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CHAPITRE VIII.

UNE

Des Aphies.

NE erreur vulgaire chez nous eft que les aphtes font une maladie bénigne, qu'on doit même defirer pour les enfans pendant leur premier mois: car, dit-on, s'ils n'en ont pas à cet âge, ils en auront plus tard dans un tems (1) où elles leur feront très-fâcheufes, fi même elles ne les emportent pas. D'après ce préjugé on les néglige à leur première apparence, on laiffe accroître par-là les (2) acides dans les premières voies : ce qui augmente néceffairement le mal.

Quoiqu'il en foit de cette erreur commune, les aphtes font une maladie auffi réelle qu'aucune autre qui paroiffe dans le premier mois; elles font liées avec les maladies dont j'ai parlé jufqu'ici. En y faisant attention, il eft poffible de les prévenir.

Cette maladie eft fi connue, qu'il eft inutile,

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(1) C'eft un préjugé qui n'eft digne que de mépris,

fans doute.

(2) C'est plutôt alors une putridité alkaline ou analogue.

je crois, de la (1) décrire. Les aphtes fe manifeftent d'abord aux coins des levres; enfuite à

(1) Mais il eft bon d'en connoître les différentes espèces, au moins felon la différence du local. Hippocrate a fait mention d'aphtes dans la bouche, dans la gorge, la trachée, fans parler ici de celles qu'il nomme à la partie externe du fexe. Arétée, qui les a décrites en grand maître, comme toutes les maladies dont il parle, Part. 1, chap. 9., P. 9. Edit. grec. de Turnèbe, & qui en a donné le traitement le plus réfléchi, les diftingue en bénignes ordinaires & en peftilentielles. I obferve que les aphtes commencent quelquefois dans le bas-ventre, pour le porter par l'eftomac, la poitrine, l'oefophage, à l'entrée de la gorge. Rofeen qui lui doit, fans doute, cette remarque importante, dit que, lorfqu'elles fuivent cette marche, & prennent une apparence de lard, ce font les plus funeftes, p. 46. Celfe, qui en donne la méthode curative, Liv. 6 Chap. 11, prefque totalement d'après Arétée, Part. 9. chap. 9, ne voit pas moins de danger dans ces aphtes. Je dis d'après Arétée, & cette remarque, me paroît d'autant plus importante que le Médecin grec, dit-on, ne paroît pas cité dans les anciens qui l'ont fuivi mais peut-on méconnoître, dans Celfe, cès expreffions d'Arétée : φαρμάκοισι δὲ πυρὶ ἱκέλοισι χρέεσθαι, adhibenda funt ea quæ,adurendo, cruftas ulceribus inducant, dit Celfe; non le feu, dit Arétée, mais des médicamens qui en produisent l'effet. Celle ne veut pas qu'on follicite l'épanchement de la matière morbifique, ibid. Arétée défend auffi de la faire fortir par force, parce que les ulcères, devenus plus humides, gagnent davantage. Si l'on compare les deux chapitres bien attentivement, on verra que la feule diffé

la langue, aux joues intérieurement, en forme de petites taches blanches. Leur nombre &

rence qui s'y trouve, ne vient que de ce que Celle s'eft borné aux aphtes de l'enfance, tandis qu'Arétée traite la maladie dans des rapports plus généraux. Cette analogie m'a frappé il y a déja long-temps. Je fais qu'un homme très-médiocre, de nos jours, prétend que Celfe eft un nom chimérique en Médecine, & que l'ouvrage que nous avons fous ce nom est très-moderne: que Cocchi s'est fait illufion avec les manufcrits de Florence. Il n'y a qu'à méprifer une pareille rêverie: elle eft digne de celui qui l'a faite. Galien & d'autres ont auffi répété ce qu'Arétée avoit dit de la guérison de la lèpre, par le hafard d'une vipère noyée dans le vin. Voyez Schilling. de Leprá.

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Mais revenons aux aphtes. Après avoir indiqué Arétée & Celle fon copifte, je dirai que Galien reconnoît auffi des aphtes de mauvais caractère. Paul d'Egine regarde, avec tous les autres Médecins, la couleur noire de ces ulcères comme un très-mauvais figne. M. Armstrong dit qu'il n'a jamais eu occafion de voir cette efpèce d'aphte, « à moins, dit-il, qu'on ne prenne, pour ces aphtes, une "efcarre noire fur la langue, fur- tout à fa racine, telle que je l'ai obfervée chez un enfant de quatre ans, qui mourut » d'une fièvre putride. Ce feroit alors l'enfant le plus jeune qui m'en auroit prefenté un exemple. Comme j'ai » été long-temps occupé parmi les enfans, fans pouvoir » obferver ces aphtes, je conclus que ce doit être une » affection morbifique très-rare » P. 22.

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Dans le deffein de prévenir les effets des matières ftagnantes & corrompues de l'eftomac, les felles aigres, grumelées, glaireufes, aqueules, avec des tranchées,

&

leur dimenfion venant à augmenter, elles paroiffent plus ou moins confluentes, felon le degré

enfin, les convulfions, M. Armstrong adminiftre le vin antimonié, fi l'enfant n'eft pas refferré: s'il l'eft, il le fait précéder d'un lavement, ou de deux ou trois grains de jalap en poudre, broyé avec quatre ou fix grains de fucre fin. «Par cette méthode, dit-il, je débarraffe l'eftomac, "les inteftins, des matières acrimonieufes; la fièvre tombe; » & j'ai rarement été trompé dans mon efpoir en fuivant » cette méthode: on réitérera ce vomitif felon les forces, » l'âge du malade & le befoin ». p. 24.

Au refle, la defcription des fymptomes, le traitement tant externe qu'interne de M. Underwood, reviennent àpeu-près à celui de M. Armfrong. M. Underwood dit que le vin antimonié, préconisé en Anglererre, comme fpécifique pour cette maladie, ne lui a pas paru tel. Mais pourquoi d'autres Médecins que M. Armstrong, l'ont-ils trouvé avantageux ? Celui-ci convient, avec candeur, que ce médicament n'a quelquefois pas rempli fes vues, dans des circonfiances particulières, comme tous les autres m médicamens échouent avec l'homme le plus expérimenté. Ce font ces cas dans lesquels Hippocrate dit : « qu'il faut favoir faire » le lendemain le contraire de la veille ». M. Underwood ne peut pas ignorer que ce n'eft ni par la nature même du médicament, ni par le poids, ni par le nombre, qu'on doit en estimer l'effet. Comment donc ? Hippocrate répond, modum nullum invenias quam corporis fenfum, Maxime digne d'un fi grand maître. De Prifc. Medic. Non ce n'eft que par la fenfation du corps; & jamais un Médecin ne devroit perdre de vue ce paffage.

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de leur malignité. Il en résulte alors une croûte mince, blanche, qui à la fin tapiffe tout l'intérieur de la bouche, depuis les lèvres jusqu'au gofier, & fe porte même, dit-on, jusques dans l'eftomac le long du canal intestinal, produisant même de la rougeur à l'anus. Si la croûte tombe, elle eft bientôt remplacée par une autre, qui eft d'ordinaire de couleur plus fombre que la première; mais ceci n'eft vrai que dans les aphtes du plus mauvais caractère.

Il en est d'une autre espèce plus traitable, qui fe répand avec très-peu d'épaiffeur fur les lèvres & la langue, revient plufieurs fois, & dure toujours quelques femaines. J'ai eu occafion d'obferver fi fouvent ce cas, que, quand je vois un enfant en être attaqué de cette manière, & qu'elles n'augmentent pas au bout de deux ou trois jours, j'ofe affurer que cela durera long-tems, mais fans aucun danger. Cependant il faut prendre garde que l'enfant ne foit expofé au froid.

On dit communément que la fièvre accompagne toujours les aphtes; mais cela n'eft pas (1) ordinaire; quoique la bouche foit fouvent ardente, au point même d'écorcher les mamelons des nourrices, & que l'enfant ne femble prendre le

() Au premier période: mais elle eft fort fréquente au lecond.

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