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prétexte affez ordinaire pour furcharger un enfant de nourritures indigeftes pendant qu'il tette encore. J'ai vu auffi nombre de mères s'inquiéter on ne peut davantage, dans la crainte que leur enfant ne fût fevré qu'avec difficulté,parce qu'elles ne leur avoient donné aucun autre aliment avant huit ou dix mois. Mais, comme j'ai remarqué que ces enfans, une fois sevrés, prennent auffi-bien les alimens que d'autres, je n'ai jamais eu de crainte à leur fujet. Je me féliciterai donc, fi je puis, d'après mon expérience, de donner quelques motifs de tranquillité aux parens à cet égard.

Néanmoins je ne prétends pas qu'un enfant âgé de huit ou dix mois, que l'on veut fevrer' ne foit exposé à des inconvéniens, ou même ne fe trouve pas bien de quelque aliment léger, une ou deux fois par jour, avant d'être totalement privé du sein. Mais je foutiens que quand on fèvre des enfans beaucoup plutôt, & qu'on leur a donné, pour ces vues, des alimens autres que le lait du fein, ils en éprouvent un très grand dommage.

Lorfqu'une fois on eft venu au fevrage, le lait ne doit pas moins faire la plus grande partie de la nourriture de l'enfant. Ou y joindra des potages, des bouillons, mais très-peu de viande. Jamais on ne lui donnera d'aliment ni de boiffon pendant la nuit, dès qu'on l'a fevré à tems con

venable. Si on lui donnoit feulement pendant quelques nuits, on auroit deux fevrages à faire au lieu d'un ; & fi l'on continuoit plus longtems, le repos en feroit néceffairement troublé, parce que l'enfant prendroit l'habitude de boire. D'ailleurs, il en résulteroit de fâcheufes conféquences: comme la groffeur démefurée du ventre, la foibleffe des inteftins, un affoibliffement général, le relâchement des jointures, & tous les symptomes du rachitis.

La dernière chofe que doit faire une nourrice avant de fe coucher, c'eft d'alimenter l'enfant : ce qui peut même fe faire (1) fans l'éveiller.

(1) L'auteur prend cet avis dans M. Armstrong: mais je ne faurois m'y rendre, & je pense comme M. Hamilton, Un enfant qui prend ainfi fon aliment peut ne pas avaler tout. Ce qu'il garde dans la bouche doit donc s'aigrir, se corrompre; delà des puftules, des phlogoses, & même des aphtes mais il peut arriver un plus grand mal. Le fommeil produit un relâchement univerfel dans tous les organes une partie de cet aliment refté dans la bouche peut donc couler à l'ouverture de la tranchée, y entrer même, & fuffoquer l'enfant ce qui eft arrivé. J'en dis autant de l'abus d'endormir un enfant avec le tetton dans la bouche, pour s'en débarraffer plus facilement. Cet abus énorme n'eft malheureufement que trop général. Eveillez donc l'enfant pour l'alimenter, s'il en a befoin. Après avoir bu ou mangé, il fe rendormira: il ne faut que deux ou trois jours pour l'habituer à cela.

C'est une occupation agréable pour elle, mais fur-tout pour une mère, que de voir avec quel appétit il prend ce repas, étant encore endormi, & avec quel contentement il s'endort pour plufieurs heures, reftauré par cet aliment. Ceci me conduit donc naturellement à l'article fuivant.

CHAPITRE X.

Du Sommeil & des Veilles.

Les enfans bien portans dorment fouvent pendant les deux ou trois premiers jours après leur naiffance; probablement parce qu'ils y ont été accoutumés d'avance. Mais on ne doit pas fouffrir qu'ils en continuent l'habitude pendant le jour, & on interrompra leur fommeil. Peu-àpeu ils fe feront à moins dormir,& n'y paroîtront pas fi difpofés qu'on veut bien le croire. Par ce moyen, ils repoferont davantage la nuit. Les nourrices ou les mères s'en trouveront aussi beaucoup mieux, ayant le tems de reposer, & de prendre un fommeil d'autant plus rafraîchiffant, qu'il fera moins interrompu.

Si donc un enfant ne dormoit pas la nuit, on le tiendra (1) éveillé de jour, en lui donnant tout l'exercice dont il eft fufceptible. Or, cet exercice peut être affez confidérable, comme je le dirai bientôt, quelque jeune que foit l'enfant. On le lui donnera, en jouant avec lui, en l'agitant

(1) La plupart de ces réflexions font celles de M. Armstrong.

fur les genoux, &c. Quand il eft plus âgé, on augmente l'exercice felon fes forces: l'enfant contractera bientôt l'habitude d'être éveillé de jour. Par ce moyen on évitera un autre inconvénient; favoir, de laiffer dormir quatre heures de fuite cet enfant chargé de vêtemens épais, &, en outre, de couvertures dans un lit mollet, ou un berceau.

Quoique je fois perfuadé de l'utilité de ces précautions, je n'en crois pas moins que nombre d'enfans reposent moins qu'ils devroient le faire ; mais ce manque de repos eft fut-tout pour la nuit, & la conféquence de quelque maladie qu'ils ont. Comme j'ai affez parlé fur cet inconvénient dans la première partie de ce Traité, j'y renvoie le lecteur.

Il me refte uniquement à dire quelque chofe au fujet du (1) berceau, dont plufieurs Ecrivains

(1) Je vois tous les gens éclairés fe déclarer contre l'ufage du mouvement de ce berceau. M. Hamilton préfère un lit où l'enfant foit feul, & où il ne puiffe fe heurter. On aura foin que ce lit ne foit ni près d'un four dans les campagnes, ni de la cheminée, ni d'une fenêtre, ni entre deux portes, ou dans un endroit humide: car il eft des gens à qui il faut tout dire. Rofeen & M. Armftrong n'approuvent pas le berceau. Si l'on tient un enfant dans ces paniers que l'on appelle Barcelonettes, il faut prendre garde que le fond n'en devienne humide par les urines. Je fais cette réflexion

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