qu'il en meurt plus des trois quarts au-deffous de deux. ans. Peut-on prouver plus évidemment combien de danger il y a dans le période de l'enfance? Je fuis perfuadé de cette vérité avec le plus grand regret mais le défaut d'air pur & d'exer: cice, la diète mal réglée font encore néceffairement de nouvelles caufes de danger.

CHAPITRE VIII.

Diète appropriée aux différentes maladies des
Enfans.

LE fujet me conduit naturellement à jetter

fur le papier quelques réflexions concernant la diète (1) la plus convenable aux différentes maladies qui font plus particulières aux enfans. Je crois même que cet article eft de la plus grande importance. Après les avis que j'ai donnés dans la première partie de cet ouvrage, il eft bon d'obferver, en faveur de ceux qui ne font pas verfés dans la connoiffances des maladies, que dès qu'un enfant eft dérangé, il lui faut la diète la plus légère, quelle que foit la nature de fa maladie. Si elle eft accompagnée de fièvre, l'enfant doit encore être moins nourri qu'en tout autre cas, mais abreuvé de beaucoup de boisson. Cependant il faut que ces boiffons foient combinées de manière à lui fournir autant de nourriture qu'il en a besoin. Dans l'été, on pourra

(1) On verra, avec utilité, comment M. Baldini a fait différentes applications du lait, dans les maladies de cet âge. Voyez fa brochure fur la Lactation, chez Buiffon, à Paris.

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