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membres y eft intéreffée : & je défie qu'on puiffe produire un feul exemple d'un enfant qui ait eu les jambes courbées, de ce qu'on lui a laiffé la liberté de marcher, lorfqu'il s'eft fenti disposé à l'effayer.

C'est encore un abus général que de vouloir faire marcher les enfans trop tôt, en les foutenant avec des bandes, des lifières, ou en les mettant dans des charriots roulans où ils font attachés, &c. & cela pour épargner du tems à des nourrices, ou à des femmes deftinées à les foigner, & qui ne font déjà que trop oifive; ou, ce qui eft réellement digne de pitié, pour laiffer, dit-on, à de pauvres ouvriers le tems de s'occuper des ouvrages auxquels ils gagnent leur vie. Mais, en fuppofant ce cas-ci excufable dans le principe, comme il ne peut l'être dans les conféquences, j'ofe affurer que ces inventions ne font que le fruit de la pareffe ou de l'ignorance, qui font, dans ces cas-ci, la caufe des plus grands maux. Si donc, pour fe juftifier,on fait encore cette demande : A quel âge un enfant doit être mis fur fes pieds? Je crois n'y devoir d'autre réponse que ce que j'ai dit. « Aban» donnez l'enfant à lui-même, & il vous donnera « la réponse quand il fera tems ».

Le docteur Smith a cependant avancé que les jambes des enfans ne fe courbent point, lorsqu'on

les fait marcher même de trop bonne heure; & il demande fi aucun autre animal a les pattes courbées contre nature, quoiqu'il marche prefque auffi-tôt qu'il eft né? Le cas eft bien différent. Les quadrupèdes & les oiseaux doivent être naturellement bientôt fur leurs pattes: il faut même qu'il en foit ainfi. Organisés pour cet effet, leurs os font fortement offifiés à leur naiffance: mais il n'en eft pas de même de l'espèce humaine. Ainfi, le raisonnement de M. Smith n'eft applicable ici, que dans le fens le plus général, & admet toutes les exceptions qu'exigent les circonstances d'un enfant du premier âge. Qu'on laiffe un enfant fentir lui-même où il peut aller, jamais il ne nous abufera, & fes membres ne fe déformeront pas, fi ce n'eft en les forçant dans nos machines, ou par nos prétendus adminicules, qui ne font tout au plus excufables que dans l'indigence & la mifere.

J'ai vu, avec le plus grand plaifir, les réflexions que le docteur Buchan fait au fujet du manque d'exercice convenable que les pauvres ne peuvent donner à leurs enfans. Le bon fens, l'amour de Phumanité qui s'y manifefte, le defir que j'ai d'en faire connoître les grands avantages me ferviront d'excuse fi je les tranfcris ici, étant furtout fi conformes à mes vues. Quoique je n'ofe me flatter que le Gouvernement, quelque bien

dispofé qu il foit, voudra ou pourra même, dans ce moment-ci, adopter ce plan, foit à la recommandation de M. Buchan, foit à la mienne. II eft cependant au pouvoir des gens très-riches de la ville & de la campagne de contribuer puiffamment à ce qu'il foit réalifé, fur-tout fi le prix propofé étoit double pour chaque enfant qu'on produiroit en bonne fanté. Voici les termes du docteur.

« Si l'on intéreffoit les pauvres à foigner la » vie de leurs enfans, nous en perdrions peu. » Un prix peu confidérable, donné tous les ans >> aux pauvres familles, à raifon de chaque enfant » qui y feroit vivant à la fin de l'année, fauveroit « plus d'enfans que fi l'on employoit tous les » revenus de la Couronne à établir des hôpitaux » pour ces vues. Le pauvre feroit cas de fa fé<< condité, au lieu que nombre de ces individus » regardent la naiffance d'un enfant comme le » plus grand mal qui puiffe leur arriver ». Je puis ajouter que j'ai vu des pauvres fe confoler, avec reconnoiffance & fatisfaction, de la mort de leurs enfans.

Si je ne m'étois pas fi fort étendu fur cet article, j'oferois rifquer quelques avis fur la manière dont les exercices deviennent fi avantageux aux enfans.

J'observerai feulement qu'il tend à pouffer le

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fang dans les plus petits vaiffeaux, & à les développer comme la nature a déterminé leur extenfion, afin de favorifer l'accroiffement de l'enfant en même tems il maintient le fang dans fon état de fluidité, tient les fecrétions & les excrétions dans l'ordre, les follicite, & empêche la ftagnation des humeurs.

alimens

CHAPITRE XII.

Rétentions, Excrétion.

TOUT OUT lecteur inftruit conçoit combien la fanté dépend d'une jufte proportion entre les que le corps prend de jour & les différentes excrétions. Ces excrétions varient felon la diète , l'âge & la manière de vivre particulière de chaque individu : mais les excrétions des enfans, fi l'on excepte la transpiration infenfible, fe font principalement par les inteftins & la veffie. Cette dernière n'eft pas fouvent dans le cas d'être affectée de quelque trouble. Il me fuffit donc de dire que la principale rétention d'urine fe manifefte auffi-tôt que l'enfant eft né, & qu'on la fait ordinairement ceffer en appliquant une veffie pleine d'eau chaude fur le ventre, & en le frottant doucement avec un peu d'eau-de-vie ou un oignon. Si cela ne réuffit pas, on peut mettre l'enfant jufqu'à la poitrine dans l'eau modérément chaude, & lui faire prendre une infufion de guimauve ou de perfil, édulcorée avec du miel, & quelques gouttes d'efprit de vitriol dulcifié. S'il n'y a pas de vice de conformation à cette partie, ces remèdes produiront l'effet

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